Fungus, © Reuters / Régis Duvigneau |
Je fais beaucoup de cauchemars en ce moment, presque toutes les nuits. Je pense que ce sont les antibiotiques qui me font ça en se combinant avec un autre médicament que je prends tout le temps. Comme j'ai arrêté les antibiotiques aujourd'hui on va bien voir si ça s'arrête. J'aimerais mieux. Cette nuit j'en ai fait un dont je ne me souviens plus sinon que je me suis réveillé en sueur, à six heures du matin, avec la tenace impression que le rêve était ma vie réelle. Il m'a fallu un bon moment de raisonnements embrumés pour me rendre compte que non, le rêve dont je venais de me réveiller n'avait rien à voir avec ma vie réelle.
Mes cauchemars ont toujours la même forme : je me retrouve dans une situation où je dois faire quelque chose d'important que je ne suis pas en mesure de faire ou une action essentielle qu'il m'est impossible de faire, et par ma faute, soit que je ne suis pas à la hauteur des attentes que l'on a placé en moi, soit que je n'ai pas fait le nécessaire avant pour répondre à la demande présente (par exemple : je dois passer un examen sur une matière dont je ne connais pas la première notion faute de l'avoir étudiée). Les personnages changent, ce sont souvent des gens qui m'ont plus ou moins tourmenté par le passé. Je m'engueule souvent en rêve avec eux. Ces rêves sont particulièrement angoissants pour moi. Je mets toujours un moment avant de raccorder le rêve et la réalité en m'éveillant et en général je me sens soulagé parce que bien sûr la réalité l'emporte. Sylvette disait que c'était mon vieux fond de morale judéo-chrétienne qui me travaillait. En tout cas c'est toujours en effet un problème moral qui se présente : le devoir trahi, les espérances des autres en moi déçues. Je ne fais jamais des cauchemars horribles ou effrayants, non, des cauchemars moraux, ça c'est mon truc !