mardi 29 décembre 2009

Terres ancestrales

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Je ne suis pas enclin à la nostalgie, jamais. Regretter le passé, mon enfance, ma jeunesse, connais pas. Regretter les lieux où j'ai vécu, non plus. Il doit me manquer quelque chose. Pourtant ce ne sont pas les souvenirs qui manquent, me disais-je, alors que dans l'après-midi j'arpentai les terres ancestrales, Chinon, où je suis né et où j'ai vécu pendant dix-huit ans. Chaque coin de rue me rappelle quelque chose, une personne, un micro-évenement, une période de ma vie. Rien que dans une rue, certes proche de mon ancien domicile, il y a la maison de Madame Gendron, où j'allais deux fois par semaine aux leçons de catéchisme. Et aussi celle des Maugers, des Allards, du marchand de poulets Blineau, du grand-père Pion (et sa DS dans le garage).

Cette maison au pignon rouge qu'on voit sur la photo est en haut de la rue du Puy-des-Bans que j'escaladais le jeudi avec ma mère pour aller passer l'après-midi à Roc-Maison, sur le coteau. J'avais, étant enfant, une phobie de l'incendie due à notre système de chauffage par cuisinière au charbon qui démarrait avec de grandes flammes et virait au rouge en cas de marche un peu forte. Ma mère craignait aussi l'incendie, parmi toutes les peurs qui l'accablaient, et surtout la cuisinière trop puissante et difficile à régler (un monument antique, mal pratique et effrayant, que ma mère ne voulait surtout pas troquer pour une chaudière moderne, elle détestait tout ce qui était moderne); ma mère, donc, craignait que cette cuisinière ne mette le feu à la suie de cheminée. Et moi aussi j'avais les peurs de ma mère. Cette maison au pignon rouge, je croyais dans mon enfance qu'elle avait brulé et que c'était pour cela que le pignon était rouge.

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Et pour mémoire voici la porte de la maison où je suis né et où j'ai vécu jusqu'à 17 ans et même après j'y ai campé ayant décidé de quitter le domicile familial, alors sise dans la vieille ville, pour incompatibilité d'humeur avec la nouvelle femme de mon père. C'était la "porte de derrière" car devant, dans la rue parallèle, c'était le magasin de mon père. Nous étions voisin d'un boucher, une grosse brute de boucher qui abattait des agneaux sur le pas de sa porte, à coté de la nôtre et qui vendait (vend toujours) de la viande de cheval. Et chez Blineau un peu plus loin c'était les poulets qu'on abattait en masse dans une machine ad-hoc et qui étaient plumés aussitôt, à la chaîne. L'horreur, l'horreur. Et nous étions gamins dans cette horreur ordinaire.