mardi 10 novembre 2020

Empoisonner le puit

Hier, Trump a limogé le secrétaire à la défense Mark Esper et l'a remplacé par un loyaliste, Chris Miller, Trump envisagerait également de limoger le directeur du FBI Christopher Wray et la directrice de la CIA Gina Haspel. Mitch McConnell est déterminé à garder le contrôle du Sénat et il a défendu la contestation de l'élection par Trump, bien qu'il n'ait pas explicitement dit qu'il pensait que l'élection avait été frauduleuse. Il continuera ainsi jusqu’au deuxième tour des élections sénatoriales en Géorgie, mais je pense qu’il ne tient pas à perdre les suffrages des quatre ou cinq sénateurs républicains modérés qui ont déjà reconnu Biden comme président-élu. Bill Barr le ministre de la Justice, a ordonné aux procureurs fédéraux d’enquêter sur les fraudes électorales supposées tout en leur signifiant de ne pas considérer les demandes qui leur sembleraient frivoles. McConnell et Barr se réservent donc des motifs de plausible déni si les choses tournaient vraiment mal tout en satisfaisant Trump. 

Tous ces signaux sont inquiétants, certes, et il est possible que Trump et ses acolytes fomentent un coup d’État, mais à mon sens c’est peu probable car trop difficile à mettre en œuvre. Les Etats-Unis ne sont pas le Brésil ou le Venezuela. La démocratie est bien enracinée dans les mœurs politiques, la constitution est solide et assure la séparation des pouvoirs et elle est considérée comme quasiment un texte sacré. L’armée est neutre et les officiers qui la commandent ne sont pas tentés par le pouvoir, de plus le mépris avec lequel Trump les traite en pratique ne lui attire pas plus que ça la sympathie. 

Les attaques de Trump fonctionnent pourtant : de nouveaux sondages montrent que 7 électeurs républicains sur 10 pensent maintenant que l'élection de 2020 était illégitime. Et là est le plus grand danger pour la démocratie américaine. Je crois que, plus que faire un coup d’État, Trump à l’intention de délégitimer la présidence de Joe Biden, de susciter le doute sur sa victoire au point d’entraver fortement ses actions après le 20 janvier. Dans quel but ? Revenir en 2024, bien sûr.