Edwige Antier, pédiatre et députée, prétend déposer une loi pour interdire les châtiments corporels dont la fessée, aux motifs que "plus on lève la main sur un enfant, plus il devient agressif". Une telle loi me paraitrais ridicule, inopportune et inadaptée et serait, selon moi, dangereuse pour les libertés individuelles. Qui viserait-on par une loi générale qui s'appliquerait à toutes les familles, des plus équilibrées au plus abusives? Sanctionnerions-nous la fessée occasionnelle et bénigne, acte de réprimande qui arrive dans toutes les familles, et qui, appliquée avec discernement et affection ne présente aucun danger pour l'enfant et vient le rappeler à l'ordre et au respect des règles de bonne vie domestique? Ou viseraient-on la violence familiale, scandaleuse et profondément traumatisante, mais qui est déjà par ailleurs sanctionnée par la loi? À tout mélanger, à ne plus rien distinguer du bénin ou du grave tout échappe et devient flou. À trop vouloir embrasser on fini par ne plus rien saisir. À tout vouloir réglementer on s'immisce dans la vie privée des gens, là où est censé s'exercer encore un peu de leur liberté. On est tenté de mettre chacun de leurs actes, même les plus élémentaires et naturels, sous tutelle. Les normes pédiatriques du jour ne doivent rester qu'au titre de conseil et de préconisation, pas de loi. Qu'on continue comme cela et on finira peut-être par interdire de réprimander verbalement les enfants ou par imposer l'absorption de deux litres d'eau par jour et par personne et une demi-heure d'exercice obligatoire par jour pour tout le monde, ou par interdire des pratiques sexuelles réputées déviantes selon la mode du moment ou les préjugés de la société.
La loi doit se tenir à l'écart de l'intime et du domestique et n'en sanctionner que les faits les plus scandaleux (brutaliser son conjoint par exemple ou abuser de ses enfants), elle ne doit pas vouloir tout régenter sauf à tomber dans une forme de totalitarisme. La bonne conscience appliquée avec dogmatisme fait souvent des ravages, méfions-nous de la dictature du Bien. Si Madame Antier est un peu raisonnable elle reconnaîtra que ses intentions, toutes vertueuses qu'elles soient, ne doivent pas être soutenues par la loi.