vendredi 26 juillet 2013

Orages

Depuis l'énorme orage du mois de juin et l'inondation qui a suivie j'ai un peu la crainte des orages. Pourtant les orages comme nous avons eu au mois de juin, avec des pluies diluviennes et la foudre qui tombe tout près de la maison, sont rares. Le terrain est maintenant sec et les retenues d'eau dans la forêt sont vides, je n'ai donc pas à craindre une inondation comme en juin. Je crains donc la foudre, maintenant. Les orages en général sont très localisés, cependant on les entend de loin et les éclairs illuminent la nuit à une grande distance. On attend de voir dans quel sens ils vont se déplacer, s'ils se rapprochent, s'ils s'éloignent. On se remémore toutes les histoires de foudre qu'on a entendu. On compte les secondes entre l'éclair et le tonnerre pour estimer la distance de l'orage. Bref, c'est un peu exaspérant, et ça empêche de dormir. La nuit dernière c'était de deux à trois heures du matin. Pourtant l'orage n'est pas passé chez moi, il s'est contenté des confins de la clairière et même assez loin. On annonce de nouveaux orages pour demain matin, à l'aube.

dimanche 14 juillet 2013

Asiana 214

Au moins l'accident d'Asiana 214, la semaine dernière à San Francisco a le mérite d'être clair. Le Boeing 777 était bien en dessous de la vitesse minimum recommandée au moment d'atterrir et l'ordre de go around (remise des gaz, reprise d'altitude et on reprend la procédure d'atterrissage) est intervenu trop tard. La remise des gaz a fait toucher la queue de l'appareil contre un muret en bout de piste, la queue a été arrachée par le choc, l'appareil a alors été déséquilibré, il a rebondi sur le tarmac, l'aile gauche s'est penchée à 45° et a touché le sol. L'appareil s'est alors écrasé en faisant un tête à queue avant de s'immobiliser entre les deux pistes parallèles de l'aéroport de San Francisco. Il n'y a eu que trois morts et une centaine de blessé pour 320 personnes à bord ce qui tient du miracle. L'appareil n'a pris feu qu'un moment plus tard, après que tous les passagers et membres d'équipage eurent évacués. Quand on dit que le Boeing 777 est un excellent avion c'est vrai : le fuselage ne s'est pas du tout tordu ni n'a volé en éclat, ni même le plancher de la cabine ne s'est effondré, ni la soute à bagage n'est passée à travers le plancher de la cabine. Tout est resté en place et a tenu le choc. Bon avion ça. 

Probablement une erreur de pilotage. Les pilotes pas bien expérimentés et le CDB fatigué n'ont manifestement pas surveillé leur badin (indicateur de vitesse) et se sont loupés, réagissant un poil trop tard. Voici ce que rapportait le NTSB le 11 juillet (via Aviation Herald) :

Based on CVR: During the approach there were remarks in the cockpit about being high on the approach, then on the glide path and some time later being below glidepath. 35 seconds prior to impact the automated 500 feet call sounded, shortly afterwards the landing checklist was completed. 18 seconds prior to impact the automated 200 feet call out sounded, 9 seconds prior to impact the automated 100 feet call out sounded, immediately afterwards the first comment for speed was heard. There was no mention of speed between 500 and 100 feet. About 3 seconds before impact the call for go-around occurred. A second call for go-around was heard 1.5 seconds before impact, this call came from a different crew member. Flight control surfaces and engines appeared to respond normal to control inputs, there was no anomaly with autopilot or autothrust systems based on FDR data. 

La fameuse éclisse

Pour info, la SNCF a rendu publique la photo de l'éclisse incriminée dans l'accident de Brétigny.

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OK, mais comment ce bout de ferraille à atterri là, personne ne sait encore…

L'accident de Brétigny

Je suis un agent de la SNCF depuis plus de trente ans. Je n'ai jamais eu de rôle directement lié à la circulation des trains. J'ai été employé vingt ans par le SERNAM qui était un service de la SNCF chargé du transport des colis en grande partie par la route (aujourd'hui défunt). Après j'ai été dans les services commerciaux de Fret SNCF (transport de marchandises par fer). Depuis six ans je suis cartographe dans le service de sûreté de la SNCF, la Sûreté Ferroviaire. C'est un service qui est chargé de protéger le réseau et les emprises de la SNCF contre la malveillance et la délinquance sous toutes ses formes. Avec mes études cartographiques j'observe les phénomènes de délinquance sur notre réseau et  j'aide à la prévention, à la planification des opérations et au déploiement des effectifs de la Sûreté Ferroviaire. Pour le reste je dois le dire : j'aime mon entreprise, j'aime les trains et j'aime la SNCF. C'est peut-être curieux à entendre mais c'est vrai. Les agents de la SNCF sont pour la plupart ainsi, ils forment une grande communauté, les cheminots, qui sont généralement assez solidaires de leur entreprise tout en revendiquant souvent beaucoup de chose et en en critiquant volontiers les dirigeants. 

C'est pourquoi je suis touché par l'accident de Brétigny. En arrivant de Londres vendredi soir, je suis passé au bureau, l'accident de Brétigny venait de se produire. Je suis aussitôt allé au PC Sûreté et ma première réaction a été d'offrir mes services. Ils n'étaient pas nécessaires, cependant j'ai pu constater que tous les agents qui étaient déjà partis en weekend, dès qu'ils avaient eu vent de l'accident, appelaient le PC pour demander si on avait besoin d'eux sur le terrain et se mettre à disposition. Le PC était calme mais tout le monde était attentif et concentré. Les ordres fusaient et étaient retransmis aux équipes sur le terrain, il fallait sécuriser le lieu de la catastrophe mais aussi les gares environnantes où allaient se présenter des milliers de gens voulant prendre leurs trains dont la circulation allait être annulée ou perturbée.

L'entreprise a communiqué samedi matin sur ce qu'elle pense être à l'origine de l'accident : une éclisse (une pièce de métal de trente centimètres de long et qui pèse bien 5 kilos) se serait désolidarisée du rail et aurait dérivé jusqu'au coeur de l'aiguille pour faire dérailler le train. Il y a une éclisse de chaque côté des rails à relier. Elles sont solidarisées par quatre boulons qui traversent de part en part la première éclisse, le rail et la seconde éclisse, et les écrous correspondants solidifient le tout. L'aiguille aurait été inspecté le 4 juillet dernier, elle ne présentait alors pas de défauts. Evidemment je trouve ça très peu vraisemblable. Il faudrait que les quatre boulons se soient desserrés et qu'ils soient sortis de leurs logements, et ce en une semaine. Je veux bien qu'il passe énormément de trains sur cette aiguille et qu'il faisait très chaud, mais quand même. Nous aurons probablement d'autres détails plus tard, je l'espère parce que cette cause est difficilement crédible en l'état.

Sans attendre, les critiques contre la SNCF ont fusé : trains poubelles, réseau vétuste etc. J'ai beaucoup de mal a supporter ces critiques contre mon entreprise sachant ce qu'implique de travail et de coordination la circulation du moindre train, ces critiques de gens qui parlent sans savoir et qui détestent la SNCF. Les Français ont, il est vrai, une relation très particulière avec leur entreprise nationale ferroviaire, une sorte de "tough love", un mélange d'affection et de constantes récriminations. C'est une chose bien Française comme l'est l'affection parfois inconditionnelle des cheminots pour leurs trains et pour leur entreprise.

Séjour londonien

Voilà qu'alors que je devrais être parfaitement serein, que quelques problèmes administratifs me gâchent un peu la vie. Mais rien de grave, juste de petits emmerdements. J'ai toute raison de soupçonner que ma présente carte bancaire a été frauduleusement utilisée sur Internet, des dépenses potentiellement anormales étant apparues mais que, dû aux caractéristiques de ma carte bancaire, une VISA Electron, je ne peux pas vérifier immédiatement. J'ai donc préféré mettre ma présente carte en opposition plutôt que de courir le risque d'avoir une utilisation frauduleuse. En temps normal ça ne serait pas grave, une nouvelle carte devant être fabriquée et arriver dans très peu de temps, mais en ce moment je suis en cours à Londres et j'ai absolument besoin d'une carte et d'argent pour payer mon séjour. Tout va se régler demain, lundi, matin, je n'en doute pas, avant que je prenne l'Eurostar, avec l'aide des services administratifs de mon job, mais c'est quand même contrariant. Cette carte VISA Electron n'est vraiment pas pratique, elle est destinée à ce que vous ne puissiez dépenser plus d'argent que vous n'en avez sur votre compte en banque en vérifiant votre solde à chaque opération, mais ses plafonds sont très bas (quoique provisoirement relevables), on ne peut pas consulter le détail des dépenses faites sur Internet ou ailleurs avant plusieurs jours (jusqu'à ce qu'elles soient effectivement débitées), certains endroits la refusent (c'est ce qui m'est arrivé la semaine dernière à Londres à mon hôtel) et elle n'est pas plus sécurisée qu'une autre. 

Heureusement les cours à Londres sont passionnants et les gens extrêmement sympathiques. Et il y fait, ce qui ne gâche rien, un temps superbe. Je ne me suis pas du tout baladé la semaine dernière, pas eu le temps. Je n'ai pas quitté les quartiers mitoyens de Bloomsbury et de Kings Cross. Chaque soir après les cours nous sommes allé boire des verres au pub avec les collègues et les instructeurs et bien souvent nous avons prolongé avec un dîner ensemble. 

Le titre officiel des cours est Geographic Profiling Analysis (analyse de profilage géographique) et ils sont donnés au Jill Dando Institute for Crime Science, un département d'enseignement et de recherche de l'University Colllege London. 

Je suis le premier Français à faire cette formation depuis qu'elle existe (en 2010), ils ont eu des Thaï, des Indiens, des Néo-Zélandais, des Australiens mais jamais encore de Français. Cette année nous sommes huit, un Hollandais, deux Suédois, un Français, une Américaine qui travaille en Irlande du Nord, une Anglaise qui travaille pour la Police Ecossaise et deux Anglais.

La formation est sanctionnée par un examen et donne droit à un diplôme. Avec un peu de chance je serai donc Geographic Profiler! Il y a une sorte de contrôle continu et jusqu'à maintenant j'ai plutôt bien réussi les exercices que nous avons subi. Je n'ai pas une grosse pression, toutefois, les exercices ne sont pas bien compliqués.

Je n'ai aucune difficulté à comprendre l'Anglais, un peu plus à le parler. Je suis un peu rouillé de ce côté là, il faut dire que j'ai assez peu l'occasion de parler Anglais. Mais je me débrouille. Je joue parfaitement mon rôle de Français un peu paumé, un peu naïf, avec des expressions étranges et un accent à couper au couteau (mais les Anglais adorent ça comme nous, nous aimons bien entendre l'accent Anglais ou l'accent Italien avec la langue française). Je pose des questions et je participe oralement beaucoup aux cours pour montrer que je comprends et que je suis. Et je fais quelques blagues en Anglais (ça aide que mon humour soit plutôt naturellement britannique) auxquelles ils ne s'attendent pas venant de moi ce qui me rend sympathique.

A la fin de la semaine prochaine je suis en vacances ! Quinze jours. Je vais passer une dizaine de jours dans la nature à la campagne à L'Essart. Ermitage, calme, nature, nourriture saine, la forêt, balades à pieds et à vélo, le chat, les poules, l'oie et la canne, des arbres et du vert… Pourvu qu'il fasse aussi beau que ces dernières semaines. Mais avant, samedi prochain, il y a la Grande Réunion Annuelle de la famille, il y aura des gens que je reverrais avec plaisir et d'autres avec beaucoup moins de joie mais globalement ça devrait aller.

dimanche 7 juillet 2013

Direction Londres

Bon, je pars à Londres demain matin suivre des cours de profilage géographique au Jill Dando Institute à l'University College London (Tavistock square en plein Bloomsbury), je rentre vendredi et je repars le lundi suivant en deuxième semaine à l'UCL, semaine à l'issue de laquelle je serai en vacances. Je suis donc quasiment en vacances mais pas tout à fait.

Je compte bien boire quelques real ales au Skinner's Arm, mon pub favori et diner de bons tandoori chez Motidji sur Marchmont Street. Je suis une créature d'habitudes et j'aime retrouver où que j'aille des endroits familiers (à New York c'est pareil). En dehors de ça je pense que je vais trouver le temps de me balader un peu (les cours se terminent à 16h45) mais il est clair que je vais être très concentré sur les cours et que je ne vais certainement pas avoir beaucoup de temps pour penser à autre chose. 

D'autre part le WiFi étant à 3£ les 24 heures, à l'hôtel où je vais, je ne vais probablement pas bloguer ici pendant ces journées londoniennes (à supposer même que j'ai le temps). 

jeudi 4 juillet 2013

Nous aussi on a un PRISM

Dans cette affaire d'espionnage de la NSA il y a eu quelques rebondissements amusants cette semaine dans lesquels la France a réussi à se rendre ridicule au plus haut point.

Premièrement, la France a refusé à l'avion du président Morales de Bolivie de survoler le territoire, au prétexte qu'on pensait que Snowden se trouvait à bord. L'affront au président bolivien fut reçu comme il se doit à La Paz avec protestations diplomatiques, manifestations et brûlage public de drapeaux tricolores. La veille de ce brillant fait d'arme, le président Hollande avait fermement tancé les États-Unis pour avoir soit-disant espionné nos citoyens et nos ambassades. Aujourd'hui la France a officiellement refusé le droit d'asile à Edward Snowden.

Mais ce n'est pas tout.

Deuxièmement, aujourd'hui le journal Le Monde révèle que la France n'est pas tout à fait innocente en matière d'écoutes électroniques. Il semble que la DGSE recueille l'ensemble des communications électroniques de nos concitoyens, que ces informations sont collectés sans la moindre couverture légale ( ce qui n'est pas le cas de PRISM, rappelons-le) et généreusement partagées avec d'autres services de renseignement. 

Le Monde est en mesure de révéler que la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE, les services spéciaux) collecte systématiquement les signaux électromagnétiques émis par les ordinateurs ou les téléphones en France, tout comme les flux entre les Français et l'étranger : la totalité de nos communications sont espionnées. L'ensemble des mails, des SMS, des relevés d'appels téléphoniques, des accès à Facebook, Twitter, sont ensuite stockés pendant des années.

Si cette immense base de données n'était utilisée que par la DGSE qui n'officie que hors des frontières françaises, l'affaire serait déjà illégale. Mais les six autres services de renseignement, dont la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), les douanes ou Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment, y puisent quotidiennement les données qui les intéressent. En toute discrétion, en marge de la légalité et hors de tout contrôle sérieux.

Magnifique, n'est-ce-pas?

De Nantes à Josselin par la rivière

J'ai navigué sur le Canal de Nantes à Brest. En deux fois, deux étés de suite, de Nantes à Josselin en Ille-et-Villaine. Une première étape Nantes - Redon (et retour) avec la péniche de mon beau-frère et l'été suivant l'étape Redon - Josselin (et retour) avec une pénichette de location. Sur la péniche de mon beauf' j'étais matelot, voire mousse, mon beau-frère était un capitaine terrible, autoritaire et stressé et le voyage fut pénible. À la fin du voyage je me suis juré que je ne remettrai jamais les pieds sur son bateau (en fait je n'y ai remis les pieds que quinze ans plus tard, cette année, pour l'anniversaire de ma sœur). L'année suivante me vint l'idée de finir le voyage, d'aller de Redon à Josselin (après Josselin on ne peut plus vraiment naviguer sur le canal). Mais cette fois j'ai loué une pénichette à Redon et j'ai embringué dans cette histoire un collègue de travail avec qui j'étais copain. Mine de rien j'avais beaucoup appris sur le maniement des bateaux de rivière pendant la première étape. Remarquez, ce n'est pas très complexe à manier une pénichette, mais pour être à l'aise ça demande un peu de pratique et j'avais acquis, à la dure, quelques "trucs" lors du premier voyage. Comment aborder une écluse, comment se tenir à l'intérieur d'une écluse, comment amarrer le bateau, comment faire des nœuds de chaise très rapidement. Mon collègue ne connaissait rien aux bateaux ni à la navigation en eau douce, je fus donc barreur et capitaine et lui matelot. Et tout se passa bien. En quelques heures je devins parfaitement maître de ma pénichette, je savais lui faire faire des demi-tours sur place et lui faire négocier le passage des écluses sans difficultés ni incidents. La pénichette que j'avais loué avait un problème de boite de vitesse : j'avais les plus grandes peines à la mettre au point mort, ce qui, on le devine, posait certains problèmes; par exemple pour attendre, sans dériver, au milieu du canal l'ouverture des écluses, ou quand l'on croisait un autre bateau dans les parties étroites, mais enfin je m'en suis sorti. Je me suis bien retenu d'engueuler mon matelot quand il faisait une ânerie ou qu'il n'était pas assez rapide, enfin j'ai bien dû le traiter une ou deux fois de "peau d'hareng" comme me traitait mon beauf' lorsque je n'étais pas assez vif à la manœuvre, mais on sait tous que les enfants maltraités par leurs parents reproduisent souvent le même comportement avec leurs propres rejetons et donc j'ai plutôt bien limité mes tendances à l'excès de ce coté là. Après ça je n'ai plus jamais navigué en eau douce. J'aurais bien remis ça à un autre endroit ou sur le même cours d'eau mais l'occasion ne s'est jamais représenté et l'envie et la volonté ont manqué aussi. Pourtant c'est très agréable la navigation sur rivière : le bateau est généralement très lent et l'on est généralement en pleine campagne isolé du monde extérieur à la rivière. On rencontre beaucoup d'animaux sauvage et on peut observer beaucoup d'oiseaux. La rivière est un milieu très paisible et vert, c'est propice au calme intérieur et à la sérénité (du moins quand on ne passe pas son temps à s'engueuler avec le reste de l'équipage).

Mane, theckel, pharès

"Je n'ai jamais pensé au fait que j'étais juif ; sauf quand j'étais en danger. Et encore, ma judéité ne se manifestait pas dans ces cas-là comme quelque chose "d'intérieur", mais toujours comme une négativité, une limitation, une détermination extérieure - de même qu'on se définit comme nourriture vivante face à un requin dans l'océan ou à un tigre dans la jungle. Mais on ne peut pas se contenter d'être la nourriture des autres. Je n'ai jamais pensé à la religion : je ne la comprend tout simplement pas, qu'il s'agisse par exemple de la religion juive ou du bouddhisme, de la religion des adorateurs du feu, des serviteurs de Kali ou encore celle des mormons. Pourtant ma judéité m'a permis de vivre l'expérience universelle d'une existence humaine assujettie au totalitarisme. Donc si je suis juif, je dis que je suis négation, négation de tout orgueil humain, négation de toute sécurité, des nuits tranquilles, de la vie spirituelle paisible, du conformisme, du libre chois, de la fierté nationale - je suis la page noire des triomphes qui ne laisse pas transparaître l'écriture, je suis une négation, non pas juive, mais une négation humaine universelle, un mané, theckel, pharès sur le mur de l'oppression totale"
Imre Kertesz

mercredi 3 juillet 2013

Les Patriotes

En ces temps d'espionnite et de révélations sur l'action des services de renseignement, il est, je crois, nécessaire de voir ou de revoir Les Patriotes, le film d'Eric Rochant. Je crois que c'est le film le plus réaliste sur l'action des services secrets. Je recopie ici le synopsis du film tel qu'il est écrit dans Wikipedia :

Ariel Brenner, un jeune juif parisien de 18 ans, décide de partir pour Israël pour vivre dans un kibboutz. Il est plus tard recruté par les services secrets. Tout d'abord candidat pour entrer au Mossad, il est finalement recruté par un service indépendant appelé "Unité 238".

Ses fonctions l’amèneront à être mêlé à deux affaires assez différentes, toutes deux inspirées de faits réels:

Tout d'abord, la manipulation d'un physicien français impliqué dans un projet de construction d'une centrale nucléaire par un pays arabe (et qui rappelle l'action du Mossad qui conduira au bombardement par l'aviation israélienne du site nucléaire d'Osirak en Irak).

Ensuite, la surprenante démarche d'un officier du renseignement américain, de confession juive, qui contacte de lui-même les services secrets israéliens (et qui est très inspirée de l'histoire de Jonathan Pollard, qui livra des secrets à Israël, bien que les noms des personnes et institutions impliquées aient été modifiées dans le film).

Le physicien français sera quasiment poussé au suicide (le pauvre gars n'était finalement pas assez solide pour être retourné sans dommages) et l'officier du renseignement américain abandonné à son sort et à la prison quand il sera démasqué et qu'il voudra se réfugier à l'ambassade d'Israël. Le pauvre Ariel Brenner (Yvan Attal, excellent, comme toujours), qui est mêlé à toutes ces opérations, a une grosse crise de conscience après la seconde affaire, mais il est rattrapé par ses collègues du Mossad avant qu'il n'ait eu le temps de révéler ce qu'il sait, et renvoyé en Israël.

Les services secrets y sont décrits comme ils sont réellement : cyniques, impitoyables, se moquant complètement du sort des gens qu'ils manipulent et espionnant absolument tout et tout le monde, même les alliés et les amis. Dans ce monde là, la fin justifie toujours les moyens et comme on dit "on ne fait d'omelette sans casser les oeufs"! 

mardi 2 juillet 2013

Micro-météo

L'immeuble où j'habite est exposé est-ouest. L'été, lorsqu'il fait chaud — comme aujourd'hui — le coté ouest est plus longtemps exposé au soleil que le coté est donc les murs coté ouest chauffent plus que les murs coté est. Si les fenêtres sont ouvertes des deux cotés et à un certain moment de la soirée, quand les murs coté ouest commencent à diffuser dans l'air la chaleur qu'ils ont emmagasiné pendant la journée, il se produit un phénomène de brise thermique entre les cotés est (plus frais) et le coté ouest (plus chaud). Ce phénomène de brise ne dure pas longtemps mais il est assez fort pour faire claquer portes et fenêtres.

Paris, le 2 juillet, deux scènes de rue

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L'image du jour

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C'est sûr, si on peut profiter du caniveau pour laver des trucs et se rincer les mains, il ne faut pas se priver.

Du Punk à Kandahar

Un article (long) du New York Times : The Rock ’n’ Roll Casualty Who Became a War Hero, raconte la vie de Jason Everman, un type qui n'a pas eu un parcours banal. En juillet 1989 il est guitariste du groupe Nirvana, et le quitte rapidement, puis en septembre de cette même année il devient bassiste d'un groupe encore plus célèbre (à l'époque) Soundgarden. Il sera viré de Soundgarden peu après. Aujourd'hui, après avoir été membre des Rangers d'abord puis des Forces Spéciales de l'US Army, il a été envoyé combattre en Irak et en Afghanistan.

Pourquoi plus personne n'en veut

Daniel Drezner explique parfaitement bien pourquoi plus aucun pays ne semble vouloir avoir Snowden sur les bretelles, ce n'est pas parce qu'ils ont peur des États-Unis mais parce qu'ils se méfient comme de la peste de Wikileaks avec lesquels Snowden s'est allié.

The one thing that all of these actors have in common with the USA is that they are... states. And if there's one thing that states of all regime types and ideologies have in common, it's that they don't like it when new types of entities try to f**k with their franchise.
States will war with one another, spy on one another, foment revolution across borders, and what-not. They are pretty reluctant, however to empower actors that can then use that power to try and erode the principal of the state as the nec plus ultra of governing authority. This is why countries like Iran and Russia cooperated with the United States during crucial periods of the 2001 invasion of Afghanistan and the ensuing war on terror. When states see a threat to the Westphalian order that's been around for a few centuries, they will act in concert to repel it.

Ce jeune homme est décidément bien naïf.

Le meilleur dans cette affaire est encore M. Poutine qui déclare qu'il veut bien accorder l'asile à Snowden si celui-ci arrête d'embêter les États-Unis! Du coup Snowden, bien sûr, ne veut plus de l'asile russe !

Une goutte d'eau dans la mer

Consulter le nombre de ses lecteurs quotidien est une bonne méthode pour se dégonfler un peu la tête. Le monde se contrefiche de mes gribouillis sur ce site et de mon opinion et c'est très bien comme ça. Et pourtant je me retiens d'écrire pas mal de choses dans ce blog parce que je sais qu'on me lit ! C'est quand même d'une ironie totale parce que ce blog a vraiment très peu de lecteurs et donc je pense que je pourrais écrire n'importe quoi ici tout le monde ou presque s'en ficherait. Il est certain que je ne peux pas et je ne veux pas rendre compte et partager tout et n'importe quoi, pour moi écrire c'est répondre à un besoin de structurer et d'éclaircir ce que je pense et ce que je ressens, si je pense que ce que j'ai écris sur un sujet quelconque peut et mérite d'être partagé sur ce blog, pourquoi ne pas le faire? Par peur d'être mal jugé ou de dire une grosse bêtise, c'est ça qui m'inhibe. Il faut que je dépasse un peu cette inhibition. Mon but n'est pas d'avoir plus de lecteurs, ni de plaire ou de séduire, je suis plus modeste que ça, j'ai juste envie de partager avec mes rares lecteurs un certain nombre de choses que je pense ou qui m'importent, si ça les intéresse c'est bien, si ça ne les intéresse pas tant pis, un billet de blog ce n'est rien, une goutte d'eau dans la mer.

lundi 1 juillet 2013

Spooks

Oh qu'apprends-je? Les Américains nous espionnent ! Ils écoutent nos communications, ils espionnent nos ambassades !

Bon, entre nous ce n'est un scoop que pour ceux qui ignorent tout du renseignement. Dans ce milieu tout le monde sait que les Américains espionnent tout le monde, d'ailleurs tout le monde espionne tout le monde, tout le temps. C'est la règle. On ramasse tout ce qui se présente, tout, ça peut servir un jour. On trie, on analyse, on fait du renseignement, quoi! Les Américains ont beaucoup plus de moyens que la plupart des autres, c'est tout. Et normalement ça ne se crie pas sur tous les toits ces choses là.

Alors puisque les journaux ont un peu ameuté l'opinion publique avec cette "révélation", notre président et notre ministre des affaires étrangères vont faire semblant d'être très fâchés contre les Amerloques et puis tout rentrera dans l'ordre, circulez, il n'y a rien à voir, et à entendre.