Dans le but de récupérer les données de ma carte SIM, maintenant que j'ai un nouvel iPhone, je suis allé porter plainte au commissariat. C'était la première fois que je faisais cette démarche à Paris. Je vais donc à l'antenne du 18ème arrondissement qui se situe 122 rue Marcadet. Là on entre dans une pièce sombre munie de bancs en bois, aux murs de nombreuses affiches et en particulier plusieurs fois l'impératif de ne pas se servir de son téléphone portable à l'intérieur du poste de police, sans explications. Deux guichets derrière lesquels officient des gardiens de la paix — ce soir deux femmes gardiens de la paix. Un grand guichet, sans sièges, auquel est affecté une femme d'un certain âge aux cheveux teints en rose fluo, au maquillage imposant et qui ne sourit jamais. Elle est le cerbère et enregistre les demandes des entrants : "vous venez pour quoi?", "porter plainte pour le vol de mon téléphone portable", "vous avez une pièce d'identité et le numéro IMEI de votre téléphone?", "oui, les voici", "très bien, allez vous assoir on va vous appeler".
Il n'y a pas grand' monde, je suis donc reçu rapidement. Une femme gardien de la paix (j'ai vu ça à ses gallons, je connais les gallons de la police, je fréquente un peu les flics dans mon travail quotidien) m'accueille. Elle me fait résumer mon affaire et en note au crayon les détails sur un papier. "Pouvez vous reconnaître l'individu qui vous a volé?", "je ne suis pas certain", "parce que si je vous montre des photos il faut être sûr à 100%", "non, je ne l'ai vu qu'une fraction de seconde". Elle me dit que j'ai eu de la chance de n'avoir eu aucune blessure. Je décris du mieux que je peux mon agresseur. Je dis que je suis certain qu'il fait partie de la bande de jeunes qui rôdent tout le temps dans le quartier mais elle me dit qu'elle ne peut pas le mettre sur le procès verbal si je ne peux pas reconnaître formellement l'agresseur. Elle tape le procès verbal, je le signe. A coté de moi, à l'autre guichet une jeune femme vient pour porter plainte pour vol de portable elle aussi, elle s'est fait piquer son téléphone, à l'arraché, dans le métro, exactement comme ça avait failli m'arriver une fois.
En rentrant chez moi je retrouve la bande de jeunes qui traînent devant le bar "L'Adriatique". Ils sont une dizaine, plusieurs ont des sweat-shirts blancs à capuches, comme celui qui m'a volé mon iPhone, ils sont tous de l'âge estimé de mon voleur. Alors que je les observe une femme passe devant eux en parlant au téléphone. Ils la reluquent, la repère, la mesure, mais ce n'est pas vraiment le moment opportun pour passer à l'action et puis des cibles comme elle il y a en a tellement, ils ont l'embarras du choix, peuvent se permettre d'être prudent, de choisir et d'attaquer au moment où ils prendront le moins de risque.