samedi 3 janvier 2015

Des orages et des avions



Normalement un avion qui traverse un orage ne s'écrase pas, ni ne se retrouve dans une situation menaçante pour sa survie. Cependant un certain nombre d'avions ayant traversé ou essayé de traverser un orage se sont retrouvés en fâcheuse position voire se sont écrasés. D'une manière générale il est considéré comme peu prudent de traverser une cellule orageuse et les pilotes font quotidiennement leur maximum pour les éviter. Malgré tout, les avions sont conçus pour endurer un passage dans un orage et en général s'en sortent bien. Mais les pilotes essayent d'éviter ça pour trois raisons : c'est inconfortable, imprévisible et un environnement hostile dans lequel voler. Au vrai, faire traverser un orage à un avion, le rend très vulnérable. Ce qui, combiné à des facteurs humains et des problèmes de structure ou d'instruments accroit beaucoup les risques. À l'intérieur d'une cellule orageuse il y a de la foudre, de très fortes turbulences, des courants ascendants et descendants très violents, de la pluie, de la grêle et de la glace, toutes conditions qui sont considérées comme pouvant faire prendre des risques à un avion. Les pilotes repèrent les cellules orageuses visuellement ou sur leurs radars météos. Ils se faufilent entre les cellules ou autour en s'efforçant de ne pas faire trop de détours pour ne pas prendre du retard ou consommer trop de fuel. Les cellules orageuses ont la plupart des temps des surfaces au sol assez faibles se qui rend possible un contournement aisé. Par contre elles occupent souvent une altitude très importante, il n'est donc pas conseillé d'essayer de passer au-dessus, ce qui pourrait faire atteindre l'altitude maximale de l'avion et pourrait le faire sortir de son domaine de vol, le conduisant au décrochage.

On se souvient du crash d'Air France 447, consécutif au passage à travers un orage et à de la glace bouchant temporairement les sondes Pitot provoquant l'arrêt du pilote automatique (pour vitesse non fiable) et surtout la désorientation et désorganisation complète de l'équipage. Le pilote en fonction a mis alors son avion à cabrer jusqu'à le faire décrocher et n'a jamais compris pourquoi son avion s'était quasiment arrêté de voler !  Dans ce cas précis l'orage n'est pas le facteur principal de l'accident, c'est l'erreur humaine et la panique du pilote en fonction.

Le vol 421 de Garuda Indonesia, un 737, s'est retrouvé dans un très violent orage, en 2002. La pluie et la grêle furent tellement abondantes que les deux moteurs s'éteignirent. Les enquêteurs ont dit que l'avion avait rencontré une densité de grêle de 18 grammes par mètre cube d'air. Ce qui équivaut à voler dans 10 000 cubes de glace par seconde. Les pilotes n'arrivèrent pas à rallumer les moteurs et firent planer l'avion dans une rivière. Il y eu un mort et quelques blessés légers.

Le vol 612 de Pulkovo Aviation Enterprise était un Tulopev 154 qui s'est écrasé au nord de Donetsk en 2006. Dans ce cas précis les pilotes ont cru bon d'essayer de survoler l'orage au lieu de le contourner. Le cumulonimbus culminant à près de 50 000 pieds il s'avéra impossible de faire voler l'avion à cette altitude, la densité de l'air étant beaucoup trop faible pour le soutenir. L'avion décrocha et parti en vrille à plat, puis s'écrasa dans la campagne sans que les pilotes n'aient rien pu faire pour le rattraper.