À l'aéroport George Bush de Houston une voix répète sans cesse qu'un comportement "inapproprié" et des blagues faites pendant les contrôles de sécurité peuvent vous faire conduire en prison.
Dans l'avion je suis à deux sièges d'une dame âgée qui va au Caire (via Paris), américaine et fortement diabétique. Elle est terriblement bavarde, discute avec tout le monde : son voisin immédiat est un soldat de vingt ans du Colorado qui rejoint son affectation en Allemagne, il est mécanicien et passionné de jeux vidéo; il y a aussi la femme enceinte derrière, qui se lève tout le temps pour faire dégonfler ses jambes; les hôtesses qui viennent sans cesse demander de ses nouvelles et à qui elle tient le crachoir pendant le plus longtemps possible. Elle raconte sa vie, qu'elle va voir ses enfants et ses petits enfants en Egypte (qu'est-ce qu'ils fabriquent en Egypte, je n'arriverai pas à le savoir, mais je suis sans doute le seul dans l'avion). Bien entendu deux heures avant l'atterrissage elle se trouve mal. Le personnel intervient avec gentillesse et célérité, ils sont très bien sur Air France, gentils, serviables, impeccables. Tandis qu'une hôtesse la dorlote, une autre amène un bouteille d'oxygène. Elle dose son insuline. Ça va aller. Elle respire du bon oxygène d'Air France pendant un quart d'heure et puis ça repart. Elle réveille mon voisin le soldat pour lui faire la causette. "Hey, man, I was pretty much asleep" lui dit-il d'une voix endormie.
Nous atterrissons et le commandant nous averti qu'il fait moins sept dehors. Tout l'avion frémit. Oh! Ah! L'hôtesse assise devant moi déclare que chez elle ça va être terrible. J'ose lui demander où c'est chez elle. Strasbourg me répond-elle. Elle a 48 heures de repos et elle va prendre un autre vol pour Strasbourg pour dormir chez elle. Elle est très jolie, très brune, fine, elle me rappelle une fille que j'ai connu dans le temps, une violoniste, qui avait brisé le coeur d'un ami. Dernier virage et dernier coup de frein. Mais après il faut attendre : on est en France, la passerelle est en panne. Vingt minutes d'attente avant de pouvoir commencer à descendre. On a roulé sur les taxiways de Roissy pendant 20 bonne minutes. Une hôtesse avec qui je bavarde (j'ose!) m'explique qu'à Roissy les terminaux sont trop loin des pistes.
Descente d'avion, parcours à pied interminable, on est même obligé de prendre un petit train automatique... C'est dimanche et on est en France, à la Douane il n'y a qu'un seul type pour contrôler tout le monde. Après c'est la récupération des bagages. Sur notre tapis on attend quatre gros avions en provenance des US et du Mexique. Une demie-heure après apparaissent les premières valises. J'ai de la chance, les deux miennes arrivent ensemble et dans le peloton de tête. On est en France, une voix répète tout le temps, en trois langues, que les bagages abandonnés seront détruits sans coup férir par le déminage. Comité d'accueil de douaniers, tiens, c'est nouveaux ça, et étonnant pour un dimanche matin. Est-ce que j'ai pour plus de 430 euros d'import? Non, voyons ! Qu'est-ce que vous faisiez aux Etats-Unis? Visite de la famille ! Ah vous avez de la famille aux Etats Unis ? Ben oui. Bon, et vous avez pour plus de 1000 euros d'espèces sur vous? Non. Okay, vous pouvez y aller. Taxi, un pépère qui m'annonce qu'il fait un temps glacial depuis une semaine. Maison.
J'ai du dormir deux heures dans l'avion, et encore. Arrivé chez moi je m'effondre et je dors tout l'après-midi. Vers cinq heures j'emmerge avec une grosse gueule de bois, je me crois aux USA, chez Y. et C. à Houston, je ne reconnais pas mon appartement, ne sais plus où se trouvent les toilettes, je replonge. Deux heures après je me réveille presque fringuant et l'esprit clair. Là je me rends compte que je suis déconnecté d'Internet. J'attends un peu puis comme ça ne revient pas, j'appelle le service client. Après beaucoup de tests que j'accomplis consciencieusement, le tech m'apprend que c'est la prise électrique de la Livebox qui est HS. Je veux bien mais ça ne m'explique pas pourquoi la Livebox fonctionne parfaitement mais pas la connexion Internet. Il me dit qu'ils m'envoient une autre prise électrique, par la poste. Je doute. Je raccroche le téléphone, débranche et re-branche la Livebox une dernière fois à tout hasard et synchronise une nouvelle fois et là, hop! ça marche ! Connexion Internet et tout. Bien sûr, je n'ai plus du tout envie de dormir, je suis complètement décalé et je n'aurai pas dû dormir cet après-midi.
Alors j'écris.