mercredi 30 décembre 2009
rue Bretonneau
On l'appelait "la rue des crottes de chiens" parce qu'il y en avait beaucoup dans cette rue sur laquelle donnait l'arrière de notre maison à Chinon. Dans cette ruelle j'ai passé beaucoup de temps lorsque j'étais gamin. J'avais le droit d'y faire du vélo, de bout en bout, et un bout de la rue à l'extrémité qu'on voit au fond, mais pas plus loin, d'ailleurs je ne me serais jamais aventuré plus loin, au moins jusqu'à un certain âge, je ne me rappelle plus quand, 9 ou 10 ans? où les limites sont tombées. Après j'y ai beaucoup moins joué, bien sûr. J'allais beaucoup plus loin avec mon vélo et mes copains. La rue était sinistre et sale, sanglante des rebuts du travail sanglant du boucher (la porte rouge au premier plan) d'à coté. Et y vivait cette vieille bonne femme seule, Madame Angot, qui s'amusait de nos aller-et-venues et nous donnait des friandises (elle était désespérément seule et outrageusement fardée et considérée avec suspicion par les voisins, les habitants de la ruelle, dont mes parents, à cause de sa solitude et de son maquillage outré et de son commerce avec les enfants du quartier). La rue Bretonneau qu'elle s'appelle, cette ruelle. Au bout il y avait le marchand de volailles maintenant disparu comme bien des choses et bien des gens dans cette ville où je ne reconnais personne maintenant, depuis le temps, mais où, naïvement je scrute les visages des gens que je croise, mais non, personne.