mercredi 11 novembre 2020

Le but de la manoeuvre

Lors d'une élection impliquant près de 150 millions d'électeurs, on peut toujours trouver des irrégularités: quelques bulletins égarés, quelques erreurs, des votes non comptés, ou même des petites fraudes électorales ici ou là, concernant quelques dizaines de votes. Si les acolytes de Trump cherchent bien, ils vont certainement en trouver quelques unes. Mais ce que l'équipe de Trump doit prouver ce n'est pas qu'un mort à Detroit (Michigan) a voté pour Biden ou que quinze bulletins ont été perdus en Pennsylvanie, ou que quelques bulletins de vote ont été mal dépouillés à Milwaukee (Wisconsin) . Les avocats de Trump doivent prouver qu'il y a eu suffisamment de fraude électorale ou d'erreurs de comptage pour renverser l'avance de Biden dans une demi-douzaine d'États où elle s'élève à des milliers, voire des dizaines de milliers de voix. Cela signifierait des malversations ou des erreurs généralisées dans plusieurs États. C'est ce qu'essaie de faire croire la Maison Blanche mais ils n'ont aucune preuve de ce qu'ils avancent, pour une bonne raison : les chances de prouver une fraude à un niveau aussi grand sont inexistantes. 

Le but de la manœuvre est de bâtir un récit, une fiction, pour d'une part soigner l'ego blessé de Donald Trump et d'autre part pour entretenir le doute sur la légitimité de la présidence de Biden.

Le résultat du scrutin et la victoire de Biden / Harris sera actée lorsque le collège électoral se réunira pour voter, à la mi-décembre. Les recours judiciaires seront probablement résolus avant cette date (quelques-un l'ont déjà été). L'investiture de Joe Biden et Kamala Harris aura lieu le 20 janvier 2021. 

Mais la fiction d'une élection volée, en revanche, sera entretenue, rabâchée et finira pas être vue comme une vérité par les partisans de Trump, les électeurs républicains et une grande partie des 70 millions d'électeurs qui ont voté Trump, ils voudront redresser les torts en 2024. Trump pourra alors se représenter, comme la constitution l'autorise à le faire. 

Mais peut-être que je me fais un film, moi aussi, et que Trump ne voit pas aussi loin ni aussi finement. Peut-être croît-il qu'il peut vraiment garder le pouvoir, au besoin en faisant une sorte de coup d'État. Je veux croire que ça serait voué à l'échec dans un pays comme les États-Unis.