lundi 29 avril 2013

Un petit mystère

Voici ce qui m'est arrivé l'autre jour : j'ai reçu un e-mail d'une boite américaine de vente de produits pour cycles que je ne connaissais absolument pas, m'avisant que "ma commande était partie" et me signalant qu'elle allait m'être livrée dans les meilleurs délais... à une adresse au Brésil.

Surpris, je suis aussitôt allé sur le site de cette entreprise et je me suis loggé avec mon adresse e-mail, puis j'ai réclamé mon mot de passe -- j'ai dit l'avoir oublié pour l'occasion. Muni de mon mot de passe j'ai découvert qu'une personne au Brésil avait utilisé mon adresse e-mail pour commander un dérailleur à ce vendeur américain. Heureusement le prix de ce dérailleur n'avait pas été débité sur ma carte bancaire. L'imposteur avait seulement utilisé mon adresse e-mail.

J'a changé le mot de passe afin que l'imposteur ne puisse plus utiliser le compte qu'il avait ouvert. Je me demande encore pourquoi ce type au Brésil a uitilisé mon adresse e-mail au lieu de la sienne pour commander son dérailleur et aussi où il l'a trouvé. J'ai quelques visiteurs réguliers en provenance du Brésil sur ce blog, est-ce que ça ne serait pas l'un d'entre eux?

L'imposteur n'a rien commis d'illégal mais, en plus de m'avoir fait perdre mon temps il m'a un peu effrayé car pendant quelques instants je me suis demandé si cette machination n'était pas plus grave.

Naïvement je ne m'étais jamais rendu compte que tout le monde pouvaitt utiliser n'importe quelle adresse e-mail pour s'inscrire sur un site qui ne demande pas de confirmation d'inscription.

Les bonnes blagues de Barack

Hier soir comme chaque année avait lieu le Dîner de l'Association des Correspondants à la Maison Blanche. Il est d'usage à cette réception que le Président fasse un discours composé essentiellement de plaisanteries (concoctées par une plume spécialisée, en l'occurrence le scénariste du Daily Show, Kevin Bleyer) pour se moquer de lui-même et de ses invités.

Voici quelques une des meilleures blagues sorties par M. Obama hier soir, avec quelques explications pour mes lecteurs français.

I know Republicans are still sorting out what happened in 2012, but one thing they all agree on is they need to do a better job reaching out to minorities.  And look, call me self-centered, but I can think of one minority they could start with.  Hello?

La minorité en question est bien sûr la minorité afro-américaine dont le président fait partie.

These days, I look in the mirror, and I have to admit, I’m not the strapping young Muslim socialist that I used to be.

Allusion aux critiques outrancières du Tea Party.

Maureen Dowd said I could solve all my problems if I were just more like Michael Douglas in The American President. And I know Michael is here tonight. Michael, what’s your secret, man?  Could it be that you were an actor in an Aaron Sorkin liberal fantasy?

Maureen Dowd est une célèbre éditorialiste du New York Times. Aaron Sorkin est le producteur et scénariste de la série "The West Wing" qui raconte les tribulations d'un président Démocrate fictif et de son équipe.

Did you know that Sheldon Adelson spent $100 million of his own money last year on negative ads? You’ve got to really dislike me to spend that kind of money… Sheldon would have been better off offering me $100 million to drop out of the race. I probably wouldn’t have taken it, but I'd have thought about it. Michelle would have taken it.

Sheldon Adelson est un magnat des casinos dont le SuperPAC (groupe d'influence électoral) a soutenu la campagne de Mitt Romney.

Some folks still don’t think I spend enough time with Congress.  ‘Why don’t you get a drink with Mitch McConnell?’ they ask.  Really?  Why you don’t get a drink with Mitch McConnell?

Mitch McConnell est le leader de la minorité Républicaine au Sénat des États-Unis et il n'a pas la réputation d'être un joyeux drille.

I know CNN has taken some knocks lately, but the fact is I admire their commitment to cover all sides of a story, just in case one of them happens to be accurate.

Une pique contre CNN qui s'est illustré par sa couverture fantaisiste de la chasse à l'homme de Boston, la semaine dernière, annonçant en particulier que la police avait arrété le meurtrier alors qu'il n'en était rien.

I am not giving up.  In fact, I'm taking my charm offensive on the road — a Texas barbeque with Ted Cruz, a Kentucky bluegrass concert with Rand Paul, and a book-burning with Michele Bachmann. 

Ted Cruz et Rand Paul sont des opposants politiques radicaux, Michele Bachmann est une députée Républicaine de Minnesota, extrêmement réac et complêtement cinglée. Une Christine Boutin américaine, en pire.

I'm also hard at work on plans for the Obama Library.  And some have suggested that we put it in my birthplace, but I'd rather keep it in the United States.

Did anybody not see that joke coming?  Show of hands.  Only Gallup?  Maybe Dick Morris? 

Allusion fine à la polémique entourant l'acte de naissance de M. Obama et pique à l'intention de l'institut de sondage Gallup et du commentateur Républicain Dick Morris qui avaient prédit une large victoire à Mitt Romney en novembre 2012.

dimanche 28 avril 2013

Facebook vs. Twitter

En gros Facebook est plein de gens que je connais personnellement ou bien des membres de ma famille et quand ils écrivent des choses qui m'agacent ou quand ils écrivent des choses qui m’indiffèrent ou bien quand ils "aiment" des statuts qui m’énervent je ne peux pas les virer (ou les "défriender") de peur de me brouiller avec eux pour un mouvement d'humeur, je suis donc plus ou moins obligé de les supporter. Parallèlement sur Twitter je ne connais personne personnellement et je ne suis que les gens qui écrivent des choses qui m'intéressent ou qui m'amusent. Vous devinez aisément quel réseau social je préfère.

Disproportions

Ils auraient pu faire beaucoup plus de victimes avec des fusils d'assaut qu'avec des bombes artisanales. En revanche ils n'auraient pas été accusé d'utilisation d'armes de destruction massives, une ville entière et sa banlieue n'aurait pas été mise sous couvre-feu toute une journée et les parlementaires n'auraient pas remis en cause les lois sur l'immigration. Par contre la loi sur le contrôle de la vente des armes à feu en vote quelques jours après au Sénat, serait probablement passée, alors qu'elle a lamentablement échouée.

Set off in a public space a couple of crude, homemade bombs that you appear to have made using a recipe on the Web, and the state will make you Public Enemy Number One. To insure that you are caught and punished, there are virtually no lengths to which the authorities won’t go. They’ll assemble a multi-agency task force overnight, calling on some of the enormous investments in hardware, intelligence, and manpower that have been made since 9/11. They’ll haul in anybody who might be remotely connected to the crime scene, and, if necessary, shut down an entire city. Once you’re caught, they’ll interview you in your hospital bed without reading you your legal rights and then charge you with using W.M.D.s. If you weren’t born in this country, there will even be talk about changing the immigration laws.

If you systematically shoot a classroom full of defenseless six-year-olds and blow off your own head, things proceed rather differently. To be sure, you, or your memory, will be hated and vilified. But the political system, in hock to the N.R.A., will classify you as a nut whose deadly actions have few or no policy implications. (With the demise of the gun-control legislation, that’s what it did with Adam Lanza.) Life and politics will go on as normal. The President will probably visit the scene of your outrage and say consoling things to the families of your victims. He’ll mean what he says, but he won’t be able to do much about it, and nobody will ask why the F.B.I. or the C.I.A. didn’t realize you were such a menace to society and lock you up preëmptively. Crazed shooters, after all, are something we’ve grown used to.

Because we have become inured to deaths from shootings, and because of the association of guns and liberty in the minds of many Americans—an association assiduously promoted by the gun lobby—the political system no longer responds to gun deaths. Terrorist acts, on the other hand, even ones masterminded by Mutt and Jeff from Cambridge rather than Osama and K.S.M. from Tora Bora, still have the power to spook the nation and swing the entire U.S. government into action.

[What if the Tsarnaevs Had Been the "Boston Shooters"? : The New Yorker]

samedi 27 avril 2013

La dernière cavale de meurtriers amateurs

The Boston Bombing Suspects' Final Day On The Run: A Reconstruction

Cet article fait le point sur les tribulations des frères Tsarnaev vendredi dernier dans la banlieue de Boston. On y apprends en particulier que:

  • Les frères Tsarnaev ont froidement éxecuté le policier Collier (de la police du MIT), alors qu'il était assis dans sa voiture de patrouille, une demie-heure avant la fin de son service, pour lui voler son arme. Ce qu'ils n'ont finalement pas réussi à faire.
  • Ils n'avaient donc qu'une arme, un pistolet, dont se servait Tamerlan Tsarnaev.
  • Ils ont sillonnés la banlieue de Boston avec une voiture volée dont ils avaient pris le conducteur en otage, pour retirer de l'argent à un distributeur avec la CB de l'otage, faire le plein de la voiture volée, et transférer des grenades et une bombe artisanale de leur voiture vers la voiture volée. Ils semblent avoir voulu se rendre à New York. 
  • L'otage a réussi a s'échapper et a donné l'alerte.
  • Les deux frères sont retournés à leur première voiture pour retransférer les explosifs de la voiture volée vers celle-ci. C'est là que les flics leur sont tombés dessus.
  • La fussillade qui a suivi a fait un blessé chez les flics et Tamerlan a été touché. Son frère Dhzokhar en s'enfuyant au volant de la voiture volée lui a roulé dessus et l'a traîné sur une certaine distance. Seul Tamerlan était armé a a tiré sur les policiers.
  • Dzhokhar a laissé la voiture volée peu après et s'est enfui à pieds pour se cacher dans un bateau qui se trouvait au sec, dans un jardin, toute la journée.
  • Quand le couvre-feu a été levé le propiétaire du bateau est sorti de chez lui pour aller en griller une à l'air libre et s'est rendu compte qu'il y avait quelqu'un caché dans son bateau.
  • Dzhokhar Tsarnaev n'était pas armé, la fusillade qui a eu lieu au moment de sa découverte a été le fait des flics et uniquement d'eux. Ils devaient être sacrément nerveux après une journée sous tension.

Tout cela me laisse penser que les frangins Tsarnaev devaient être assez stupides, non? Ce qui ne donne pas une très bonne image non plus des forces de police (Watertown, Boston, FBI, ATF, etc.) à leurs trousses.

mercredi 24 avril 2013

Back to the basis

En relisant les dernières entrées de ce blog, je me rends compte que depuis deux ou trois mois j'ai beaucoup trop parlé du "mariage pour tous", de l'UMP et des petits factieux de ce parti. Cela me surprend moi-même, n'étant guère interessé d'habitude par la politique française. Et je me suis retrouvé à défendre avec vivacité le mariage gay alors même que je ne suis pas gay, qu'au début de cette polémique je n'étais pas franchement pour (pour tout dire je n'en fichais un peu) et que de toutes façons je suis très loin de considérer le mariage comme une institution essentielle. Ce qui m'intéresse et que j'aime dans la vie et qui devrait figurer en priorité dans ce blog s'il est destiné à me ressembler : la curiosité, la sérendipité, l'Amérique, l'Internet, l'aviation, est passé au second plan pour laisser place à nos querelles nationales qui sentent le moisi. Il faut que je me reprenne et que je revienne à ce qui me plaît vraiment. 

Rives (2)

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Rives de l'Erdre, Nantes le 14 avril 2013.

"Non violente", la Manif pour Tous?

[…]Il est clair que l'homosexualité n'est pas acceptée comme normale par une grande partie de la population, en particulier catholique, et que cela joue de manière décisive dans la perception des enjeux autour du mariage pour les personnes de même sexe (et surtout que des personnes en souffrent quotidiennement, et j'en connais). On peut critiquer l'étymologie du mot et les connotations qui y sont associées, mais pas l'amputer de la moitié de sa signification, celle "structurelle", alors qu'elle est clairement en jeu: il y a de manière évidente une lutte politique et culturelle pour déterminer si l'"institutionnalisation" de l'homosexualité est une détérioration ou une avancée sociale. On peut trouver le terme "homophobe" mal choisi mais pas nier que ce débat autour du mariage pour tous tire son intensité et sa virulence de la rencontre de regards différents sur ce que sont le désir et l'union homosexuels, en eux-mêmes et par rapport à leurs équivalents hétérosexuels.

Et ce qui représente pour moi la grande violence de la Manif pour Tous, c'est précisément de chercher à le dissimuler ou le minimiser par tous les moyens. En soulignant que ce n'est pas un problème urgent, elle nie la souffrance des homosexuels qui voit leur union reléguée au rang de sous-relations. En donnant la parole, exclusivement, aux quelques homosexuels opposés au projet de loi, pour donner l'impression qu'elle défend une meilleure intégration des gays. En se prétendant "contre l'homophobie", alors qu'elle cautionne cette violence symbolique qui valide une représentation de l'homosexualité comme "différente" et moins"naturelle" et qu'elle ne fait rien de concret pour battre en brèche les préjudices vécus au jour le jour par la plupart des homosexuels. En prétendant que la contestation d'un projet de loi qui s'intitule "mariage pour les personnes de même sexe" n'a rien à voir avec l'union des personnes de même sexe. En infantilisant les motifs de leur revendications en les présentant comme peu sérieux: par la condamnation d'un "droit à l'enfant" que personne à ma connaissance n'a soutenu, en les accusant de "réduire" le mariage à l'amour. En leur tendant un "contrat d'union civile élargie" comme on donne un jouet à un enfant pour qu'il arrête de pleurer, comme si une union distincte du mariage pouvait satisfaire cette attente fondamentale qui est d'être perçu "comme tout le monde" et de se voir reconnaitre les mêmes droits que "tout le monde". En se plaignant, lorsque des homosexuels se laissent aller à la colère et la mettent en cause, d'être en butte à la "haine" LGBT, elle leur nie le droit d'exprimer leur révolte face à un mouvement qui nie le caractère naturel de leur relation, et de leur orientation sexuelle, qui accuse implicitement les couples homoparentaux qui existent déjà de fait de faire souffrir leurs enfants. Enfin, en niant que les homosexuels soient à l'origine de leur propre parole, de leur propre demande, en attribuant à celle-ci des commenditaires et des mobiles sombres et mystérieux: un "lobby minoritaire" (je ne dis pas qu'il n'y a pas lobby LGBT ni de radicalisation politique de certains homosexuels, mais pour en connaitre d'autres non politisés, je peux témoigner que c'est une revendication très largement partagée au delà), la "théorie du genre", la destruction des valeurs judéo-chrétiennes de notre société...

[Aigreurs administratives: "Non violente", la Manif pour Tous?]

/ slash

Amusant : cet article nous explique que le signe de ponctuation "/ " est de plus en plus souvent remplacé en Américain écrit courant par le mot "slash". Par exemple (donné dans le texte) :

3. … culminating in Friday’s shootout-slash-car-chase-slash-manhunt-slash-media-circus around the apprehension of the bombing suspect.

Le signe "/ " transformé en mot, est utilisé pour "or" et "and" à la fois, comme si on voulait remplacer l'expression "and/or" (en Français "et/ou") par le mot "slash", ou plus exactement par la vocalisation du signe "/ ".

Question : comment va-t-on traduire cela en Français?

lundi 22 avril 2013

Encore un petit coup contre les réac' et après c'est fini!

Ces gens qui sont contre le mariage gay et qui sont offensés d'être traités de réactionnaires et d'homophobes. Pourtant ils le sont, inconsciemment peut-être, mais ils le sont. Même ceux qui disent qu'ils n'ont rien contre les gays, il est évident que ça les dégoutte ou qu'ils en ont peur. Ils disent  qu'ils refusent le "mariage pour tous", non en raison d'une quelconque homophobie mais par crainte d'une "dérive pour les enfants". C'est cette crainte même qui est homophobe. Quelle crainte avoir? Aucune étude n'a montré que les enfants souffraient d'avoir deux parents de même sexe, les enfants de couples de même sexe sont les mêmes que les autres, ni plus ni moins. Les parents de sexes différents élèvent-ils mieux leurs enfants que les couples homosexuels? Rien ne le démontre. Penser que les couples homosexuels sont moins légitimes que les autres à élever les enfants et pire, penser qu'ils sont dangereux pour les enfants, ça c'est de l'homophobie, pure et simple. Et réactionnaires ils le sont aussi. Être réactionnaire c'est rejeter un présent perçu comme « décadent » et prôner un retour vers un passé idéalisé voire fictif. C'est donc bien le cas des anti-mariage gay.

J'arrête d'en parler maintenant, ça occupe trop mon esprit. Demain la loi sera votée.

dimanche 21 avril 2013

Des gifles qui se perdent

L'image que j'ai trouvé dans Le Monde (et que je n'affiche pas ici tellement elle m'écoeure) est celle d'un enfant de moins de dix ans à la "Manif pour tous"  brandissant avec un air coléreux une pancarte où il est écrit : "Non au mariage mirage".

Il est complêtement irresponsable d'emmener un enfant à une manifestation revendicative quelle qu'elle soit. De plus, compte tenu qu'un enfant ne peux avoir une opinon indépendante et informée sur les enjeux du mariage gay, il est odieux de lui bourrer le crâne de haine afin de lui faire vociférer et revendiquer celle qui anime ses parents. C'est de la connerie brute. Et ces gens se disent plus aptes à élever les enfants que les couples gay. Il y franchement des gifles qui se perdent.

Non "mirandisé"

Il semble que Dzhokhar Tsarnaev n'ai pas été "mirandisé", c'est à dire qu'on ne lui aurait pas rappelé ses droits Miranda (Miranda rights) au moment de son arrestation. Tous les amateurs de séries policières américaines savent plus ou moins que quand les policiers US arrêtent une personne ils lui lisent ses droits  après l'avoir informé  du motif de son arrestation. Les déclarations Miranda sont légèrement différentes selon les États mais en gros c'est :

"Vous avez le droit de garder le silence. Dans le cas contraire, tout ce que vous direz pourra [être] et sera utilisé contre vous devant un tribunal. Vous avez le droit de consulter un avocat et d’avoir un avocat présent lors de l’interrogatoire. Si vous n’en avez pas les moyens, un avocat vous sera désigné d’office, et il ne vous en coûtera rien. Durant chaque interrogatoire, vous pourrez décider à n’importe quel moment d’exercer ces droits, de ne répondre à aucune question ou de ne faire aucune déposition."

En anglais dans le texte:

"You have the right to remain silent. If you give up that right, anything you say can and will be used against you in a court of law. You have the right to an attorney and to have an attorney present during questioning. If you cannot afford an attorney, one will be provided to you at no cost. During any questioning, you may decide at any time to exercise these rights, not answer any questions, or make any statements."

Cette procédure s'appelle un avertissement Miranda (Miranda warning) du nom du plaignant dans l'arrêt de la cour Suprême des États-Unis: Miranda vs. Arizona du 13 juin 1966. 

La Cour a estimé que cet avertissement devait être fait de manière sérieuse — d'où le fait que les policiers la lisent au prévenu — et qu'il fallait s'assurer que le prévenu l'avait bien compris.

Il faut bien réaliser que ce que les Droits Miranda spécifient au fond c'est que les déclarations du prévenu obtenues par la police sans qu'il ait été fait mention de ses Droits Miranda ne seront pas admissibles devant une cour de justice. L'accusation ne pourra pas s'en servir comme preuve.

L'avertissement Miranda n'est pas d'application absolue, cependant. On tolère des exceptions en cas de mise en jeu de la "sécurité publique". C'est à dire que quand la sécurité publique est immédiatement en jeu, on laisse un peu de latitude à la police pour recueillir des déclarations du suspect et s'en servir devant la cour, sans l'avoir mirandisé. Depuis 2010 le FBI encourage ses agents à invoquer cette circonstance de sécurité publique lors de l'arrestation de terroristes.

C'est donc cette circonstance de sécurité publique qui est invoquée dans le cas de Dzhokhar Tsarnaev. Le suspect dans les attentats de Boston n'a donc pas été "mirandisé". De toute façon il est douteux qu'il ait été en état de comprendre ses droits et, étant paraît-il bléssé à la gorge et intubé, en état de parler. Techniquement il n'est d'ailleurs pas arrêté, il reste "suspect".

Rives

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Dimanche dernier j'étais invité à l'anniversaire de ma soeur sur sa péniche. Nous avons remonté l'Erdre, la rivière qui traverse Nantes et se jette dans la Loire au centre de cette ville. Nous sommes allés de Nantes à Nord-sur-Erdre et retour, avec un arrêt pique-nique dans la grande étendue d'eau des Plaines de Mazerolle. C'était le premier jour de vrai grand beau temps du printemps. J'ai fait quelques photos que je posterai ici peu à peu. Histoire de se changer les idées dans cette lourde atmosphère politique et sociale.

Manifestations homophobes

En France des gens défilent dans les rues pour empêcher les homosexuels de se marier et d'élever des enfants. Ces gens clament qu'ils ne sont pas "homophobes" , c'est à dire qu'ils n'ont rien contre l'homosexualité ni contre les homosexuels, aucun préjugés, aucune peur, rien. Cependant il est clair pour moi qu'on ne peut croire et déclarer que le mariage homo est illégitime et dangereux pour la société sans considérer que les homos sont eux-mêmes inférieurs aux autres et dangereux pour la société. Et ça c'est être homophobe. Les opposants au mariage gay sont donc tous homophobes, ils considèrent que les homosexuels ne sont pas leurs égaux, au-delà de leurs différences de sexualité. Considérer qu'une certaine catégorie de population est inférieure, illégitime et dangereuse pour la société c'est de la discrimination. Et c'est inacceptable, c'est une honte pour la nation toute entière.

En France donc des gens défilent dans la rue pour des motifs de haine de l'autre sous couvert d'une religion qui prône l'amour de l'autre. On est allé très loin dans l'hypocrisie, la déréliction morale et l'abjection. Bien entendu la parole et les actes antihomos se libèrent. Il y a déjà et il va y avoir des pogroms. Mais ces gens n'acceptent bien sûr aucune responsabilité dans la résurgence des actes de violence contre les gays.

J'ai honte pour eux et pour mon pays.

samedi 20 avril 2013

The Brothers Tsarnaev

Anzor’s elder son, Tamerlan, appeared never to connect fully with American life. “I don’t have a single American friend,” Tamerlan told a photographer named Johannes Hirn, who asked to take pictures of him training as a boxer. “I don’t understand them.” He studied, indifferently, at Bunker Hill Community College, for an engineering degree. He described himself as “very religious”; he didn’t smoke or drink. Twenty-six and around two hundred pounds, he boxed regularly at Wai Kru Mixed Martial Arts. He loved “Borat” (“even though some of the jokes are a bit too much”). He had a daughter, but scant stability. Three years ago, he was arrested for domestic assault and battery. (“In America, you can’t touch a woman,” Anzor told the Times.)

[…]

The Tsarnaev family had been battered by history before—by empire and the strife of displacement, by exile and emigration. Asylum in a bright new land proved little comfort. When Anzor fell sick, a few years ago, he resolved to return to the Caucasus; he could not imagine dying in America. He had travelled halfway around the world from the harrowed land of his ancestors, but something had drawn him back. The American dream wasn’t for everyone. What they could not anticipate was the abysmal fate of their sons, lives destroyed in a terror of their own making. The digital era allows no asylum from extremism, let alone from the toxic combination of high-minded zealotry and the curdled disappointments of young men.

[David Remnick: The Brothers Tsarnaev : The New Yorker]

Un très bon article de David Remnick dans le New Yorker, à lire entièrement.

mardi 16 avril 2013

Hay fever

Tout le mois de mars j'ai tendu le dos mais rien n'est venu, j'ai vu arriver le mois d'avril sans aucune allergies et j'ai pensé que cette année c'était bon, je m'en tirerai sans crise de rhume des foins, la saison était passée. Ce que je n'avais pas pensé c'est que la saison du rhume des foins était en retard. Je suis allergique au pollen d'arbre, des platanes je crois, et là depuis ce matin c'est le gros gros rhume des foins. Je prends de l'Aérius mais ce médicament antihistaminique me rend un peu groggy. Je crois que je vais aller me coucher tôt.

mercredi 10 avril 2013

Pape et Spectacle

Le pape François a très bien compris la société du spectacle dans laquelle il vit et il agit. Normal c'est un jésuite, donc quelqu'un qui agit en douce, dans l'ombre, en sauvegardant ce qui compte aux yeux du public: les apparences. C'est un type qui a été dans la hiérarchie romaine, dans les milieux du pouvoir catholique depuis très longtemps, il était déjà candidat au poste de pape à la mort de Jean-Paul II. Il y parvient aujourd'hui au terme d'un lobbying intense qui dure depuis des dizaines d'années. Il a dû en lécher des dizaines de postérieurs ecclésiastiques pour arriver à ses fins. Il est donc inconcevable qu'il soit le pape radical qu'il affecte de paraître.

Son premier geste a été de choisir comme nom de pape celui de Saint François d'Assise, le saint des pauvres et des animaux. Pas possible de ne pas penser que c'est à la suite d'une longue réflexion, d'un plan bien mûri, qu'il a choisi ce nom. Il n'a pas été nommé pape par surprise. Et il a demandé à ne pas être François Premier, ça ne serait pas assez modeste, mais François tout court, le petit frère de tous. La ficelle est grosse mais ça marche! Conformément à son plan de communication il a multiplié les petits gestes très médiatisés : il paye lui-même sa chambre d'hôtel devant les caméras, porte une croix en fer, ne chausse pas les escarpins rouges, lave humblement les pieds d'une taularde… Il s'affiche comme le pape des pauvres. Mais c'est du toc, du spectacle.

S'il était vraiment le pape des pauvres il serait pour l'utilisation des préservatifs car le sida touche en premier les populations pauvres du monde, il serait pour la contraception car ce sont les pauvres qui souffrent le plus de surpopulation. Le pape François déclare qu'il veut "une Église pauvre" mais croyez-vous qu'il va sacrifier l'opulence du Vatican et le train de vie de la Curie? Par ailleurs lutter contre la pauvreté c'est aussi lutter contre les inégalités, est-ce que le nouveau pape des pauvres va concéder aux femmes de faire partie du clergé comme les hommes? Est-ce que ce pape va convenir que tout le monde à le droit de se marier, même les homos parce qu'ils sont l'égal des hétéros? Bien sûr que non, parce que sous les gestes médiatiques, sous le spectacle, se cache forcément un type fermé et réactionnaire, un rusé, un jésuite. Il ne peut pas en être autrement pour un apparatchik de l'Église Catholique. La seule chose qu'il fera, et sans doute le fera-t-il bien car je soupçonne qu'il a été élu par ses pairs exactement pour cela, c'est du public relation.

En avion

La semaine dernière, dans le cadre de mon travail, je suis allé faire un petit tour en avion de tourisme dans la région de Toulouse. Nous avons volé pendant deux heures et demie, de jour, il faisait un temps magnifique et pas de vent, de sorte que la balade fut confortable et agréable à la fois. L'avion était un Cessna 172, un petit avion quatre places assez vieillot, appartenant à un aéroclub du coin. Les pilotes étaient des professionnels avec une grande expérience. Ma mission était de prendre des photos de certains endroits survolés et je m'en suis parfaitement acquitté, j'en conviens: ce n'était pas très difficile! 

En dehors du paysage, toujours superbe, j'ai bien apprécié de suivre les dialogues entre les avions et les différents contrôleurs aériens. Ces dialogues sont toujours très formels mais de temps à autre s'y glissent quelques éléments impromptus et amusants, comme ce contrôleur qui ne nous voyait pas sur son radar et qui nous dit qu'il avait "un radar en bois". Ou ce contrôleur qui, reconnaissant la voix de notre pilote, lui dit en hésitant un peu : "c'est toi, Patrick?", comme s'il avait enfreint tout un tas de règles en appelant son copain par son prénom sur les ondes du contrôle aérien (il devait avoir enfreint quelques règles, probablement, mais la faute n'était pas bien grave). Nous étions, au décollage de Blagnac, sur une piste parallèle à celle d'où décollait un Airbus A319 d'Air France. L'Airbus décolla devant nous et notre pilote demanda aussitôt au contrôleur s'il pouvait décoller à son tour. Le contrôleur lui répondit : "On va attendre cinq minutes à cause des turbulences de sillage du 319!" En effet sur un petit avion comme celui que nous avions les turbulences causées par les réacteurs de l'Airbus A319 dans son sillage peuvent être très déstabilisantes. 

En pratique un avion comme le nôtre ne fait rien sans signaler sa présence et ses intentions au contrôleur sur le territoire duquel il vole et ce vol se fait de territoire en territoire (des secteurs aériens). À chaque fois qu'on change de secteur on doit se signaler et déclarer ses intentions, c'est à dire la route qu'on veut suivre. Au cours de notre vol nous sommes passé du secteur de Toulouse-Blagnac à celui de Muret, puis à celui de Pamiers, Carcassonne, Lasborde, Blagnac de nouveau, puis Montauban, etc. À chaque fois le même rituel : donner son indicatif, son altitude et sa route. Le contrôleur confirme qu'il nous a bien vu sur son radar et nous autorise à continuer ou nous demande de prendre une autre route et nous prévient des problèmes et restrictions éventuels (là ils font de la voltige, ici il y a des lâchers de parachutistes, cette zone est interdite parce que les militaires s'entraînent, etc.). S'il l'on veut changer de route on doit demander au contrôleur avant. Et bien sûr le contrôleur nous prévient de la présence d'autres aéronefs dans notre voisinage ("trafic sur vos trois heures à 1000 pieds au-dessus de vous…"). C'est un dialogue permanent.

Nous avons volé à une altitude et à une vitesse assez modeste, mais à deux moments nous avons pris de l'altitude et j'ai constaté que dès qu'on monte il fait très froid rapidement. Heureusement qu'il y avait le chauffage!

Tout le vol s'est fait en VFR (Visual Flight Rules), c'est à dire en vol à vue, avec constamment la vue de repères au sol. En VFR on n'a pas le droit de voler au dessus des nuages à moins que ceux-ci soient suffisamment fragmentés pour ne pas perdre le sol de vue. Bien sûr il faut toujours savoir où on est et quel endroit on survole et souvent (mais pas toujours) avoir un point de repère en ligne de mire, souvent c'est une cheminée, le haut d'une colline, un château d'eau, un truc qui se détache un peu du décor.

C'était donc une belle expérience qui, bien entendu, m'a donné une furieuse envie d'apprendre à piloter! Voler est une sensation extraordinaire, même encadrée comme elle l'est. Je vous jure que les sommets des Pyrénées, blancs de neige à l'horizon, émergeant de leur gangue de brume et de nuages, c'est d'une beauté incroyable.

Spirit of Real Estate

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Dimanche dernier, dans les jardins de ma résidence, à Paris.

mardi 9 avril 2013

Éloquence

Barack Obama s'est adressé hier soir, au Connecticut, aux habitants de cet Etat marqué par la tragédie de Newtown.  Il a insisté sur la nécessité de faire pression sur les membres du Congrès des Etats-Unis afin que ceux-ci votent les lois qu'il a proposé pour limiter l'accès aux armes à feu. Comme toujours il a été d'une éloquence superbe. Extrait:

I thought about the mom I met from suburban Chicago whose son was killed in a random shooting.  And this mom told me, I hate it when people tell me that my son was in the wrong place at the wrong time.  He was on his way to school.  He was exactly where he was supposed to be.  He was in the right place at the right time, and he still got shot.  (Applause.) 
The kids at Sandy Hook were where they were supposed to be.  So were those moviegoers in Aurora.  So were those worshippers in Oak Creek.  So was Gabby Giffords.  She was at a supermarket, listening to the concerns of her constituents.  (Applause.)   
They were exactly where they were supposed to be.  They were also exercising their rights -- to assemble peaceably; to worship freely and safely.  They were exercising the rights of life and liberty, and the pursuit of happiness.  So surely, we can reconcile those two things.  Surely, America doesn’t have to be divided between rural and urban, and Democrat and Republican when it comes to something like this. 
If you’re an American who wants to do something to prevent more families from knowing the immeasurable anguish that these families here have known, then we have to act.  Now is the time to get engaged.  Now is the time to get involved.  Now is the time to push back on fear, and frustration, and misinformation.  Now is the time for everybody to make their voices heard from every state house to the corridors of Congress. 
And I’m asking everyone listening today, find out where your member of Congress stands on this.  If they’re not part of the 90 percent of Americans who agree on background checks, then ask them, why not?  Why wouldn’t you want to make it easier for law enforcement to do their job?  Why wouldn’t you want to make it harder for a dangerous person to get his or her hands on a gun?  What’s more important to you:  our children, or an A-grade from the gun lobby?  (Applause.) 

lundi 1 avril 2013

Soirée télé

Regardé hier soir le documentaire Restrepo, documentaire de Sebastian Junger et Tim Hetherington sur le National Geographic Channel. C'était hélas la version courte. Il existe une version longue qui est bien meilleure avec des tas de scènes remarquables coupées dans la version courte qui du coup semble bien superficielle et mal montée. Je trouve que les coupes effectuées pour la version courte rendent l'ensemble du documentaire presque incompréhensible. C'est dommage car la version longue fait vraiment un beau documentaire sur la guerre en Afghanistan. Je l'avais vu, la version longue, sur You Tube en plusieurs morceaux (au moins une dizaine, je crois). On doit pouvoir la reconstituer en passant par ici

Dans la foulée j'ai regardé Le Discours d'un roi (The King's Speech). Un très beau film. J'ai bien aimé l'utilisation tout au long du film des objectifs grands angles, même et surtout pour les plans serrés, ce qui donne une atmosphère très étrange, avec les arrières plans qui s'effacent dans le flou. Les décors sont aussi très oppressants, souvent brumeux, souvent des corridors infinis, des pièces immenses mais vides, le tout filmé au grand angle. Tout ça évidement pour traduire le malaise du roi, c'est très bien fait. Colin Firth est magnifique dans ce rôle, son interprétation de George VI est très émouvante.