mercredi 5 septembre 2018

Une tribune bizarre paraît dans le New York Times

Le New York Times publie aujourd'hui une tribune émanant d'un membre haut placé de l'administration Trump (qui reste anonyme, et pour cause) expliquant que les membres de l'administration sont aux commandes pour modérer les pires pulsions du président !

C'est absolument inouï de lire cela. On peut compter qu'une publication aussi sérieuse que le New York Times, qui a elle aussi une réputation à défendre, a vérifié que l'auteur était bien un membre de l'administration Trump.

Je ne résiste pas à l'envie de vous traduire certains passages de la tribune :

"Pour être clair, notre résistance n'est pas la «résistance» populaire de la gauche. Nous voulons que l’administration réussisse et beaucoup de ses politiques ont déjà rendu l’Amérique plus sûre et plus prospère.

Mais nous croyons que notre premier devoir concerne ce pays et que le président continue d'agir d'une manière qui nuit à la santé de notre république.

C’est la raison pour laquelle de nombreuses personnes nommées par Trump se sont engagées à faire ce qu'elles pouvaient pour préserver nos institutions démocratiques tout en contrecarrant les impulsions les plus erronées de M. Trump jusqu’à ce qu’il ne soit plus en fonction."

ou encore :

"De la Maison-Blanche aux départements et agences de la branche exécutive, les hauts fonctionnaires reconnaîtront en privé leur incrédulité quotidienne face aux commentaires et aux actions du commandant en chef. La plupart travaillent pour isoler leurs opérations de ses caprices.

Les rencontres avec lui tournent autour du sujet et hors des sentiers battus, il se livre à des rituels répétitifs, et son impulsivité se traduit par des décisions à moitié réfléchies, mal informées et parfois imprudentes, sur lesquelles il faut revenir.

"Il est littéralement impossible de savoir s'il peut changer d'avis d'une minute à l'autre", s'est plaint un haut responsable récemment, exaspéré par une réunion du bureau ovale au cours de laquelle le président est revenu sur une décision politique importante qu'il avait prise. seulement une semaine plus tôt."

ou bien :

"Compte tenu de l’instabilité dont beaucoup d’entre nous ont été témoins, il y a eu des rumeurs au sein du cabinet pour invoquer le 25e amendement, ce qui amorcerait un processus complexe de révocation du président. Mais personne ne voulait précipiter une crise constitutionnelle. Nous ferons donc tout notre possible pour orienter l’administration dans la bonne direction jusqu’à ce que, d’une manière ou d’une autre, elle soit terminée."

MAIS :

Je trouve que ça sent le coup d'état, cette tribune, vous ne pensez pas ?

Qui peut bien vouloir dévoiler aussi franchement les efforts de résistance de certains membres de l'administration Trump au risque de déclencher une chasse aux sorcières majeure dans le gouvernement, la révocation de tous les tièdes et l'embauche de fanatiques (encore que les principaux postes doivent être confirmés par le Sénat). D'un autre côté si le New York Times s'est fait avoir ils sont finis. Je suppose (et j'espère) qu'ils ont pris leurs précautions.

C'est le président qui dirige, il a été élu pour ça, même si on ne l'aime pas le système démocratique veut que ça soit le président élu qui dirige le pays. De quel droit des membres du gouvernement dirigent en sous-main le pays ? Parce que le président en est incapable ? Dans ce cas là il faut évoquer le 25ème amendement et le démettre de ses fonctions.

Et si cette tribune n'était tout simplement pas publiée comme on a mis le feu au Reichstag ? Pour donner des raisons à Trump de concentrer tous les pouvoirs.

Et si cette tribune était une tentative de l'administration de forcer le déclenchement de l'invocation du 25éme amendement ?

Bref ça sent très mauvais.