D'abord j'ai fait l'erreur de dormir hier après-midi (mais en même temps c'était difficile de garder les yeux ouverts) et comme de bien entendu je n'ai pas pu me rendormir avant 2 heures du matin, ce qui, après une nuit blanche ou quasiment, n'est pas recommandé quand on doit se lever à huit heures le lendemain. Donc ce matin je me suis fait porter pâle et j'ai récupéré mon sommeil en retard. Bonne chose de faite. J'ai retrouvé ma job cet après-midi. J'étais content de revoir tout le monde et de retrouver mon bureau, c'est comme ça maintenant ! C'est pas croyable mais c'est comme ça, je suis content d'aller au travail et je suis joyeux de revoir mes collègues.
Il neige et on se gèle le c... ici. Les gens dans le métro ont une sale tronche et je trouve que Paris est dégueulasse avec des papiers, des détritus et des merdes de chiens congelées partout. Il faut dire que j'arrive d'un pays où tout est extrêmement propre, voire aseptisé, j'étais habitué à la crasse parisienne mais maintenant je ne le suis plus, il va me falloir quelques jours. Aussi quelques jours pour m'adapter au fait que les gens ici sont aimables comme des portes de prison, ils font la gueule, c'est naturel, mais en fait c'est superficiel, il suffit de leur sourire ou de leur parler pour que l'atmosphère se détende un peu. Enfin, s'ils ne te soupçonnent pas de nourrir des desseins hypocrites et hostiles à leur égard, on est méfiant aussi ici, normal, on s'habitue à ce qu'on essaie d'entuber son prochain.
Le peu de philosophie de l'existence à laquelle je crois ne vient pas des maîtres zen, des Suzuki, des Deshimaru, des maîtres orientaux, mais d'un européen, juif et hollandais : Baruch Spinoza. Et je dois beaucoup à une personne qui est passée à travers l'existence sans faire grand bruit, juste un journal et quelques lettres, avant d'être exterminée comme tant d'autres par les nazis, une femme, juive, Hetty Hillesum.
Tiens, vous avez remarqué? Ce sont les deux maîtres de notre philosophe contemporain André Comte-Sponville. Bien sûr André est un de mes maîtres aussi, voyons-donc. Vous avez lu son petit livre : "De l'autre coté du désespoir" ? C'est un livre qui m'a ouvert les yeux. Et son "Traité du désespoir et de la béatitude"? Ah oui Comte-Sponville prône l'absence d'espoir comme règle de vie, parce que l'espoir c'est ce qui mène à la déception, à la tristesse, au déni de la réalité et même à la résignation, l'espoir est le contraire de la sagesse. Ça, ça en choque plus d'un! Remarquez, c'est ce que disaient Marc-Aurèle, les Stoïciens, c'est pas nouveau. Mais c'est parce que je ne crois pas à un monde meilleur, parce que je ne suis pas persuadé que confusément, doucement, l'humanité va vers le progrès, vers le Bien et la Fin de l'Histoire, que j'adhère à la pensée de ces sages. Et même si c'était vrai, le progrès vers le Bien, qu'est-ce que ça peut bien me faire? Ça ne change pas la réalité, ici et maintenant, et c'est ça qui importe, ici et maintenant, la réalité, la réalité au-delà de l'espoir. Bon je pourrais écrire longtemps là-dessus,et je vais peut-être le faire d'ailleurs, mais ce n'était pas notre sujet, je digresse. Je parlais de mes maîtres à penser. Et puisqu'il faut un maître indien dans le bouillon je mettrai Swami Prajnanpad parmi mes maîtres à penser. Oui, un indien, un gourou, le gourou d'Arnaud Desjardins, ah! ça fait bourgeois-bohème ça, hein? Mais en fait il n'y a rien d'oriental là-dedans et pas d' "orientalisme", juste une pensée, pas européenne non plus, universelle.