" Au fond, il y a deux voies : accepter ou refuser. Et chacun refuse d’abord. Comment ne pas refuser ce qui refuse de nous satisfaire? Comment ne pas refuser la mort, quand on veut vivre? La solitude, quand on veut être aimé? La tristesse, quand on veut le bonheur? Nous voudrions que le réel satisfasse nos désirs et nous constatons que ce n’est pas le cas ; alors, nous refusons le réel. Quel nourrisson ne pleure quand le sein se retire? Quel homme, quelle femme, quand l’amour s’en va? Pauvres petits enfants avides et frustrés que nous sommes! Toujours à chercher un sein, à nous y accrocher, quand le monde entier est là et se donne! Il suffirait de lâcher prise, d’accepter le sevrage, la séparation et c’est ce que nous ne savons pas faire. Quand la vie est décevante (elle l’est toujours pour qui espère), nous pensons que c’est la vie qui a tort. De là, ce que Prajnanpad appelle " le mental " qui est comme un double du réel que le désir s’invente pour se protéger de l’original. C’est la pensée, en tant qu’elle nous sépare du vrai. C’est le discours intérieur, en tant qu’il nous sépare du réel et du silence. C’est la vie rêvée, en tant qu’elle nous sépare de la vie et du bonheur. Tout le malheur des hommes vient de leur propension à décoller du réel, à s’installer en imagination ailleurs que là où ils sont, en somme, et de leur incapacité congénitale à épouser le contour mouvant des circonstances. "
André Comte-Sponville
Comme un mantra joyeux, ce sont des phrases que je me répête...