samedi 16 décembre 2006
Simone
Simone de Beauvoir a une passerelle à Paris, ce qui est mieux que Jean-Paul Sartre qui n'a même pas de pont, juste une place à St Germain-dés-Près qu'il partage avec Simone. J'ai toujours préféré le Castor à Poulou. Elle était moins géniale que lui, sans doute, mais elle disait trente six fois moins de conneries... Et elle avait un plus beau style d'écriture que Jean-Paul. Ses mémoires sont des livres magnifiques que je relis de temps à autre avec émotion. Cette semaine je l'ai vu dans un téléfilm « Sartre, l'âge des passions » assez médiocre au demeurant mais quand même je l'ai regardé parce que je suis, depuis longtemps, un grand admirateur de ces deux intellos là. Simone de Beauvoir était bien incarnée par Anne Alvaro mais moins bien que Denis Podalydès incarnait Sartre... C'est triste. Dans ce téléfilm Simone de Beauvoir apparaît rigide et hautaine, glaçante et triste. Je ne sais pas comment elle était, à vrai dire, mais je ne la voyais pas comme ça. On sait peu qu'elle était bisexuelle et qu'elle a été renvoyée de l'éducation nationale pour « détournement de mineure » (elle couchait, paraît-il, avec une de ses élèves alors qu'elle était professeur de philo). Elle picolait et fumait. Tout le contraire de cette espèce de frigidité du téléfilm. Il faut lire ses mémoires et sa correspondance, avec Nelson Algren, avec Bost, avec Sartre pour comprendre quelle femme extraordinaire c'était. Vivante, brillante, indépendante, scandaleuse, anti-conformiste, rebelle, fière d'être une femme, amoureuse, douce, tendre... Elle est morte en 1986. Je l'aimerai toujours.