Quand je rencontre des Américains ils me demandent souvent — histoire de bavarder — quels sont les écrivains français que j’aime. Je suis toujours embarrassé de leur répondre que je n’apprécie vraiment que les écrivains d’Amérique du Nord et un peu d’Amérique Latine, quasiment exclusivement. L’Amérique du Nord en particulier occupe chez moi la plus grande partie de mon temps de cerveau disponible, dans tout ce que je fais, dans tout ce qui m’intéresse, dans tout ce que je lis. C’est une névrose, probablement. Je peux passer une soirée entière, par exemple, à scruter les cartes et les photos satellites des États-Unis dans Google Maps ou Earth, à me balader dans les rues d’un bled perdu du Texas avec Google Street View, à la recherche d’un ersatz de voyage Américain, à lire en Anglais un livre sur la Cour Suprême des États-Unis, à jouer au Fantasy Baseball, à éplucher le New Yorker et le New York Times, à lire les blogs politiques des USA, à me documenter sur un point d’histoire particulièrement obscur de l’histoire de l’Amérique, à écouter presque religieusement This American Life ou NPR Radiolab en podcast, etc.. Je ne regarde que les films américains et les séries américaines et je me suis rendu compte récemment qu’à un match de foot bien de chez nous je préférai mille fois regarder un match de baseball sur ESPN America ou sur MLB TV. Dans la vie quotidienne je tiens cette obsession en respect et n’en parle à quasiment personne de peur de passer pour un dingue, ce qui fait de moi, pour mes collègues de travail, un être mystérieux dont on se demande à quoi il s’occupe chez lui et quels sont ses hobbies dont il ne parle jamais ou sur lesquels il reste évasif. J’ai compris que certain me croyaient gamer invétéré, je les laisse croire, ça me fait un alibi, en quelque sorte.
Je me suis rendu compte que je parlais assez peu de cette obsession américaine dans ce blog et que je devrais lui consacrer plus de place ici. J’ai conçu le projet, jamais réalisé, d’écrire un « dictionnaire amoureux de l’Amérique » dont je publierai les entrées ou même les brouillons d’entrées (ou même les notes pour servir aux entrées du dictionnaire) sur ce blog. Il est temps que je m’y mette.
Il existe déjà dans la série « Les Dictionnaires amoureux » chez Plon un « Dictionnaire amoureux de l’Amérique » écrit par Yves Berger, Prix Renaudot de l’essai en 2003 (pourtant une année ou les USA furent l’objet d’un ressentiment pénible à vivre, ici, en France). C’est un livre magnifique et une constante inspiration, et pas seulement parce qu’en découvrant l’auteur, décédé en 2004 , j’avais découvert un fellow fou d'Amérique. Mon but n’est pas d’être édité mais d’offrir un exutoire à ma passion, la partager et peut-être intéresser quelques lecteurs.