“C’est la maison, elle est vieille”, me disait il y’a quelques années la concierge de mon immeuble, à la suite de mon énième problème de plomberie (à ce moment là c’était des fuites sur la conduite d’évacuation des toilettes… agréable! Il avait fallu changer un énorme tuyau en fonte et j’avais eu de la poussière de fonte jusqu’au plafond dans les toilettes). Ce soir ce sont encore les toilettes qui m’ont donné du fil à retordre. J’ai pu faire une réparation de fortune mais il faut que je fasse intervenir les plombiers.
L’immeuble dans lequel je vis tombe en ruine, et depuis trois ans le propriétaire dit qu’il va faire des travaux de réhabilitation pharaoniques mais je ne vois toujours rien venir. L’année dernière ils ont découvert de l’amiante dans les caves! Il a fallu condamner les caves et faire nettoyer tout ce qu’il y avait dedans. Les opérations de nettoyage et de déflocage ont duré neuf mois. Ensuite on s’est rendu compte que la chaudière collective n’était pas aux normes, il a fallu attendre l’été pour la changer. Depuis six mois il paraît que le permis de construire a été accordée par la mairie du dix-huitième arrondissement mais les travaux ne commencent toujours pas. Pendant longtemps j’ai cru qu’on allaient nous re-loger et dynamiter cet immeuble hideux et vétuste mais non, le manque de logement est si critique à Paris qu’on a préféré refaire l’immeuble plutôt que de nous reloger. C’est d’autant plus ironique que partout autour de chez moi on démoli et on reconstruit ou on réhabilite, voire même on construit des logements flambants neufs sur les terrains que RFF cède petit à petit à la Ville. Bientôt tout le quartier du Simplon sera quasiment neuf et il n’y aura plus que notre barre grise qui tombe en ruine comme vestige d’un passé insalubre.
Terminé “American Ground” de William Langewiesche et commencé “Après le livre” de François Bon. “American Ground” est un petit livre passionnant dans lequel l’auteur raconte la déconstruction du gigantesque tas de gravas d’acier et de béton du World Trade Center après les attentats du 11 septembre 2001. Les exploits d’ingénierie qu’il a fallu accomplir pour évacuer cet énorme tas et solidifier les bords du trou pour que l’eau de l’Hudson ne noie pas le site, les raisons exactes pour lesquelles les tours se sont effondrées après l’impact des avions, les conflits entre les pompiers, la police et les entreprises civiles, tout est expliqué dans une langue très simple absolument dénuée de tout pathos ou mélodrame. L’auteur, William Langewiesche, est un reporter célèbre qui travaille pour Vanity Fair; c’est un spécialiste des récits de catastrophes (aériennes, souvent) qu’il sait décortiquer dans leurs moindres détails et expliquer clairement et simplement. Il écrit des reportages généralement très longs et détaillés et remarquablement bien documentés. Un reporter à l’ancienne. Plusieurs de ses reportages ont donné lieu à l’édition d’un livre, ainsi son extraordinaire reportage sur l’amerrissage accidentel de l’Airbus A320 d’US Airways sur l’Hudson.