Un A320 d'Air France décollant de Barcelona El Prat - Photo Rodrigo Carvalho / Airliners.net |
Aux alentours de 20h00 local ce 23 décembre une nappe de brouillard tombe sur Barcelone ne laissant plus que la piste 25R pour atterrir, vu que seule cette piste possède les équipements d'atterrissage par visibilité faible. À Barcelone il y a trois pistes, deux parallèles : la 07L/25L et la 07R/25R et une qui les croise, la 02/20. Il en résulte rapidement un embouteillage géant dans les airs : de nombreux avions arrivent et les uns après les autres sont mis en attente (holding pattern) et le contrôleur chargé de l'approche, apparemment seul, se révèle rapidement dépassé.
Note : quand on met en attente des avions dans le ciel on les fait tourner en rond les uns au dessus des autres dans les environs de l'aéroport, c'est ce qu'on appelle un "holding pattern", on appelle ça aussi un "stack" ou un "holding stack".
Au fil des minutes les temps d'attentes s'allongent. Les pilotes commencent à s'impatienter. C'est qu'ils voient leurs niveaux de carburant diminuer. Ils commencent à calculer combien il va falloir de pétrole pour se dérouter sur un aéroport voisin. Et quel aéroport d'ailleurs ? Le contrôleur de Barcelone leur propose Gérone (Girona), à 93 km au nord-est de Barcelone. Mais c'est ennuyeux de se dérouter, ennuyeux pour les passagers, pour la compagnie, pour tout le monde. Dans la mesure du possible on préférerait attendre pour atterrir à Barcelone mais on ne sait vraiment pas combien de temps il va falloir tenir en l'air car le contrôleur ne semble pas le savoir lui-même. Les pilotes sortent les calculettes. Est-ce que ça ne vaut pas le coup d'attendre quand-même, si on a assez de fuel ? Et quand le contrôleur annonce que Gérone est saturé, qu'il faut se dérouter sur Palma de Majorque, sur les Iles Baléares, à 200 km plus au sud, c'est un peu la panique ! Certains, qui ont assez de fuel, patientent en serrant les dents. D'autres rebroussent carrément chemin et vont atterrir à Perpignan ou à Marseille.
Il faut écouter les communications de ce soir là pour se rendre compte que la situation est assez cocasse, mais pourrait bien devenir dangereuse, et que le pauvre contrôleur fait ce qu'il peut mais qu'il peut peu.
Exemples :
- À 20h17 local un A320 d'Air France déclare "urgency" (ça ne veut rien dire mais ça témoigne de l'énervement du pilote) et réclame une estimation de son temps d'attente, le contrôleur lui répond "I'll call you sir" et c'est tout ! Le pilote d'Air France dit en articulant (il commence à en avoir marre de ce bordel) "once again we need approach time !" Pas de réponse. Il finira par atterrir à Barcelone à 20h56 local. Au passage on reconnait les pilotes d'Air France à leur fort accent français quand ils parlent Anglais.
- Un A320 d'Easy Jet refuse, vers 20H22 local, de descendre à 13000 pieds sur son cercle d'attente et demande à être dérouté sur Gérone, le contrôleur lui répond: "Roger, stand by, perhaps this time will be the same because there are many traffics now in Girona, break! break!". Ouais, le temps d'attente sera peut-être le même à Gérone, parce qu'il y a un sacré trafic là-bas ! Le Easy, dégouté, finira par atterrir à Perpignan.
- Un autre A320 d'Easy Jet demande plusieurs fois à ce qu'on lui donne un vecteur sur Gérone, le contrôleur lui répond à chaque fois "stand by" puis à la quatrième demande lui répond "confirm you want to divert to Girona?", avant de lui donner enfin un vecteur.
- Un Boeing 737 de Transavia en provenance d'Amsterdam loupe son atterrissage vers 20h25, redresse (il fait un ""go-around") et se déroute vers Gérone à basse altitude. Le contrôleur déclare alors : "to all stations, there has been a Mayday now, please stand by" en citant le Transavia comme auteur du mayday alors que celui-ci n'a rien demandé (le Transavia ira atterrir à Gérone sans problèmes).
- Un A320 de Monarch Airlines entre dans le cercle d'attente à 19h50 local, à 20h16 local on lui dit "only one more round" puis encore "only one more hold, sorry". À 20h20 le pilote demande à sortir du hold pour atterrir : "can we make the approach this time in now?", le contrôleur répond : "roger, stand by, only one more hold" ! L'avion finira par atterrir à 20h38 à Barcelone.
Informations trouvées sur Aviation Herald.