DSK a subi ce qu’on appelle en Amérique le « perp walk » (littéralement : la marche du prévenu) : il s’agit de faire sortir l’accusé du poste de police, menotté et entre deux (ou plus) flics sous les objectifs de la presse prévenue à l’avance de la sortie (sinon ça n’aurait aucun intérêt). C’est un procédé légal – mais pas prescrit par la loi ni obligatoire – utilisé par le proc' pour manipuler l’opinion contre le prévenu, le public qui sera amené, via les jurés, à se prononcer sur la culpabilité ou non de ce même prévenu lors du procès. C'est un procédé qui résulte aussi, et dans le cas de DSK particulièrement, d'un marché passé avec la presse pour que celle-ci laisse tranquille la victime présumée. Et enfin c'est une marque de satisfaction de la police, un trophée en quelques sortes. Ce procédé vu d’Europe et de France en particulier peut être considéré comme monstrueux, cruel et violant la présomption d’innocence mais il est commun pour un spectateur Américain. On se souvient du « perp walk » de nombreuses personnalités ou criminels notoires : Lee Harvey Oswald, Timothy McVeigh, Bernard Madoff, etc. Plus la prise est grosse plus elle aura de chance de subir un « perp walk ».
Dans le système judiciaire américain accusation et défense sont mis sur un pied d’égalité face à un jury composé de citoyens pris (plus ou moins) au hasard. L’accusation va devoir démontrer au jury (et pas au juge) la culpabilité du prévenu avec tous les moyens légaux mis à sa disposition. La défense devra convaincre le jury que les preuves de l’accusation ne valent rien ou qu’elles ont été obtenues illégalement et/ou qu’il existe un doute sur la culpabilité de l’accusé ou encore que celui-ci a été accusé à tort, et ce, avec tous les moyens légaux mis à sa disposition. Dans ce dernier cas la défense aura parfois recours à une enquête effectuée par elle pour innocenter son client, c’est le seul cas où la défense essaiera de prouver l’innocence du prévenu, dans tous les cas de figure le prévenu reste présumé innocent et la défense s’attachera à démolir l’accusation et à convaincre le jury. La décision du jury devra être à l’unanimité des 12 jurés et au-delà de tout doute raisonnable (et non à la majorité et selon l’intime conviction des jurés comme en Cours d’Assise en France). De plus aucun magistrat ne participera à la délibération des jurés. Le président du tribunal n’est là que pour faire respecter la procédure et le droit et veiller à l’égalité de traitement des deux parties, l’accusation et la défense. Dans les affaires criminelles mettant en cause des personnalités célèbres ou influentes, la défense est notoirement plus agressive et efficace que dans les « petites » affaires (et a beaucoup plus de moyens financiers et humains) paradoxalement l’accusation est assez démunie face aux gros cabinets de stars du barreau, elle n’a avec elle que la force publique et c’est souvent assez maigre. Il n’est donc pas étonnant qu’elle emploie un procédé comme le « perp walk » pour influencer l’opinion publique en sa faveur. Tant que c'est autorisé...