mardi 8 janvier 2013

Sur les fausses informations


Un type me dit : “Moi, je ne fais pas vacciner mes enfants, dans certains cas les vaccins provoquent l’autisme, les vaccins ne sont pas sûrs.”

Cette histoire de vaccin est née en 1998 en Grande Bretagne. Une étude fit état d’un lien entre un vaccin pour les enfants assez commun et l’autisme. Cette étude connut un fort retentissement dans le public. Plusieurs organisations de santé publique rapportèrent ensuite que les résultats n’étaient pas démontrés et les média se firent largement l’écho de ces réfutations. Pourtant, encore en 2002, entre 20 et 25% du public continuait à croire qu’il y a un lien entre vaccin et autisme et entre 39 et 53% qu’il y a autant de preuves d’un coté que de l’autre. En outre une fraction non négligeable de professionnels de la santé continuait à croire au résultat de l’étude en question. Plus tard le principal auteur de l’étude fut confondu, jugé pour faute professionnelle et un tribunal révoqua son autorisation de pratiquer la médecine.

Pourquoi les gens croient-ils dur comme fer à certaines informations fausses et pourquoi est-il si difficile, voire impossible, de les ramener à la raison ? Pourquoi croient-ils en dépit de toute évidence que le gouvernement américain est derrière le 11 septembre, que les vaccins rendent leurs enfants autistes, qu’Obama est Kenyan, musulman et veut instaurer un régime communiste, que l’homéopathie guérit les maladies et que les centrales nucléaires sont dangereuses ?

Et pourquoi, mis devant les preuves de la fausseté de leurs idées, ne veulent-ils, généralement, pas en changer, allant jusqu’à faire l’effort de chercher à étayer leurs présomptions pour résister à la vérité ?

Ce billet du blog Cognition & Culture, rapportant un article de la revue Psychological Science in the Public Interest apporte des réponses intéressantes à ces questions. En gros, pour croire une information il faut faire confiance dans celui qui nous apporte cette information. Si cet informateur parle d’une position d’autorité (gouvernement, média et surtout télévision, scientifique) ou si nous pensons cet informateur “autorisé” (par exemple à cause de son métier ou de sa réputation) nous aurons tendance à lui faire aveuglément confiance. Si cette information vient renforcer notre vision de choses alors elle aura encore plus de chance de faire son chemin dans notre système de croyances. Les informations qui donnent un éclairage sur les causes d’un événement impressionnant ou incompréhensible auront tendance à nous séduire facilement. Nous allons faire alors un effort cognitif pour intégrer et étayer cette information, nous raconter une histoire, trouver des arguments, bâtir une démonstration, trouver d’autres informations pour corroborer la première, bref, construire un modèle mental qui nous satisfasse et réponde à nos préoccupations.

Il est dès lors très difficile de nous faire changer d’idée, de réfuter notre opinion, parce que l’effort cognitif à fournir pour mettre à jour cette information est très important. Il nous faut, dans certain cas, remettre en cause toute la vision du monde que nous avons eu tant de mal à élaborer. Et puis c’est humiliant de se voir demander de ne plus croire à ce que l’on croyait avant. Changer d’idées n’est pas bien vu dans notre socio-culture.

Y a-t-il un moyen de corriger les fausses opinions ? L’article donne quelques solutions résumées dans cette infographie astucieuse :