Fort Hood est une immense base de l'US Army, au sud de Dallas, à 100km entre Austin et Waco, dans les plaines du centre Texas, aux confins de la ville de Killeen. C’est au coeur du Texas et au coeur de l’Amérique. Un décor de western. La base fait 640 km2, le tiers d'un département français, elle abrite le 3ème Corps d'Armée avec une division de cavalerie blindée et une division d'infanterie et d'autres régiments, un vaste terrain de manoeuvres et un centre de préparation au combat pour les troupes déployées en Irak et en Afghanistan. Fort Hood compte environ 35000 résidents, les familles des soldats dans des villes pavillonnaires, des entrepôts, des casernements, des bureaux et aussi des écoles, des hôpitaux et des collèges. Le 5 novembre un psychiatre militaire nommé Nidal Malik Hasan a sorti deux pistolets automatiques de ses poches et a tiré dans une foule de soldats qui attendaient de passer une visite médicale avant de partir en Irak ou en Afghanistan. 13 morts, 30 blessés, le major Hasan n’a pas fait de quartier, dans le grand style des shooting rampages américains. Une femme policier de la base, appelée sur les lieux, a descendu le major Hasan. Celui-ci n’a pas été tué, toutefois gravement blessé, il a été évacué sous bonne garde vers un hôpital de San Antonio.
C'est le deuxième massacre dans l'histoire de la ville de Killeen. En 1991 un dénommé George Jo Hennard avait ouvert le feu à l'intérieur d'une cafétéria et avait tué 23 personnes et blessé 20 autres avec un Glock et un Ruger avant de se suicider. Ce jour là, Suzanna Hupp était dans la cafétéria avec ses parents. En ce temps là, la loi texane interdisait de porter une arme non apparente sans permis. Elle n'avait pas de permis et avait laissé son flingue dans la voiture plutôt que de le mettre dans son sac à main, ce qu'elle avait beaucoup regretté après. Hennard descendit son père d'une balle dans la poitrine et sa mère d'une balle dans le crâne à bout portant. Hupp fit campagne pour que la loi texane sur le port des armes non apparentes soit modifiée, ce qu'elle obtint en 1995. C'est tout de même un drôle de coin, où l'on se demande si on met son pistolet dans son sac à main où si on le laisse dans la voiture quand on va au bistrot.
On en sait encore peu sur le drame de Fort Hood et l'armée laisse filtrer les informations avec parcimonie. Tout ce qu'on croit savoir c'est que le major Hasan ne voulait pas aller en Irak ou en Afghanistan où il allait être envoyé pourtant prochainement, il détestait l’idée d’être envoyé là-bas et il aurait tout fait légalement pour l’éviter, mais son tour était venu, il allait partir. Il paraît qu'il était un dévot musulman, originaire de Palestine mais né aux USA. Il disait avoir été harcelé ou moqué par ses collègues parce qu’il était arabe. Il semble qu’il ait prémédité son geste, donnant à sa voisine la veille du jour fatal la plupart de ses maigres possessions. Psychiatre, il avait assisté les soldats traumatisés de retour de guerre. Quand un étudiant d’origine coréenne avait descendu 32 personnes à l’université de Virginia Tech en 2007, les coréens-américains ne s’étaient pas sentis particulièrement visés par l’opinion publique. Là, les musulmans américains multiplient les déclarations pour déplorer le drame et les “wingnuts”, les cinglés d’extrême droite qui sévissent sur Fox et sur les talk-radios commencent à s’agiter.
Le lendemain c'est à Orlando, Floride qu'un grincheux a tué une personne et blessé six autres sur les lieux de son ancien travail.