Sarkozy. On ne peut s'empêcher de lui reconnaître du courage et de l'obstination voire de l'opiniatreté, même si, comme moi, on ne peut pas le voir en peinture. Après avoir gouverné la France pendant cinq ans avec plus ou moins de succès, avoir été l'objet de toutes les insultes, railleries, rumeurs et médisances, avoir été battu aux présidentielles et après tous les déboires judiciaires qu'il a subi, le voilà qui se prépare à re-gravir tous les échelons — à commencer par la présidence de l'UMP — pour conquérir, sans nul doute, l'échelon suprême : la présidence de la république. Il faut quand même en vouloir ! À moins qu'il ne souffre d'addiction — le pouvoir, les feux de la rampe sont une drogue dont il est difficile de se départir. À moins qu'il soit sincère quand il dit qu'il n'a pas le choix, croyez-vous que c'est le devoir qui l'appelle où que c'est pour tenir à distance les diverses affaires judiciaires qui le menacent ? J'ai vu qu'il essayait de nous refaire le coup de "j'ai changé", qu'il a fait plusieurs fois sans jamais changer vraiment. Qui peut encore le croire ? Qui, à part quelques groupies umpistes pour lesquelles il reste l'homme providentiel, peut encore sincèrement lui faire confiance ?
Prendre la tête de l'UMP c'est une chose, et il va probablement y arriver. Après, s'y maintenir trois ans et gagner les primaires, ç'en est une autre. Et là il va avoir fort à faire. Une scission de l'UMP n'est pas exclue au cas où il s'imposerait avec une courte majorité dans ces primaires et encore plus sûrement s'il refusait d'organiser des primaires ou si, encore, les élections étaient (euphémisme) contestables. Et quand on connaît, comme on l'a vu en 2012, les pratiques électorales internes de l'UMP, où le bourrage des urnes et le comptage "à la grosse" sont monnaies courantes, cela pourrait bien arriver.
Le cauchemar, pire qu'en 2002, serait d'avoir à choisir au deuxième tour des élections présidentielles de 2017, entre Marine Le Pen et Sarkozy. Je voterai Sarkozy bien sûr, mais ça me ferait sacrément mal.