Des députés qui se cachent, la foule qui occupe le Sénat et un gouverneur qui veut diminuer les salaires des fonctionnaires et museler leurs syndicats, ce n'est pas banal ce qui se passe dans le Wisconsin en ce moment. Le gouverneur — Républicain — de l'État du Wisconsin veut faire passer une loi qui a pour but de priver les syndicats de fonctionnaires de leur droit à être les interlocuteurs du gouvernement lors des négociations collectives (salariales, par exemple) et de faire du même coup de larges coupes dans les salaires des fonctionnaires en augmentant leurs parts de cotisations sociales, dans le but de réduire le train de vie du gouvernement. J'en connais en France qui saliveraient à cette idée, infaisable dans nos contrées! Ce qui a suivi l'arrivée de cette proposition de loi au Sénat de l'Etat du Wisconsin est extraordinaire. Les sénateurs d'État, Démocrates, minoritaires, ont décidé de s'absenter de la Chambre pour que le corum de sénateurs nécessaire au vote de la loi ne soit pas atteint. Pour ne pas risquer d'être obligé d'assister au vote ils ont carrément quitté le Wisconsin et se sont réfugiés en Illinois, l'État voisin, depuis jeudi dernier. Par ailleurs les syndicats de fonctionnaires, en grève, font le siège en masse du capitole à Madison, la capitale de l'État. Ils ont envahi les galleries publiques de l'hémicycle sénatorial et campent là depuis plusieurs jours sans manifester le moindre signe de faiblesse. Paul Krugmann, éditorialiste (de gauche) du New York Times et prix Nobel d'Économie, éclaircit bien les choses :
What Mr. Walker and his backers are trying to do is to make Wisconsin - and eventually, America - less of a functioning democracy and more of a third-world-style oligarchy. And that's why anyone who believes that we need some counterweight to the political power of big money should be on the demonstrators' side.
Mr. Walker isn't interested in making a deal. Partly that's because he doesn't want to share the sacrifice: even as he proclaims that Wisconsin faces a terrible fiscal crisis, he has been pushing through tax cuts that make the deficit worse. Mainly, however, he has made it clear that rather than bargaining with workers, he wants to end workers' ability to bargain.