La semaine dernière, dans le cadre de mon travail, je suis allé faire un petit tour en avion de tourisme dans la région de Toulouse. Nous avons volé pendant deux heures et demie, de jour, il faisait un temps magnifique et pas de vent, de sorte que la balade fut confortable et agréable à la fois. L'avion était un Cessna 172, un petit avion quatre places assez vieillot, appartenant à un aéroclub du coin. Les pilotes étaient des professionnels avec une grande expérience. Ma mission était de prendre des photos de certains endroits survolés et je m'en suis parfaitement acquitté, j'en conviens: ce n'était pas très difficile!
En dehors du paysage, toujours superbe, j'ai bien apprécié de suivre les dialogues entre les avions et les différents contrôleurs aériens. Ces dialogues sont toujours très formels mais de temps à autre s'y glissent quelques éléments impromptus et amusants, comme ce contrôleur qui ne nous voyait pas sur son radar et qui nous dit qu'il avait "un radar en bois". Ou ce contrôleur qui, reconnaissant la voix de notre pilote, lui dit en hésitant un peu : "c'est toi, Patrick?", comme s'il avait enfreint tout un tas de règles en appelant son copain par son prénom sur les ondes du contrôle aérien (il devait avoir enfreint quelques règles, probablement, mais la faute n'était pas bien grave). Nous étions, au décollage de Blagnac, sur une piste parallèle à celle d'où décollait un Airbus A319 d'Air France. L'Airbus décolla devant nous et notre pilote demanda aussitôt au contrôleur s'il pouvait décoller à son tour. Le contrôleur lui répondit : "On va attendre cinq minutes à cause des turbulences de sillage du 319!" En effet sur un petit avion comme celui que nous avions les turbulences causées par les réacteurs de l'Airbus A319 dans son sillage peuvent être très déstabilisantes.
En pratique un avion comme le nôtre ne fait rien sans signaler sa présence et ses intentions au contrôleur sur le territoire duquel il vole et ce vol se fait de territoire en territoire (des secteurs aériens). À chaque fois qu'on change de secteur on doit se signaler et déclarer ses intentions, c'est à dire la route qu'on veut suivre. Au cours de notre vol nous sommes passé du secteur de Toulouse-Blagnac à celui de Muret, puis à celui de Pamiers, Carcassonne, Lasborde, Blagnac de nouveau, puis Montauban, etc. À chaque fois le même rituel : donner son indicatif, son altitude et sa route. Le contrôleur confirme qu'il nous a bien vu sur son radar et nous autorise à continuer ou nous demande de prendre une autre route et nous prévient des problèmes et restrictions éventuels (là ils font de la voltige, ici il y a des lâchers de parachutistes, cette zone est interdite parce que les militaires s'entraînent, etc.). S'il l'on veut changer de route on doit demander au contrôleur avant. Et bien sûr le contrôleur nous prévient de la présence d'autres aéronefs dans notre voisinage ("trafic sur vos trois heures à 1000 pieds au-dessus de vous…"). C'est un dialogue permanent.
Nous avons volé à une altitude et à une vitesse assez modeste, mais à deux moments nous avons pris de l'altitude et j'ai constaté que dès qu'on monte il fait très froid rapidement. Heureusement qu'il y avait le chauffage!
Tout le vol s'est fait en VFR (Visual Flight Rules), c'est à dire en vol à vue, avec constamment la vue de repères au sol. En VFR on n'a pas le droit de voler au dessus des nuages à moins que ceux-ci soient suffisamment fragmentés pour ne pas perdre le sol de vue. Bien sûr il faut toujours savoir où on est et quel endroit on survole et souvent (mais pas toujours) avoir un point de repère en ligne de mire, souvent c'est une cheminée, le haut d'une colline, un château d'eau, un truc qui se détache un peu du décor.
C'était donc une belle expérience qui, bien entendu, m'a donné une furieuse envie d'apprendre à piloter! Voler est une sensation extraordinaire, même encadrée comme elle l'est. Je vous jure que les sommets des Pyrénées, blancs de neige à l'horizon, émergeant de leur gangue de brume et de nuages, c'est d'une beauté incroyable.