samedi 28 avril 2007

mac

C'est la première fois que j'utilise un mac, un Imac. L'écran est magnifique et rend très bien les photos, ça me fait envie rien que pour ça, par contre je n'aime pas du tout le clavier, j'ai été un moment à rechercher la touche @, la touche -, et je trouve que les touches ne sont pas assez sensibles, il faut taper dessus comme un sourd pour arriver à écrire, enfin c'est peut-être ce clavier là ou qu'il est mal réglé (peut-être peut-on le régler? je ne sais pas trop) il faudrait que j'essaie mais comme ce n'est pas mon appareil je ne veut pas non plus faire trop de réglages "à ma main". Sinon, oui, j'adore la luminosité de l'écran, c'est vraiment magnifique. Cependant pour le prix je ne sais pas si l'écran en vaut tant que ça, on me dit que si, que c'est incomparable, bon je veux bien. L'utilisation de Safari est très instinctive mais je trouve néanmoins Safari moins pratique que Firefox pour tout un tas de petits détails que j'aime sur Firefox et mes extensions familières de Firefox me manquent un peu. L'Imac est remarquablement silencieux aussi ça c'est un atout et une grosse différence avec mon PC qui fait à peu près le bruit d'une moissoneuse batteuse! (Tiens la touche ! n'est pas au même endroit que sur un PC non plus).

vendredi 27 avril 2007

soliloques du temps passé (2)

Penché à la fenêtre dans mon appartement parisien dans le haut d'une barre de béton qui domine le nord de Paris, je regardais la vie de la ville et je pensais au son du vent dans les pins de St Brévin, un son très particulier presque constant qui ressemble au son de la mer et du ressac, je pensais au son du vent dans les pins à St Brévin et je pouvais presque l'entendre en me concentrant, penché à la fenêtre, me disais-je. Et il fallait juste fermer les yeux, penché à ma fenêtre dans le ciel parisien, pour voir les nuages de pollen de pin qui se déplaçaient exactement comme des nuages bas, des nuages extrêmement denses de pollen de pin, jaunes, tourbillonnant ou planant entre les pins et retombant en pluie sur toutes les choses, le sol, les allées, les toits de tuiles, les terrasses, les objets qui restaient dehors, les voitures, les feuilles et formant une mince pellicule jaune qui devenait un peu gluante avec l'humidité, le pollen de pin qui recouvrait tout et colorait tout en jaune. C'est sans doute pour ça, le son dans les branches de pins, les nuages de pollen jaune, et aussi la résine qui collait aux doigts et l'odeur des pins et les aiguilles de pins vertes ou marrons quand elles étaient mortes et les bourgeons pelucheux et les pommes de pins, les cônes durs et compacts et légèrement gluants de résine et les vieilles pommes de pins aux pétales qui s'éclataient et laissaient partir au vent leurs graines munies d'une petite aile diaphane, que j'aime tant les pins maritimes, que c'est mon arbre de loin favori et que bien que je ne croie guère à la métempsycose je voudrais si possible être réincarné en grand pin maritime se balançant doucement dans le vent, me disais-je penché à ma fenêtre dans le ciel parisien. Les pins se balançaient majestueusement dans le vent et quand il y avait beaucoup de vent on les entendait craquer, grincer, gémir, il pliaient, se courbaient sous la force du vent mais jamais ils ne rompaient, ils étaient souples et grands les pins, qui sont encore à St Brévin, mais moi je n'y suis plus pour les voir et entendre le son du vent et la plainte des grands pins maritime dans la tempête (mais je deviens lyrique penché à ma fenêtre dans le ciel parisien). Ils étaient habité, les pins maritimes en grand nombre à St Brévin, par des écureuils roux, pas des écureuils américains gris, des écureuils européens roux qui vivent dans les arbres et qui se nourrissent de graines de pin qu'ils extraient des pommes de pin avec leurs incisives. Et je pensais, penché à ma fenêtre dans le ciel parisien, aux écureuils qui se poursuivaient — ces animaux n'arrêtent pas de se battre — le long des troncs et de branches en branches et d'arbres en arbres, le ciel était plein d'écureuils qui se manifestaient souvent en laissant tomber au sol, de dix mètres de haut, des pommes de pins à peine entamées qui tombaient au sol comme de petites bombes sans prévenir car les écureuils pour une raison ou une autre et peut-être bien par pure maladresse, bien que ces animaux semblassent d'une adresse incroyable, les laissaient tomber et peu importe qu'il y ait quelqu'un ou non en dessous.
(à suivre)

matière de rêves / Faulkner

En ce moment je fais des rêves bizarres et un peu morbides, avec de détails très réalistes mais qui, à l'heure du réveil apparaissent comme complètement loufoques ou invraisemblables. Mes rêves, disais-je, sont tellement réalistes que je mets un long moment entre le chien et loup du réveil, le moment où l'on n'est pas encore tout à fait éveillé, où on émerge juste du sommeil et le moment où la réalité reprend son statut de réalité, à en sortir vraiment et pendant ce long moment il m'arrive de m'inquiéter de telle ou telle situation pourtant complètement onirique et parfois je me dis que la trame romanesque de mes rêves est extrêmement ingénieuse à tel point que je me dis que jamais à l'état éveillé je n'aurais des idées comme ça et qu'avec les idées romanesques de mes rêves je pourrais surement écrire une histoire voire un roman, mais je me réveille, j'ai la flemme de noter mon histoire géniale et quelques minutes après je ne me souviens plus assez précisément de quoi il s'agissait. En ce moment, disais-je, je rêve souvent d'enterrements, mais je ne me souviens jamais de qui on célèbre les obsèques, qui est dans le cercueil et qui le suit, sinon que je ne suis jamais dans le cercueil (c'est déjà ça!) mais que j'organise plus ou moins les obsèques et toujours par un temps magnifique et un soleil de plomb et une chaleur torride, un peu comme dans un roman de Faulkner. Les romans de Faulkner qui m'avaient très profondément marqués quand je les avais lu, je tiens Faulkner comme un des plus grands écrivains qui soient, un grand, un maitre. Et il s'agit toujours d'organiser les obsèques de quelqu'un avec tout un tas de péripéties compliquées et de contretemps, péripéties néanmoins extrêmement réalistes sauf par la nature des protagonistes de mon rêve d'obsèques qui sont souvent des personnes célèbres et souvent déjà mortes elles-mêmes (mais ça je ne m'en rends compte qu'une fois réveillé). Ainsi Romain Gary me pose souvent de graves problèmes et des complications sans noms, dans mes rêves d'obsèques, ainsi qu'Yves Montand, Jacques Prévert et cette nuit c'était William Faulkner lui-même avec sa petite moustache, sa petite veste en pied-de-poule, ses bottes de cheval et sa cravache (ainsi qu'il apparait sur une photo que, je ne sais pour quelle raison, j'ai en tête) qui était bel et bien vivant dans mon rêve d'obsèques, mais je ne me souviens plus ce qu'il y faisait William Faulkner dans mon rêve d'obsèques et qui on enterrait et après tout je ne tiens pas trop à le savoir, finalement.

jeudi 26 avril 2007

soliloques du temps passé (1)

Si en 1976 on n'avait plus eu à payer de droits de succession comme veut le décréter Sarkozy, on n'aurait peut-être pas été obligés de vendre la maison de St Brévin, me disais-je. Cette maison j'y ai passé mon enfance et mon adolescence, elle appartenait à ma mère et quand j'ai été enfin majeur — "enfin" c'est ce qu'ont dû se dire beaucoup de gens et en particulier l'une de mes soeurs qui voulait se séparer de cette maison parce qu'elle ne l'aimait pas, n'aimait pas y aller et voulait elle aussi avoir sa résidence secondaire pour elle toute seule — quand j'ai été enfin majeur disais-je, bien que je ne fus pas d'accord, mais n'y pouvant vraiment rien, on vendit — mes frères et soeurs et moi, vendîmes la maison pour payer les droits de succession et accessoirement pour permettre aux uns et aux autres à s'acheter qui une maison principale, qui une résidence secondaire, même si, dans le cas de ma soeur qui n'aimait pas la maison de St Brévin, ce fut un cabanon en eternit la résidence secondaire, mais enfin elle avait une résidence secondaire pour elle et sa famille toute seule au lieu d'être obligé de partager une maison de famille avec ses frères et sœurs, c'est une des composante du rêve de bonheur bourgeois et même petit bourgeois et un signe de normalité souhaitable dénotant un certain niveau de vie souhaitable, enfin souhaitable dans la façon petite bourgeoise de rêver la réalité, d'avoir un pied à terre, pour ainsi dire, à la campagne pour y loger sa petite famille nucléaire, pour ainsi dire, pendant les vacances, me disais-je. Je ne me suis jamais vraiment remis de la perte de cette maison me disais-je, il faut reconnaître que c'est le seul endroit où j'ai été vraiment heureux dans ma jeunesse. On y passait les vacances de Pâques et toutes celles d'été, à l'exception d'une semaine dans la maison de mes grands parents paternels à Nantiat dans le Limousin, endroit que j'ai toujours détesté et que je déteste toujours, une espèce de trou minable de petit village de province parfaitement ennuyeux, endormis et dépeuplé, ou plutôt seulement peuplé de tantes et d'oncles et d'arrières tantes et d'arrières oncles et de cousins en grand nombre et où je ne connaissais personne, à part mes oncles, tantes et toute une théorie de cousins, où je ne connaissais personne avec qui passer mon temps, avec qui parler, avec qui j'avais une connivence, me disais-je. Et chaque année on était obligé de passer une semaine dans ce trou, à faire la bise aux tantes qui piquent, à aller voir des cousins éloignés habitant dans des hameaux parfaitement sinistres ou dans des patelins du coin, des cousins qui étaient pour la plupart bouchers ou marchands de bestiaux et déjà je me disais que vendre des vaches pour les faire abattre et les découper en tranche avec un tablier plein de sang sur le ventre était l'un des métiers les pires qui soient, et pourtant mes cousins étaient nombreux à être marchands de bestiaux ou bouchers eux-mêmes, me disais-je. Donc, me disais-je, cette maison, la maison de St Brévin, était le seul endroit de mon enfance et de mon adolescence où j’avais été un peu heureux, avec mes copains et surtout mon copain Hervé avec qui je passais le plus clair de mon temps, à St Brévin. Il n’y avait qu’une tante qui pique à St Brévin, ma tante Jeanne que j’aimais beaucoup et qui était assez fantasque. Ma tante Jeanne habitait une maison dont le nom était La Potirelle — toute les maisons, les villas comme on disait, à St Brévin, avaient un nom, nous c’était La Devinière et ma tante Jeanne c’était La Potirelle (qui est en fait le nom d’un champignon) — non loin de la nôtre. Ma tante Jeanne avait des chiens et des chats en grand nombre et une traction avant Citroën noire très belle qu’elle conduisait aussi de façon assez fantasque avec ses chiens et ses chats installés à l’arrière de la voiture et l’intérieur de la Traction, comme on appelait sa voiture, était plein de poils de chiens et de chats et sentait le chien mouillé et la pisse de chat, me disais-je avec nostalgie car j’aimais beaucoup ma vieille tante Jeanne, la tante de ma mère, la sœur de ma grand-mère maternelle, ma grand' tante donc, qui était assez originale comme on disait, comme l’était aussi sa sœur, mon autre grand' tante Lucie et comme l'était ma grand mère maternelle que je n'ai pas connu. Ma tante Jeanne était veuve, son mari, Tonton Etienne, étant mort quand j’étais tout enfant, était cheminot et même chef de gare, lui, me disais-je. Et donc la maison de St Brévin a été vendue et son jardin tout autour avec, bien sûr. C’était un magnifique jardin planté de pins, bien sûr, de mimosas, de chênes, de chênes verts, de budléïas, de seringuas, d’une quantité de genêts, de tamaris et d’un arbousier, et ce jardin magnifique était sillonné d’allées plus ou moins larges, de marches faites de rondins, de massifs de fleurs. Mon père passait tout son temps à St Brévin à ratisser les allées, à ratisser les aiguilles de pin qui s’amassaient en quantité dans les allées, il faisait des andins d’aiguilles de pin qu’il amassait ensuite en tas et ces petits tas il les mettait dans une brouette et les emmenait sur un tas encore plus gros dans un coin du jardin, tas qu’on faisait brûler l’hiver ou à Pâques. Quand il avait terminé de ratisser une allée celle-ci avait l’air magnifiquement propre et ordonnée et je crois que mon père aimait bien ça, voir aussi clairement, aussi distinctement, le fruit de son travail, me disais-je, et quand toutes les allées étaient bien propres et bien ratissées, le jardin avait un air rutilant et bien entretenu, une sorte d’impression d’ordre et de sérénité un peu comme les jardins du Ryoanji à Kyoto, qui sont nettoyés et ratissés à la perfection, me disais-je.
(à suivre)

mercredi 25 avril 2007

la vie est dure

Qu'apprends-je? L'Esprit des péninsules déposerait son bilan?
(Je ne sais plus où j'ai lu ça, mais si c'est vrai c'est une bien triste nouvelle tant cette maison d'édition publiait, pourtant, de bons livres (en particulier les romans de Pierre Jourde))

mardi 24 avril 2007

alternatives

Entre un roman d'Éric Chevillard et un roman de JMG Le Clézio j'ai tendance à préférer Chevillard.
(Dans un roman de Le Clézio je commence à m'emmerder, en général, à la trentième page, avec Chevillard jamais)
(Sauf pour "Oreille rouge", qui était une erreur)

le non choix

Me voilà bien mal pris.
À ma gauche une bourgeoise guindée, psychorigide, imprévisible, démagogue, qui s'exprime dans un langage écoeurant de bien-pensance et de politiquement correct ("ordre juste et justice durable", "démocratie participative", "vous avez été nombreux et nombreuses") persuadée de la supériorité de ses vertus, donneuse de leçon, sans aucune expérience de gouvernement, qui cite la justice chinoise en exemple... À ma droite l'agité du bocal, qui reprend à son compte, l'air innocent, quelques idées nauséabondes du Front National, aux canines si longues qu'elles rayent le parquet, un tribun qui électrise les foules, aux amis bien placés, démagogue, réactionnaire et emporté, pour qui la fin justifie les moyens et qu'on n'aimerait pas voir trop près du bouton rouge...
Choisir entre la peste et le choléra.

dimanche 22 avril 2007

magic bus

Je me demande s'ils existent encore ces cars que, du temps de ma jeunesse, on prenait la nuit pour aller en Angleterre. Magic Bus, ça s'appelait. On partait le soir de Paris et le lendemain matin on était à Londres après une nuit souvent passée à bavarder avec les autres voyageurs, des routards pour la plupart. Le prix était modique, le confort sommaire, mais on était jeune et une nuit blanche ne nous faisait pas peur. C'était à la fin des années soixante-dix, début quatre vingts.

samedi 14 avril 2007

campagnes

Plus qu'une semaine avant le premier tour, les choses sérieuses commencent. Je me souviens en 2002, j'allais voter Bayrou quand je me suis connecté au site de BBC News qui annonçait que, dans les sondages de dernière minute, Le Pen était proche de battre Jospin. Du coup je suis allé voter Jospin. Et je ne m'en suis pas mordu les doigts contrairement à ceux qui étaient en vacances ou qui ont voté n'importe quoi! Cette année j'espère qu'aucun sondage de dernière minute, annonçant la remontée du pitbull, ne m'empêchera de voter pour le François...

Le béarnais dont, comme on le voit, les supporteurs sont plutôt actifs dans mon quartier. Il est temps que cette campagne électorale se termine...

elle est pas belle la vie?

Oui, bon, ma conception de la vie! Bref c'est le week-end, j'ai une pile de DVD à voir, une (deux en fait) traductions à faire, La Vie du Rail à lire, le web à surfer, des photos à prendre. Et il fait un temps estival ici à Paris, 25°C et ciel bleu.

jeudi 12 avril 2007

à voir


On ne sait pas grand chose du photographe (peut être si on en croit l'e-mail : Makiko Mukasé) et pour cause : tout est en japonais. Les photos sont très bonnes, et on peut les feuilleter facilement, le nom de fichiers est en anglais il suffit donc de cliquer. On ne le regrettera pas.

via le tiers-livre

lundi 9 avril 2007

mono no aware

Les textes fondamentaux du Zen font de l'acceptation et de la transcendence du monde le point nodal de l'art de vivre qu'ils proposent, tandis que l'art narratif japonais traditionnel célèbre le monde tout en y renonçant. De nos jours on emploie souvent le terme mono no aware pour décrire cet état d'esprit ou, selon le mot de Tamako Niwa "la tristesse sereine" qui nous envahit à la vue du monde. On l'utilise également pour décrire l'acceptation tranquille d'un monde en transition, le plaisir innocent et éphémère goûté à l'activité quotidienne ou encore le contentement procuré par la précarité de sa propre existence.
Donald Ritchie

dimanche 8 avril 2007

mercredi 4 avril 2007

les foins

Je ne sais quel pollen me hante. Mais l'allergie m'affecte avec le printemps, j'ai le rhume des foins, la "fièvre des foins" comme disent les Anglais. C'est un visiteur printanier régulier depuis trois ans. Avant j'étais indemne de ces désagréments. Plus maintenant. J'éternue à grand bruit, je pleure, mes paupières sont atteintes de prurit, elles sont collées au matin l'une à l'autre, mes yeux sont rouges de les avoir frotté, je mouche, je prends des médicaments qui m'endorment sans faire cesser l'allergie (mais au moins je dors bien). Est-ce le pollen de platanes? Je crois bien. L'air en est plein. Les platanes sont partout.

lundi 2 avril 2007

les beaux jours

Le temps s'améliore, se réchauffe. Mais les gens ne se départissent pas de leurs manteaux, pas encore, c'est trop tôt. Ils se souviennent des adages d'avant le réchauffement climatique. "En avril...". Pourtant on est passé à l'heure d'été, à peine s'en est-on rendu compte. Les soirées sont plus longues. Dès qu'un rayon de soleil apparait les gens se pressent aux terrasses des cafés. C'est bon de les revoir, après une longue absence.

La bataille électorale fait rage. Je la regarde un peu de loin. Les candidats sont partis à la pêche aux voix, ils flattent leurs clientèles et essayent d'empiéter sur le territoire des adversaires. Ils se suivent, se cherchent, s'observent, se font des coups fourrés, de basses manipulations, de petites navigations. C'est amusant un moment mais après on pense à ce qui va se passer réellement quand l'un d'eux sera élu. On rigole moins.



elections


À voir une extraordinaire vidéo : une leçon de photographie par le formidable Winogrand. C'est fascinant de le voir faire de la photographie de rue, il est d'une rapidité stupéfiante avec son Leica, les gens sont encore à se demander s'il les a pris en photo (quand ils s'en rendent compte) qu'il est déjà parti plus loin, photographier autre chose. Et pourtant il a cadré, et bien cadré, et il a shooté. Son air excentrique et débonnaire à la fois fait que personne n'ose rien lui dire (son gabarit joue aussi, j'imagine). Il prend des photos avec un plaisir évident et il en prend des milliers. Il ne les développe qu'un an après les avoir prise, pour ne pas se laisser influencer par les circonstances dans lesquelles il a shooté. Lorsqu'il est mort, à 56 ans, d'un cancer, il a laissé près de 300 000 photos non tirées et dans bien des cas non développées. La vidéo est en anglais et Winogrand a un accent à couper au couteau, mais une transcription permet de se faire une idée de la sagesse du bonhomme.

It always fascinates me - it bolloxes my mind, I mean, when people talk about photographs in depth, and what not, you know, when all a photograph does is describe light on surface. That’s all there is. And that’s all we ever know about anybody. You know, what we see. I mean, I think we are our faces and whatever, you know? That’s all there is, is light on surface.

I don’t lay myself down on the couch to figure out why I’m a photographer and not this or that. Whatever it is, I can’t seem to do enough of it. It’s a pleasure.

Garry Winogrand