dimanche 31 janvier 2010
Vie Française:
Prix D'Amérique
Ayant une certaine sympathie pour Pierre Levesque et son crack Meaulne du Corta, je m'attendais à ce que celui-ci brille et remporte une nouvelle fois le Prix d'Amérique qui se courait aujourd'hui à l'hippodrome de Vincennes. Je voyais mal qui pouvait le battre, peut-être Quarla avec Frank Nivard? Ou Ready Cash, ou bien Rolling d'Heripe? Le beau Meaulne fit toute la course en tête mais se trouva fort dépourvu dans la ligne droite d'arrivée, coiffé sur le poteau par deux outsiders: Oyonnax avec Sebastien Ernault et Quaker Jet drivé par Philippe Vercruysse. La victoire d'Oyonnax est très étonnante, on ne le voyait vraiment pas gagner, même pas se placer, mais il a fait une course parfaite en s'économisant pour sprinter à l'arrivée. Ready Cash mené par Joss Verbeeck et Rolling D'Heripe avec Jean-Michel Bazire au sulky, tous deux favoris loupèrent complètement leur course. On ne le dira jamais assez: le Prix d'Amérique c'est vraiment une course magnifique avec les meilleurs trotteurs mondiaux!
Humains, trop humains
Je lisais cette chronique de James Surowiecki: The Tiger Woods scandal and celebrity endorsements dans le New Yorker, ce matin. Les compagnies soutiennent des sportifs en fonction de l'image que ceux-ci véhiculent, image qui correspond aux valeurs de la boite qui les sponsorise, ou du moins à l'image que la boite voudrait voir mise en valeur ou que les clients attendent d'elle. Sponsoriser une personne dans ce cadre là est un risque à prendre, les humains sont faillibles... L'image exploitée de Tiger Woods était celle de l'homme de fer à la volonté surhumaine et à la discipline sans faille, un type sûr de lui et fortement concentré sur son art. La révélation des ses problèmes de couple et surtout de son coté furieusement volage cadre mal avec cette image de surhomme infaillible qui servait bien ses sponsors.
De là à penser qu'il faudrait que les sponsors examinent les moindres recoins de la vie d'un athlète avant de le sponsoriser, il y a un pas qui n'a pas, à ma connaissance, encore été franchi mais qui le sera peut-être bientôt (on fait bien ça aux Etats-Unis pour les personnalités politiques et les futurs membres du gouvernement... sauf pour Sarah Palin, manifestement!) .
De là à penser qu'il faudrait que les sponsors examinent les moindres recoins de la vie d'un athlète avant de le sponsoriser, il y a un pas qui n'a pas, à ma connaissance, encore été franchi mais qui le sera peut-être bientôt (on fait bien ça aux Etats-Unis pour les personnalités politiques et les futurs membres du gouvernement... sauf pour Sarah Palin, manifestement!) .
The Wire
Je tiens The Wire ("Sur Ecoute", en France) pour la meilleure série du paysage télévisuel américain de tous les temps. Produite par la chaine de télé payante par câble HBO (comme Rome, Les Sopranos ou Six Feet Under, autres très grandes productions maison). L'arc n'est pas tendu sur un épisode mais sur la saison entière ce qui permet de bien mieux développer les personnages et de respecter le temps de l'action. L'histoire est réaliste à l'extrême, complexe, elle exige beaucoup d'attention de la part des spectateurs, lente avec de brusques explosions et accélérations, elle surprend toujours. Le cadre est la cité de Baltimore, les quartiers ghettos de l'Ouest, enfers du trafic et de la consommation de drogues, des gangs de la loi de la jungle impitoyable, la guerre que mènent les policiers démunis contre les dealers et les réseaux mafieux de toutes sortes dans une ville ou règne la pauvreté et la corruption. Il y a de nombreuses scènes de violences mais ce n'est jamais complaisant vis à vis des malfaisants. Il y a beaucoup d'humour aussi, cynique, ironique. Les créateurs et producteurs de cette série sont David Simon et Ed Burns. David Simon est un ancien journaliste de Baltimore et Ed Burns un scénariste et écrivain, à eux deux ils ont écrit un extraordinaire livre-reportage "The Corner", étude fouillée d'un bloc des infâmes quartiers ouest de Baltimore, livré à la violence et aux trafics de stupéfiants. De ce livre ils ont tiré le scénario de la première saison de The Wire et des autres saisons aussi, bien que celles-ci s'éloignent du sujet original du livre. Ils se sont fait aider par un grand connaisseur du ghetto: le romancier Richard Price, auteur du fameux "Clockers" sur le même thème. David Simon avait auparavant signé un livre sur la brigade des homicides de la police de Baltimore qui avait, lui aussi, inspiré une très bonne série: "Homicide, Life On The Street" sur laquelle il était d'ailleurs consultant. The Wire est d'aussi bonne qualité qu'un film pour le grand écran. La prise de vue et la mise en scène est parfaite et ne cède rien à la facilité, les acteurs (beaucoup d'inconnus) sont extraordinaires de naturel et de véracité. Le scénario est constamment ingénieux, on a envie de citer les dialogues à tout bout de champ tellement ils sont géniaux. Allez, il faut regarder The Wire, c'est grand, c'est prenant, c'est terrible, c'est historique, c'est une oeuvre d'art.
samedi 30 janvier 2010
On en a pour longtemps...
Clearstream: "une victoire de la justice" pour Robert Badinter - (LeMonde):
...sur le fond, cet appel du procureur s'inscrit dans la pratique commune dès l'instant où des condamnés ont interjeté appel. Dans un tel cas, le parquet fait généralement appel contre tous les prévenus, y compris celui qui a été relaxé. Ainsi le débat sera complet devant la cour. Mais dans le cas de Monsieur de Villepin., il est évident que la décision de faire appel n'a pas été prise sans l'accord – sinon à l'initiative – de la chancellerie et de l'Elysée.
La conséquence, c'est que le procès Clearstream va scander le quinquennat de Nicolas Sarkozy jusqu'à son terme, puisqu'après l'appel viendra sans doute un pourvoi en cassation, voire une action devant la Cour européenne des droits de l'homme. N'oublions pas non plus que, jusqu'au terme du procès, la question du renvoi de Dominique de Villepin devant la Cour de justice de la République, habilitée à juger les ministres pour les délits qu'ils auraient commis dans l'exercice de leurs fonctions, peut être soulevée. Dans cette hypothèse, un quinquennat ne suffira pas!
The iState of the Union
The iState of the Union: Steve Jobs delivers the annual presidential address:
Awesome, isn't it? Read the whole thing...
You know, it was just a year ago that we announced our economic plan for 2009. We said we were going to turn around the recession. We said we'd create jobs. And we said we'd do it in 12 months. What happened? We did it in three. It was the most successful period in the history of the United States. And 2010 is only going to be better. How awesome is that?
(APPLAUSE.)
How did we do it? Simple. We made a stimulus package. It had the most features of any package we've ever created—more jobs, more money, more everything. We could have stopped there. We could've said, Hey, that was great. Let's go do something else. But you know what? It wasn't enough. The American people deserve something even better and more revolutionary.
Awesome, isn't it? Read the whole thing...
jeudi 28 janvier 2010
iPad
Stephen Fry on the iPad:
There are many issues you could have with the iPad. No multitasking, still no Flash. No camera, no GPS. They all fall away the minute you use it. I cannot emphasise enough this point: “Hold your judgment until you’ve spent five minutes with it”. No YouTube film, no promotional video, no keynote address, no list of features can even hint at the extraordinary feeling you get from actually using and interacting with one of these magical objects. You know how everyone who has ever done Who Wants To Be A Millionaire? always says, “It’s not the same when you’re actually here. So different from when you’re sitting at home watching.”? You know how often you’ve heard that? Well, you’ll hear the same from anyone who’s handled an iPad. The moment you experience it in your hands you know this is class. This is a different order of experience. The speed, the responsiveness, the smooth glide of it, the richness and detail of the display, the heft in your hand, the rightness of the actions and gestures that you employ, untutored and instinctively, it’s not just a scaled up iPhone or a scaled-down multitouch enhanced laptop – it is a whole new kind of device. And it will change so much. Newspapers, magazines, literature, academic text books, brochures, fliers and pamphlets are going to be transformed (poor Kindle). Specific dedicated apps and enhancements will amaze us. You will see characters in movies use the iPad. Jack Bauer will want to return for another season of 24 just so he can download schematics and track vehicles on it. Bond will have one. Jason Bourne will have one. Some character, in a Tron like way, might even be trapped in one.
mercredi 27 janvier 2010
Records
L’hiver dans l’hémisphère nord le courant jet est très fort et les avions qui se glissent dedans battent des records de vitesse (avec le vent dans le dos). Ainsi le 17 janvier un Boeing 777 d’Air France a tracé à une vitesse au sol de 720 nœuds, avec 214 nœuds de vent arrière, au dessus de l'Atlantique!
Mais un B747 de Cathay Pacific a fait mieux sur le Pacifique nord le 14 janvier: 750 noeuds de vitesse au sol avec 217 noeuds de vent dans le derrière!
Mais un B747 de Cathay Pacific a fait mieux sur le Pacifique nord le 14 janvier: 750 noeuds de vitesse au sol avec 217 noeuds de vent dans le derrière!
Don't panic!
J'entends beaucoup trop dans les média, dire que les Démocrates auraient perdu leur majorité au Sénat des Etats-Unis du fait qu'ils viennent de perdre un siège de par l'élection de M. Scott Brown, Républicain au poste de sénateur du Massachusetts, qui était tenu par Ted Kennedy, jusqu'à sa mort récente. C'est erroné. Les Démocrates avaient 60 sièges sur 100 au Sénat des Etats Unis, il leur en reste 59. C'est bien plus qu'il ne faut pour avoir la majorité absolue, mais c'est insuffisant pour avoir la "supermajorité" qui interdit toute manoeuvre d'obstruction de la part de l'opposition, manoeuvre d'obstruction qu'on appelle de la flibuste (filibuster) et qui peut faire échouer l'approbation d'une loi. Par ailleurs, et en ce qui concerne la réforme de la santé, seulement 53 sénateurs Démocrates étaient prêts à voter oui, de toutes façon insuffisant pour éviter une flibuste. Le dommage est donc plus psychologique qu'autre chose — l'élection d'un Républicain au siège de Kennedy est assez traumatisante et c'est la première grosse défaite des Démocrates depuis l'élection du président Obama, défaite qui intervient juste un an après l'inauguration du président et alors que nous venons d'entrer dans une année électorale (la chambre des représentant sera renouvelée en novembre prochain — et là aussi les Démocrates ont la majorité). Les mid-term elections (élections de mi-mandat) sont parfois sévères pour le président en poste, on se souviendra de celles de 1994 qui virent, alors que M. Clinton était président depuis à peine deux ans, un raz de marée Républicain emmené par Newt Gingrich et sa clique de réformateurs du "Contract with America". Les Démocrates s'effrayent donc un peu.
lundi 25 janvier 2010
L'objet du désir
On a tous fait cette expérience: acheter un livre qu'on désirait depuis longtemps, le mettre sur une étagère et ne plus y toucher pendant plusieurs années. Non? Vous n'avez jamais fait ça?
En fait peu de gens on fait ça avec des livres mais c'est pareil avec des vêtements, des meubles, que sais-je... avec des maisons, même?
Moi ça a toujours été avec les livres, tout petit déjà, ou avec les disques.
Ils ne comprennent rien à la vie ceux qui me disent ne pas comprendre pourquoi mon appartement est plein de livres "que je n'ai pas lu".
En fait peu de gens on fait ça avec des livres mais c'est pareil avec des vêtements, des meubles, que sais-je... avec des maisons, même?
Moi ça a toujours été avec les livres, tout petit déjà, ou avec les disques.
Ils ne comprennent rien à la vie ceux qui me disent ne pas comprendre pourquoi mon appartement est plein de livres "que je n'ai pas lu".
dimanche 24 janvier 2010
Shorties
- Jeff Entebbe :: Photojournalism. De très belles images d'actualité.
- Portland treehouse: swanky Hobbit pad: une maison dans les arbres pour super-riches.
- Bug Dome: un autre genre de bâtiment "durable".
- The Matteo Ricci World Map at the Library of Congress: graaande et ancienne carte.
- NASA Announces Designs for Personal Flying Suit: le futur.
- Gary Snyder & the Tire Truck Buddha: le Bouddha a une drôle d'allure.
- Strange Worlds by Matthew Albanese: ...involves the construction of small-scale meticulously detailed models using various materials and objects to create emotive landscapes.
- Photographers to gather in London for street photography rights: manifestation à Trafalgar Square le 23 janvier pour le droit à photographier et contre la suspicion de plus en plus grande qui entoure les photographes en Grande Bretagne.
- Dispersion of Sound Waves in Ice Sheets: phénomènes acoustiques des tensions de la glace.
- America Bowl: U.S. Presidents vs. Super Bowls: un blog comparant les carrières des 44 présidents avec les 44 Super Bowls (finales du championnat de football américain).
- Pen v keyboard v Newton v Graffiti v Treo v iPhone: Phil Gyford mesure la vitesse à laquelle il écrit à la main et sur divers instruments dont un clavier et iphone, assez étonnement l'iPhone arrive deuxième.
- Portland treehouse: swanky Hobbit pad: une maison dans les arbres pour super-riches.
- Bug Dome: un autre genre de bâtiment "durable".
- The Matteo Ricci World Map at the Library of Congress: graaande et ancienne carte.
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- Gary Snyder & the Tire Truck Buddha: le Bouddha a une drôle d'allure.
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- America Bowl: U.S. Presidents vs. Super Bowls: un blog comparant les carrières des 44 présidents avec les 44 Super Bowls (finales du championnat de football américain).
- Pen v keyboard v Newton v Graffiti v Treo v iPhone: Phil Gyford mesure la vitesse à laquelle il écrit à la main et sur divers instruments dont un clavier et iphone, assez étonnement l'iPhone arrive deuxième.
vendredi 22 janvier 2010
L'homme orchestre
Pat Metheny - The Orchestrion EPK: Pat Metheny a trouvé le moyen de se passer de musiciens accompagnateurs tout en jouant avec un orchestre entier, c'est assez spectaculaire. L'album sort prochainement.
(via)
(via)
Les albums de la semaine
Cette semaine voyage avec Spotify dans le "jazz fusion", "modern creative" et "progressive":
Esbjörn Svensson Trio - Seven Days of Falling
Un album plein d'émotion contenue et d'intelligence mélodique, de toute beauté. Une perle de la Baltique.
Wayne Horvitz - Live At The Rendezvous, Seattle 2004
Le pianiste Wayne Horvitz avec une ensemble électro-acoustique, une musique sensible et élégante.
Bill Frisell - East/West
Avec cet album le guitariste Bill Frisell poursuit ses relations avec le blues et même le country & western tout en restant bien dans sa peau d'improvisateur.
Bill Frisell - Blues Dream
Une musique très blues, nocturne, poisseuse comme une journée d'Août près du bayou, avec les alligators et les vautours et un petit coté petzouille pour la couleur locale. De la "fusion" américaine du Middle West, quoi.
Bill Frisell - Nashville
Là on est presque complètement dans le "progressive blue-grass", mais ça swingue pas mal et c'est joli sans tomber dans la facilité.
Richard Galliano - Mare Nostrum
Galliano à l'accordéon, Fresu au sax, un mélange très plaisant pour une belle sonorité et un beau sens de la mélodie, une aisance et une maîtrise qui n'ont jamais besoin de démonstrations de virtuosité.
Esbjörn Svensson Trio - Seven Days of Falling
Un album plein d'émotion contenue et d'intelligence mélodique, de toute beauté. Une perle de la Baltique.
Wayne Horvitz - Live At The Rendezvous, Seattle 2004
Le pianiste Wayne Horvitz avec une ensemble électro-acoustique, une musique sensible et élégante.
Bill Frisell - East/West
Avec cet album le guitariste Bill Frisell poursuit ses relations avec le blues et même le country & western tout en restant bien dans sa peau d'improvisateur.
Bill Frisell - Blues Dream
Une musique très blues, nocturne, poisseuse comme une journée d'Août près du bayou, avec les alligators et les vautours et un petit coté petzouille pour la couleur locale. De la "fusion" américaine du Middle West, quoi.
Bill Frisell - Nashville
Là on est presque complètement dans le "progressive blue-grass", mais ça swingue pas mal et c'est joli sans tomber dans la facilité.
Richard Galliano - Mare Nostrum
Galliano à l'accordéon, Fresu au sax, un mélange très plaisant pour une belle sonorité et un beau sens de la mélodie, une aisance et une maîtrise qui n'ont jamais besoin de démonstrations de virtuosité.
jeudi 21 janvier 2010
Shorties
- Walking Off the Big Apple: encore un blog de fondu de New York, qui parcoure la ville à pieds, passionnant.
- The Message Democrats Should Hear From Massachusetts: Govern Effectively. Passing Health-Care Reform Won't Hurt Them, But Losing Their Courage Will. - The Gaggle Blog - Newsweek.com: Apparemment Nancy Pelosi aurait quelques velléités d'enterrer la réforme tout de suite, c'est pas encore gagné.
- Hillary Clinton: A year in the shadow of Barack Obama : dur d'être le chef de la diplomatie du Prix Nobel de la Paix.
- Lonely Trek to Radicalism for Terror Suspect - NYTimes.com: l'histoire du "Underwear Bomber".
- 11 Ways to Visualize Changes Over Time – A Guide | FlowingData: utile.
- The Message Democrats Should Hear From Massachusetts: Govern Effectively. Passing Health-Care Reform Won't Hurt Them, But Losing Their Courage Will. - The Gaggle Blog - Newsweek.com: Apparemment Nancy Pelosi aurait quelques velléités d'enterrer la réforme tout de suite, c'est pas encore gagné.
- Hillary Clinton: A year in the shadow of Barack Obama : dur d'être le chef de la diplomatie du Prix Nobel de la Paix.
- Lonely Trek to Radicalism for Terror Suspect - NYTimes.com: l'histoire du "Underwear Bomber".
- 11 Ways to Visualize Changes Over Time – A Guide | FlowingData: utile.
dimanche 17 janvier 2010
Rechigné
778 - Le blog de Éric Chevillard:
Je suis aussi un fin psychologue, voici ma dernière théorie : un enfant sans inhibition, sans timidité, tout de suite adapté et sociable, va grandir dans le groupe, dans la bande, acquérir par conséquent des réflexes et des comportements d’animal grégaire, pur produit de son époque, parfaitement à sa place dans le système, conforme aussi à ce que celui-ci attend de lui, sans originalité, tout en surface, un consommateur docile, une tête creuse… tandis que l’enfant rechigné, solitaire, complexé, sera bien obligé de se tenir à lui-même compagnie et donc de se rendre intéressant, il s’instruira, il apprendra à se connaître, il développera son sens critique. L’intelligence a autrefois connu l’humiliation et l’ennui ; la bêtise nous parle encore de son enfance heureuse.
mercredi 13 janvier 2010
Locos
Presqu'île de Gien, mars 2009
Je me souviens des locomotives à vapeur. Quand j'étais petit il y en avait encore sur les lignes de la SNCF. Quand on allait prendre le train à Port-Boulet, sur la ligne de Tours à Nantes, on prenait des trains "grandes lignes" tractés par des locomotives à vapeur. Oh, pas longtemps, c'était la fin des locos à vapeur, elles ont disparue rapidement, avant mes dix ans. On ne les prenait pas souvent, ces trains, juste pour aller à Angers, rarement, l'hiver seulement quand il était imprudent de prendre la voiture. Je me souviens que nous attendions le train sur le quai de la gare de Port-Boulet, la ligne était parfaitement rectiligne et l'on apercevait la fumée de la locomotive avant le train lui-même à l'horizon, là où se perdait la vue, et la locomotive elle-même était un point noir qui grossissait inexorablement à mesure qu'il se rapprochait de nous. Elles étaient très impressionnantes les locomotives à vapeur, c'étaient des monstres noirs, roues, essieux et arbres de métal bien graissés et rutilants qui semblaient un délicat mouvement d'horlogerie animé par une puissance tellurique. Et ça fumait, sifflait, brûlait, vibrait de puissance au démarrage. Mon frère, à Angers, m'emmenait sur un pont sur les voies au sortir de la gare Saint-Laud — comme le Pont de l'Europe à Paris enjambe les voies de la gare Saint-Lazare — pour admirer le passage de ces fiers engins à la tête de trains de marchandises ou de voyageurs. Quand le train passait on était enveloppé par la vapeur de la locomotive, nous disparaissions et notre monde disparaissait dans un nuage chaud qui se dissipait rapidement et le monde était visible à nouveau quelques instants après le passage du train. Je me demande si le plaisir que j'éprouve à voir les fusées décoller (je ne rate que rarement un lancement de navette spatiale) n'est pas lié un peu au souvenir des locos à vapeur. Celles-ci vivaient leurs derniers jours dans mon enfance, elles ont vite été remplacées par des locomotives diesels et par le Turbotrain, un train automoteur équipé d'une turbine qui faisait le bruit d'un Boeing au décollage et qui consommait énormément de fioul, à tel point qu'il fut définitivement mis au rencard après le choc pétrolier de 1974.
Je me souviens des locomotives à vapeur. Quand j'étais petit il y en avait encore sur les lignes de la SNCF. Quand on allait prendre le train à Port-Boulet, sur la ligne de Tours à Nantes, on prenait des trains "grandes lignes" tractés par des locomotives à vapeur. Oh, pas longtemps, c'était la fin des locos à vapeur, elles ont disparue rapidement, avant mes dix ans. On ne les prenait pas souvent, ces trains, juste pour aller à Angers, rarement, l'hiver seulement quand il était imprudent de prendre la voiture. Je me souviens que nous attendions le train sur le quai de la gare de Port-Boulet, la ligne était parfaitement rectiligne et l'on apercevait la fumée de la locomotive avant le train lui-même à l'horizon, là où se perdait la vue, et la locomotive elle-même était un point noir qui grossissait inexorablement à mesure qu'il se rapprochait de nous. Elles étaient très impressionnantes les locomotives à vapeur, c'étaient des monstres noirs, roues, essieux et arbres de métal bien graissés et rutilants qui semblaient un délicat mouvement d'horlogerie animé par une puissance tellurique. Et ça fumait, sifflait, brûlait, vibrait de puissance au démarrage. Mon frère, à Angers, m'emmenait sur un pont sur les voies au sortir de la gare Saint-Laud — comme le Pont de l'Europe à Paris enjambe les voies de la gare Saint-Lazare — pour admirer le passage de ces fiers engins à la tête de trains de marchandises ou de voyageurs. Quand le train passait on était enveloppé par la vapeur de la locomotive, nous disparaissions et notre monde disparaissait dans un nuage chaud qui se dissipait rapidement et le monde était visible à nouveau quelques instants après le passage du train. Je me demande si le plaisir que j'éprouve à voir les fusées décoller (je ne rate que rarement un lancement de navette spatiale) n'est pas lié un peu au souvenir des locos à vapeur. Celles-ci vivaient leurs derniers jours dans mon enfance, elles ont vite été remplacées par des locomotives diesels et par le Turbotrain, un train automoteur équipé d'une turbine qui faisait le bruit d'un Boeing au décollage et qui consommait énormément de fioul, à tel point qu'il fut définitivement mis au rencard après le choc pétrolier de 1974.
Storytelling
Quemenès, aout 2009.
L'une des choses qui unit les humains sur la terre entière c'est le goût pour les histoires. Chaque homme a probablement dans ses gènes ce goût des histoires. La Bible est un recueil d'histoires, certaines très anciennes, qui racontent l'histoire de l'humanité et celle du peuple juif. Comme tous les mythes qui sont aussi des histoires que se racontent les hommes. Jésus s'exprimait volontiers en paraboles, si l'on en croit les Evangiles (quatre histoires de la vie de Jésus) parce qu'il croyait aux vertus des histoires et au fait qu'elles s'inscrivent bien mieux dans le cerveau des gens que les raisonnements et les préceptes. Homère racontait magnifiquement à ses contemporains l'histoire du siège de Troie et les aventures d'Ulysse qui ne voulait qu'une chose: rentrer chez lui retrouver sa maison, sa femme et son fils (et son chien). Les gens adorent les histoires. Mes petits neveux feraient beaucoup pour qu'on leur raconte une histoire (ils m'en réclament tout le temps, et je me sens coupable de ne pas en avoir assez en réserve pour leur en raconter plus souvent). Pas étonnant que le storytelling (l'art de raconter des histoires) envahisse tout, la politique, les affaires, la psychologie, les sciences humaines, et même l'armée ou la technologie. Pas étonnant que les blogs aient du succès, non seulement ceux qui distribuent de l'information mais aussi ceux qui racontent des histoires (et ceux qui distribuent de l'information souvent racontent aussi des histoires). Je serais le dernier à m'en plaindre car moi aussi j'adore les histoires, j'aime les lire et les écouter et j'aime en écrire. J'aime bien plus les romans que les essais d'une manière générale. Les livres de philosophie ou les essais de sociologie ou d'anthropologie, que je lis de temps à autre, semblent moins m'apprendre de choses, au fond, que les romans, ou plus exactement l'information distillée à travers une histoire pénètre beaucoup mieux mon cerveau que cette même information énoncée et démontrée rigoureusement dans un essai. C'est l'incarnation qui nous marque, plus que les raisonnements. Et puis les qualités du narrateur, son savoir faire, son style, sa façon d'utiliser la langue et la syntaxe, sa façon de raconter, tout ça participe à l'histoire. La vie, les relations humaines, les sentiments et les émotions, par exemple, on les comprend mieux en lisant Proust ou l'Odyssée qu'en lisant des traités de psychologie.
L'une des choses qui unit les humains sur la terre entière c'est le goût pour les histoires. Chaque homme a probablement dans ses gènes ce goût des histoires. La Bible est un recueil d'histoires, certaines très anciennes, qui racontent l'histoire de l'humanité et celle du peuple juif. Comme tous les mythes qui sont aussi des histoires que se racontent les hommes. Jésus s'exprimait volontiers en paraboles, si l'on en croit les Evangiles (quatre histoires de la vie de Jésus) parce qu'il croyait aux vertus des histoires et au fait qu'elles s'inscrivent bien mieux dans le cerveau des gens que les raisonnements et les préceptes. Homère racontait magnifiquement à ses contemporains l'histoire du siège de Troie et les aventures d'Ulysse qui ne voulait qu'une chose: rentrer chez lui retrouver sa maison, sa femme et son fils (et son chien). Les gens adorent les histoires. Mes petits neveux feraient beaucoup pour qu'on leur raconte une histoire (ils m'en réclament tout le temps, et je me sens coupable de ne pas en avoir assez en réserve pour leur en raconter plus souvent). Pas étonnant que le storytelling (l'art de raconter des histoires) envahisse tout, la politique, les affaires, la psychologie, les sciences humaines, et même l'armée ou la technologie. Pas étonnant que les blogs aient du succès, non seulement ceux qui distribuent de l'information mais aussi ceux qui racontent des histoires (et ceux qui distribuent de l'information souvent racontent aussi des histoires). Je serais le dernier à m'en plaindre car moi aussi j'adore les histoires, j'aime les lire et les écouter et j'aime en écrire. J'aime bien plus les romans que les essais d'une manière générale. Les livres de philosophie ou les essais de sociologie ou d'anthropologie, que je lis de temps à autre, semblent moins m'apprendre de choses, au fond, que les romans, ou plus exactement l'information distillée à travers une histoire pénètre beaucoup mieux mon cerveau que cette même information énoncée et démontrée rigoureusement dans un essai. C'est l'incarnation qui nous marque, plus que les raisonnements. Et puis les qualités du narrateur, son savoir faire, son style, sa façon d'utiliser la langue et la syntaxe, sa façon de raconter, tout ça participe à l'histoire. La vie, les relations humaines, les sentiments et les émotions, par exemple, on les comprend mieux en lisant Proust ou l'Odyssée qu'en lisant des traités de psychologie.
lundi 11 janvier 2010
feeling fine
Passé pas mal de temps aujourd'hui sur le site du livre We Feel Fine que je trouve particulièrement beau et intéressant. Je vais me l'acheter sur Amazon, il me semble que c'est le livre d'une époque et d'un médium, ce qu'on appelle, peut-être à tort ou faute de mieux, le web 2.0. J'ai fait une recherche "I feel" sur Twitter et j'ai trouvé des messages amusants, émouvants, inquiétant, sentimentaux, ou d'autres qui m'ont moins plu. C'est une petite expérience à faire.
L'un des deux auteurs de We Feel Fine s'appelle Jonathan Harris et son site personnel est passionnant autant que très bien fait. Il publie chaque jour une image avec commentaires et ses photos sont magnifiques.
J'utilise Spotify depuis quelques jours avec beaucoup de bonheur, le choix de musique en streaming est énorme et je m'efforce d'écouter beaucoup de choses dans des genres différents. Pour les amateurs de musique classique il y a un choix très important et les amateurs de jazz seront comblés. Bien sûr tous les autres genres sont très bien représentés. Vraiment beaucoup de musique et une très bonne qualité de streaming.
Voir le site du photographe Vincent Fournier, des images spectaculaires et très belles (dommage que le site soit tout en Flash).
Et puis il est arrivé une mésaventure à Meg Pickard, un malotru a piqué une de ses photos sur Flickr et se l'est attribué (allant jusqu'à mettre un watermark affirmant sa propriété sur la photo) sur son site. Un autre photographe s'est rendu compte aussi de la supercherie. À ma connaissance personne ne m'a encore piqué de photo (mais je n'ai pas envie de tout vérifier avec Tiny Eye pour le savoir), du moins sans mentionner que l'image était de moi ou bien en se l'appropriant (ce qui est à mon avis plus grave que de l'utiliser sans mentionner le nom de l'auteur). Ce qui est assez inouï c'est que l'indélicat en question a reçu sans sourciller sur sa page Facebook nombre de compliments pour ses magnifiques photos et pour son "oeil" photographique incroyable alors que les photos ne sont probablement pas de lui!
dimanche 10 janvier 2010
fantômes
Des gens ont vécu dans ces murs qui n'existent plus et dont ne reste plus que l'empreinte des papiers peints. Qu'y avait-il derrière ce mur que le trou a mis à jour? Une pièce secrète? Un couloir dissimulé?
démolition
Il règne un grand vent de rénovation dans mon quartier. Il y a des chantiers partout et soit on démoli et on reconstruit soit on rénove. Même l'immeuble où j'habite va y passer (à la rénovation bien sûr, pas à la destruction), ça sera un chantier gigantesque, autant l'intérieur que l'extérieur va être entièrement ravalé mais mon immeuble en a vraiment besoin et le plus vite possible tant la vétusté commence à être inquiétante. En attendant la destruction laisse place aux empreintes des bâtiments détruits et aux grapheurs dont j'admire la rapidité à investir les murs, même élevés.
quelques flocons
Il ne neige jamais beaucoup à Paris, et cette fois non plus, juste un léger voile qui s'est vite transformé en bouillie marron très moche. Nous avons eu des chutes de neige toute la semaine dernière mais aucune n'a tenu au sol, ou si peux. Pourtant ce matin il restait des traces de neige sur les feuilles et sur les branches de sapin dans le jardin.
vendredi 8 janvier 2010
mercredi 6 janvier 2010
Supertramp
Fait trop froid pour ouvrir les rafraîchissements (Paris, le 4 janvier 2010).
Je ne sais plus qui me disait l'autre jour que Supertramp était un groupe des années 80, ça m'a surpris et c'était faux: "Crime of the Century" date de 1974, "Crisis What Crisis" date de 1975,"Even In The Quietest Moment" de 1977 et "Breakfast In America" de 1979. Je me disais bien aussi. Ça ne correspondait pas à mes souvenirs.
En 1978 quand j'ai découvert Supertramp j'étais étudiant en droit à Poitiers. J'habitais chez Marie-Odile Souchard-Berthon, une artiste peintre et céramiste myopathe qui vivait au rez de chaussée de l'immense maison familiale, l'ancien couvent dit des "Filles repenties", rue des Feuillants. Je louais une chambre au premier étage de cette maison délabrée et étrange qui tombait en ruine de partout et était loin d'être aux normes d'électricité et d'hygiène (il faudra un jour que je décrive les WC et les multiples péripéties que j'ai connu avec ceux-ci, quasiment une légende). Il y avait une cour intérieure en mezzanine sur une autre cour intérieure (en dessous), un seul étage au-dessus du rez de chaussée mais aussi un entresol et trois étages de caves immenses et caverneuses et un grand jardin en friche. Quand on entrait on suivait d'abord un grand couloir le long des ateliers utilisés pour les fours à céramiques, on traversait l'étrange cour en mezzanine et on pénétrait enfin dans la maison proprement dite. Un escalier en pierre en spirale de toute beauté vous conduisait à l'étage où les trois chambres étaient louées à des étudiants. Dans l'entresol il y avait les chambres du personnel de maison, "les deux petites bonnes" dont l'état de la propriétaire exigeait la présence en permanence.
En 1978 il n'y avait que deux étudiants à louer les chambres, mon copain Jean-Paul L*** et moi. Je n'étais pas tellement porté vers Supertramp à l'époque, mes goûts étaient alors dirigés vers les Doors, Pink Floyd, Deep Purple, Yes, Genesis, le jazz et en particulier Chick Corea et la musique "électronique planante" de Klaus Schülze et Tangerine Dream. Jean-Paul L*** lui, était un gars de la campagne aux goûts simples, il aimait les trucs commerciaux, le Disco (il allait guincher dans les bals de campagne tous les samedis) et les Bee Gees. C'est lui qui apporta un jour — il l'avait reçu en cadeau de Noël — "Even In The Quietest Moment" de Supertramp. La galette de vinyl passa alors pendant des semaines sur sa stéréo, en boucle. À force, je me suis mis à aimer ça. En 1979 il remis ça avec "Breakfast In America" et entretemps nous nous étions procurés "Crime of the Century" et son slow d'enfer: "Hide In Your Shell".
Jean-Paul (dit Popaul) partis en juin 79, il fut remplacé par Patrick K*** et par une fille dont je ne me rappelle plus le nom qui fumait énormément de cannabis sous toutes ses formes (en feuille, en poudre, en résine, en graines même), picolait sec, écoutait Robert Wyatt et le "Soft Machine", se baladait dans la maison en pyjama (ce qui nous faisait méchamment fantasmer), ramenait des gens louches dans sa chambre et méprisait hautement Supertramp qui passa d'ailleurs rapidement de mode.
Je ne sais plus qui me disait l'autre jour que Supertramp était un groupe des années 80, ça m'a surpris et c'était faux: "Crime of the Century" date de 1974, "Crisis What Crisis" date de 1975,"Even In The Quietest Moment" de 1977 et "Breakfast In America" de 1979. Je me disais bien aussi. Ça ne correspondait pas à mes souvenirs.
En 1978 quand j'ai découvert Supertramp j'étais étudiant en droit à Poitiers. J'habitais chez Marie-Odile Souchard-Berthon, une artiste peintre et céramiste myopathe qui vivait au rez de chaussée de l'immense maison familiale, l'ancien couvent dit des "Filles repenties", rue des Feuillants. Je louais une chambre au premier étage de cette maison délabrée et étrange qui tombait en ruine de partout et était loin d'être aux normes d'électricité et d'hygiène (il faudra un jour que je décrive les WC et les multiples péripéties que j'ai connu avec ceux-ci, quasiment une légende). Il y avait une cour intérieure en mezzanine sur une autre cour intérieure (en dessous), un seul étage au-dessus du rez de chaussée mais aussi un entresol et trois étages de caves immenses et caverneuses et un grand jardin en friche. Quand on entrait on suivait d'abord un grand couloir le long des ateliers utilisés pour les fours à céramiques, on traversait l'étrange cour en mezzanine et on pénétrait enfin dans la maison proprement dite. Un escalier en pierre en spirale de toute beauté vous conduisait à l'étage où les trois chambres étaient louées à des étudiants. Dans l'entresol il y avait les chambres du personnel de maison, "les deux petites bonnes" dont l'état de la propriétaire exigeait la présence en permanence.
En 1978 il n'y avait que deux étudiants à louer les chambres, mon copain Jean-Paul L*** et moi. Je n'étais pas tellement porté vers Supertramp à l'époque, mes goûts étaient alors dirigés vers les Doors, Pink Floyd, Deep Purple, Yes, Genesis, le jazz et en particulier Chick Corea et la musique "électronique planante" de Klaus Schülze et Tangerine Dream. Jean-Paul L*** lui, était un gars de la campagne aux goûts simples, il aimait les trucs commerciaux, le Disco (il allait guincher dans les bals de campagne tous les samedis) et les Bee Gees. C'est lui qui apporta un jour — il l'avait reçu en cadeau de Noël — "Even In The Quietest Moment" de Supertramp. La galette de vinyl passa alors pendant des semaines sur sa stéréo, en boucle. À force, je me suis mis à aimer ça. En 1979 il remis ça avec "Breakfast In America" et entretemps nous nous étions procurés "Crime of the Century" et son slow d'enfer: "Hide In Your Shell".
Jean-Paul (dit Popaul) partis en juin 79, il fut remplacé par Patrick K*** et par une fille dont je ne me rappelle plus le nom qui fumait énormément de cannabis sous toutes ses formes (en feuille, en poudre, en résine, en graines même), picolait sec, écoutait Robert Wyatt et le "Soft Machine", se baladait dans la maison en pyjama (ce qui nous faisait méchamment fantasmer), ramenait des gens louches dans sa chambre et méprisait hautement Supertramp qui passa d'ailleurs rapidement de mode.
dimanche 3 janvier 2010
Mémoire des jardins
Les deux Jacques, Roubaud et Réda, réunis. Mes mentors du moment (sans oublier Cingria et Bouvier).
Il m'est revenu l'autre jour, lors d'un repas familial, le souvenir des jardins que ma mère entretenait à Chinon. Ces souvenirs sont brumeux, partiels, ils ne sont fait que d'images qui me reviennent, aucune sensation, aucune odeur, aucun bruit. C'est étrange cette particularité du souvenir chez moi, des images et encore, des images furtives, des instantanés, des clichés et rien d'autre, rien. En tout cas certains souvenirs, car pour d'autres, plus récents, j'ai le son en plus. Mais pour l'enfance que des images. Je me souviens donc du jardin que nous avions en haut de la rue Jeanne D'Arc. La rue Jeanne D'Arc était une rue en pente très raide, pavée d'énormes blocs irréguliers et terriblement casse-gueules, montant au château depuis la vieille ville, et partant du puis où selon la légende, en descendant de son cheval, venue pour secouer les puces au Roi de France Charles VII et lui rappeler que son devoir était d'aller se faire couronner à Reims et ensuite de bouter les Anglais hors de France plutôt que de fainéanter avec sa cour dans les logis royaux du château de Chinon; Jeanne D'arc la Pucelle donc, mis le pied sur la margelle de ce puis qu'on peut encore de nos jours admirer, sinon toucher. En haut de cette rue, un peu en dessous de la jonction de la rue Jeanne D'Arc et de la rue du Puy des Bans, était donc un jardin en terrasse, deux étages de terrasses même. Je revois une image brumeuse de ce jardin, une image visant vers l'Est, en arrière plan la partie Est du paysage de la ville que nous dominions de notre position sur le coteau, la gare dans le lointain et la Vienne se glissant entre les champs et les plantations de peupliers. Je me rappelle aussi qu'il y avait sur la deuxième terrasse de ce jardin un cerisier qui donnait des bigarreaux, plein d'asticots ou de vers, en tout cas bien appétissants mais réservant quelques surprises. Et qu'une fois il y eu des frelons. Très craints par ma mère et par moi-même les frelons. Et c'est tout. Et encore j'ai complètement oublié l'existence de ce jardin pendant trente ans au moins, ça m'est revenu le 1er janvier. L'autre jardin je ne m'en souviens guère plus. Il était dans l'Île. L'Île avec une majuscule c'est "l'Île de Tours" à Chinon qui s'étend au milieu de la rivière, de forme allongée et très bas sur l'eau elle est régulièrement inondée l'hiver. Elle était occupée dans le temps, plus maintenant, par de petits jardins potagers. Nous en avions loué un je crois, plutôt d'agrément celui-ci, au milieu duquel il y avait une cabane en planches. Je vois l'image de la cabane en planche et de l'entrée du jardin, un portail en bois. Je me souviens que nous allions dans ce jardin l'été ou à la fin du printemps, c'était plat et humide et il y avait des moustiques le soir, il me semble. Nous allions nous baigner dans la Vienne au bout de l'Île avec ma soeur, je revois ça aussi, comme une petite vidéo (je ne trouve pas mieux comme comparaison). Il me semble pourtant, mais ni mon frère ni ma soeur ne confirment, que ma mère et moi allions aussi dans un autre jardin sur le coteau, dans une boucle du chemin appelé "le Tire-Jarret" qui serpente à l'assaut du coteau et qui tire son nom de sa raideur.
samedi 2 janvier 2010
Rocs
Paris, le 2 janvier 2010.
Je dirais volontiers que ceci est mon jardin. C'est le jardin de la résidence où j'habite, un bien grand mot pour une association d'immeubles de douze étages chacun d'aspect extérieur semblable (et vétuste) plantés dans un terrain vaguement aménagé en jardin et très peu entretenu ce qui lui donne ce petit coté sauvage et négligé que justement j'aime bien. Il y a, dans ce jardin que je ne me lasse pas de photographier à chaque fois que je mets le nez dehors, plusieurs de ces rochers posées aux coins des massifs d'herbe (on ne dira pas des pelouses, ça serait trop) dont on se demande si ils ont une fonction autre que décorative (mais ils ne décorent pas grand chose) et d'où ils viennent. Elles pourraient, ces pierres solitaires, venir des restes d'une tentative de créer un jardin zen dans le genre de celui du Ryoan-Ji à Kyoto, mais j'en doute. Ils pourraient ces rocs servir de bornage comme on borne les champs à la campagne, mais ici borner quoi? Certes nous sommes proche des "grandes carrières", ces excavations où le Paris du 19ème siècle a puisé les pierres de ses immeubles bien connus, mais il ne me semble pas que ces rocs viennent du sous-sol parisien. En tout cas le sous-sol du jardin lui, les géologues sont formels, est uniquement composé de sable et à moins que ces rocs soient en fait de gros grains de sable avant fragmentation et réduction il est peut probable qu'ils proviennent de notre sous-sol. Nous sommes en fait sur les terrains du bas de la colline de la Goutte d'Or, colline petite soeur de celle de Montmartre et dans son prolongement Est, qui se serait mollement atténuée vers le canal de l'Ourcq si elle n'avait pas été tranchée par les voies de chemin de fer de la Gare du Nord près desquelles ma "résidence" fut construite. J'ai bien peur qu'on ne sache plus d'où viennent ces rochers, mais ça n'a évidemment pas beaucoup d'importance.
Retour à l'urbain
Tours, le 1er janvier 2010, dans le TER Centre.
Retour à la maison après une semaine de vacances à la campagne. En arrivant écouter "la Superbe" de Benjamin Biolay, vous ai-je dit que c'était un album magnifique? Bon, si je le dis je le répète, il le vaut bien.
Le retour euphorique, presque. Joie enfantine de retrouver le TGV, ma Gare Montparnasse, mon appart' bien chaud, mon lit et GrosMac. Joie de retrouver Paris. Pas du tout la même chose que quand je rentre de New York ou de Houston où là cafard de retrouver Paris avec tout ce qui me déplaît dans cette ville. Quand je rentre de la campagne retrouver Paris c'est retrouver ma ville, chez-moi. Rentrer des USA c'est avoir quitté pour un temps indéfini mon pays de coeur. Ce n'est pas d'ailleurs que je n'aime pas aller à la campagne, que je n'aime pas aller voir ma famille, non pas du tout, c'est qu'à la campagne je ne suis pas "chez moi" au sens large, que j'y suis un étranger, d'une certaine façon. L'urbain et tout ce qui l'évoque (technologie, béton, électricité, activité) est le milieu avec lequel je me sens le plus en relation de connivence et de familiarité, c'est mon biotope.
Haïkus d'hiver pour le nouvel an
De passage en ce monde
on s'abrite comme on peut
de la pluie d'hiver
Sogi
Se réveiller vivant en ce monde
quelle joie !
la pluie d'hiver
Shoha
Comme l'un d'entre nous
le chat, assis
fête de fin d'année
Issa
Cette année
même cette année
touche à sa fin
Yasui
Premier rêve de l'année
je t'ai gardé secret
seul, j'ai souri
Shôu
Vent d'hiver
solitaire
la lune roule dans le ciel
Meisetsu
(Haïkus trouvés dans le recueil "On se les gèle", éditions Moundarren, traduits du japonais par Hervé Collet et Cheng Wing Fun)
vendredi 1 janvier 2010
adieu 2009
2009 aura été une année correcte dans l'ensemble. Trois voyages aux Etats-Unis, un travail toujours aussi intéressant, la famille et les amis chers en bonne santé et pas de grands drames. Des tristesses de l'année on se souviendra d'Alphonse le chat, de quelques inquiétudes pour des gens que j'aime et d'une brouille avec quelqu'un que j'aimais bien.
Je re-poste cette image de petit Pol poussant son vélo dans les sentiers de l'été, c'est une photo que j'aime beaucoup.
Allez dans la beauté, toujours...
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