Selon le rapport du BEA, le vol AF 447 Rio-Paris à encadré la planète (en l'occurrence l'Océan Atlantique) à peu près à plat (angle cabré de 16° et roulis sur la gauche de 5,3°). En pleine nuit, après que les données de vitesse aient disparues ou aient été rendues indisponibles à cause du givrages des tubes de Pitot, l'avion a décroché à 38000 pieds et il est tombé du ciel à la vitesse de 10000 pieds/minute pendant 3 minutes et trente secondes. Si l'on en croit le BEA, l'équipage ne s'est quasiment pas rendu compte qu'ils tombaient, ils étaient désorientés par l'absence de données fiables des instruments et maintenaient la position de l'avion cabrée, alors que la règle pour stopper un décrochage est de mettre le manche au tableau (en avant) pour faire piquer l'avion du nez et lui permettre de reprendre de la vitesse et de la portance.
Un décrochage c'est quand l'avion n'a plus assez de vitesse et les ailes plus assez de portance, c'est donc quand un avion tombe en chute libre par faute de vitesse. Une alarme retentit dans le cockpit, une voix robotique dit "stall, stall" et le manche à balais se met à vibrer fortement pour alerter le pilote (on appelle ça un "stick shaker"). L'avion ne pique pas du nez, il tombe, c'est tout, parfois avec un fort roulis à gauche et à droite et même souvent il se retrouve sur le dos. Mais là, non, semble-t-il.
Si ça se trouve les pilotes, l'esprit occupé à essayer de savoir où ils en étaient de leur vitesse et de leurs instruments (leurs derniers mots ont été "on n’a aucune indication qui soit valable") n'ont même pas entendu ou prêté attention à l'alarme de décrochage. Ça arrive, c'est prouvé.
Un de mes amis pilote de loisirs m'avait raconté qu'en avion de tourisme, dans le noir ou la brume, donc sans repères au sol ou une vue sur l'horizon, et sans instruments on avait environ deux minutes avant de se crasher. Un A330 n'est pas un avion de tourisme mais au fond il vole pareil. La descente du vol 447 a duré 3 minute trente secondes avant le crash.