mercredi 7 décembre 2011

Une analyse des boites noires de AF 447

Air France 447 Flight-Data Recorder Transcript - What Really Happened Aboard Air France 447 - Popular Mechanics
Un article extrêmement intéressant (mais en Anglais, dommage pour les non-anglophones) qui analyse les indications des boites noires du vol Air France 447 crashé le 1er juin 2010 dans l'Atlantique. Bien sûr cet article est à prendre avec précautions, je ne dis pas qu'il fait définitivement toute la lumière sur l'accident mais que les arguments qu'il met en avant pour expliquer celui-ci sont logiques et raisonnables et semblent correctement éclairées. A chacun, en le lisant, de se faire une idée.

A mon avis, il ressort de cet article que le stress, l'inexpérience des pilotes aux commandes (en l'absence du commandant de bord), un manque d'entraînement à ce type d'incident (décrochage à haute altitude et vol en "alternate law") et une série de fausses maneuvres ont précipités cet avion dans l'Océan Atlantique. Il en ressort aussi que l'incident aurait pu être aisément contré et que le contrôle de l'avion n'aurait pas dû être fatalement perdu.

Certaines choses m'ont particulièrement saisies comme déterminantes dans cette catastrophe :

 - les pilotes dans le cockpit à ce moment là n'ont pas anticipé l'entrée de l'avion dans une zone de mauvais temps que tous les autres avions du secteur avaient décidé d'éviter. Il en a ainsi résulté la traversé d'une perturbation atmosphérique génante et dangereuse pour l'avion, résultat : des turbulences et surtout la formation de glace sur les sondes Pitot (malgré la mise en marche des dégivreurs, ce qui est bien sûr anormal).
 - à partir de là les sondes Pitot ne pouvant plus donner la vitesse de l'avion, le pilote automatique rend la main au pilote en fonction. C'est normal.
 - les pilotes pensaient alors être en "normal law" c'est à dire protégés par les systèmes électroniques de contrôle de l'avion, qui l'empêchent de se retrouver en position de décrochage, or ils étaient en "alternate law" et donc ne disposaient plus de la protection des systèmes électroniques de l'avion.
 - la perte temporaire des sondes Pitot est le déclencheur de la chaîne de problèmes qui va suivre mais c'est la réaction des pilotes a cet évenement et les maneuvres qu'ils vont opérer qui vont faire que l'avion va encadrer la planête.
 - le commandant de bord étant parti se reposer il n'était pas très clair qui devait être aux commandes et qui devait piloter l'avion en cas de problème, le plus jeune et le moins expérimenté des deux co-pilotes a donc pris les commandes dès le début de l'incident et les a gardé jusqu'à quelques secondes avant la fin.
 - aucun des pilotes n'a semblé entendre l'alarme de décrochage qui a pourtant normalement fonctionné, deux fois et pendant longtemps à chaque fois. Ils se sont rendus compte que leur avion n'allait pas bien et que tout ce qu'ils faisaient n'avait aucun effet. Ils ont cru avoir perdu le contrôle de l'avion et ne se sont pas rendu compte qu'ils éxécutaient des maneuvres contraires à ce qu'il aurait fallu faire en cas de décrochage. (En cas de décrochage il faut rétablir l'assiette et la vitesse et donc l'angle d'attaque des ailes de l'avion en mettant "le manche au tableau" (le manche en avant comme pour faire piquer l'avion) et les moteurs à fond, le moyen mnémotechnique en Anglais pour se rappeler de cette maneuvre c'est "pitch and power".)
 - il est possible que le plus jeune et le moins expérimenté des pilotes (aux commandes pendant une grande partie de la chute) n'ait jamais piloté en "alternate law" auparavant.
 - le pilote aux commandes a essayé de faire remonter l'avion en le cabrant et en poussant les réacteurs à fond, ce qui n'a eu pour effet que de réduire la vitesse (à la fin la vitesse était de 60 noeuds soit quasiment du sur-place).
 - même après qu'il ait cédé les commandes à son collègue, le plus jeune des deux pilotes a continué à maintenir son manche à cabrer, jusqu'au bout. Et la configuration de la cabine de l'Airbus, avec ses deux joysticks indépendants ne permet pas de savoir ce que fait le collègue.
 - les indications de vitesse étaient revenues et tous les systèmes fonctionnaient correctement juste avant le crash.


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