lundi 23 février 2009
Manas out !
Le Kirghizistan {fr} est un petit état d'Asie Centrale d'un peu plus de 5 millions d'habitants, faisant autrefois partie de l'ex-Union Soviétique, qui a obtenu son indépendance en 1991. La capitale du pays s'appelle Bichkek. C'est un territoire très montagneux à la population majoritairement Kirghiz (peuple d'origine turque ayant des influences mongoles et chinoises ) et abritant de nombreuses minorités (ouzbèkes, russes, ouïgours, kazakhs...). Le Kirghizistan aurait pu rester largement ignoré de l'occident s'il n'avait pas occupé une place importante sur l'échiquier stratégique international. C'est en effet sur son territoire que les Etats-Unis ont installé la principale base d'appui aérien aux opérations de l'OTAN en Afghanistan: la base de Manas {en} qui héberge, ou plutôt qui hébergeait jusqu'à maintenant toute une flotte de KC135 Stratotankers {en}, avions ravitailleurs destinés à alimenter en kérosène chasseurs et bombardiers engagés dans les opérations en Afghanistan. Sur le terrain, dès qu'une unité de l'OTAN est accrochée il est d'usage de faire intervenir un appui aérien, or les bombardiers ont d'une part un assez long chemin à parcourir depuis leurs bases pour intervenir et d'autre part un relativement court rayon d'action. Un ravitaillement en vol est donc souvent nécessaire et celui-ci est assuré par les KC135 de Manas. Un des ces réservoirs volants, au moins, est en permanence en train de cercler au-dessus du territoire afghan prêt à donner le biberon. Or le gouvernement Kirghiz vient de décider de fermer la base de Manas. L'US Air Force a 180 jours pour dégager. Certains n'hésitent pas à déclarer que les Russes auraient payé pour que cette décision soit prise, en tout cas plus que les Américains ! Ceux-ci sont accusés de provoquer de dommages écologiques à la région et ce qui est amusant c'est que les Russes ont aussi une base aérienne au Kirghizistan mais eux ne sont pas accusés de quoi que ce soit et en particulier de dommages écologiques. Cette éviction pose des problèmes stratégiques évidents au commandement de l'OTAN et coupe les troupes en Afghanistan d'une base d'appui unique.