C'est vraiment curieux : j'aime le matin tôt, surtout quand il fait beau en été. Mais j'ai un mal fou à me lever. Il me faut des ressources de volonté considérables pour arriver à me lever ou alors une obligation . Une fois que je suis levé et réveillé ce qui demande cinq minutes environ, cinq minutes très pénibles, je me sens en forme et en général de bonne humeur, l'esprit clair. Une douche et un café et la vie reprend. Mais ces cinq minutes du lever me font presque toujours reculer. Pourtant qu'est-ce que c'est agréable après, de disposer de toute la journée devant soi, d'expédier les corvées de bonne heure et en particulier de faire les courses avant qu'il y ait du monde dans les magasins. Et puis la lumière est belle le matin (je suis très sensible à la qualité de la lumière).
Et sortir pour prendre un petit déjeuner dans un café en lisant les nouvelles, je faisais ça le samedi matin quand j'habitais à Poitiers. Je me levais de bonne heure et j'allais au Café du Jet d'Eau (disparu, aujourd'hui une banque), une grande brasserie que la Place de l'Hôtel de Ville, avec Libé (en ce temps là Libé était dirigé par Serge July et était un journal sérieux et intéressant, pas le tabloïd qu'il est devenu). Il n'y avait personne au café au moment où j'y allais, que les proprios et le personnel et un avocat du coin, un notable, un peu imbibé, ou un type qui se faisait passer pour un notable, qui passait sa vie au bistrot et qui bavardait avec la patronne en commentant les nouvelles du jour (il lisait La Nouvelle République et Centre Presse) d'un ton docte.