»» Justice au singulier: Bacri, on t'aime ! Philippe Bilger :
Jean-Pierre Bacri affirme s'être "créé un univers dans lequel le plaisir est prioritaire", contre les contraintes inutiles de la vie en société, contre la fréquentation des ennuyeux et les mille servitudes acceptées par faiblesse, qui font du quotidien un enfer parce qu'on a honte de soutenir qu'on se préfère, et quelques rares êtres avec soi. Il fait l'éloge de "la gueule" qui est en effet la manière la plus efficace de démontrer au monde vain et ridicule qui vous entoure qu'on ne l'aime pas et qu'on désirerait être ailleurs. Il y a une authenticité qui n'est pas contradictoire avec une politesse des profondeurs mais incompatible avec la bienséance formelle. Pour Bacri, on a beau tourner l'idée dans tous les sens, le nul est nul, les promotions télévisuelles indécentes et indignes, la jeunesse n'est pas le plus bel âge de la vie, l'univers ne devient supportable que si on l'invente, l'existence est belle mais pas avec beaucoup, certaines femmes sont capitales et la bêtise fait des ravages.
Je souscris à tout. C'est comme un intense, immense bol d'air qui devrait rendre choquantes les complaisances et grotesques les hyperboles qu'une modernité sotte s'adresse à elle-même par l'entremise de médias enivrés par le Rien.