Hier soir ou plutôt cette nuit j'ai regardé un reportage à la télévision sur les femmes des présidents de la Vème République française — je regarde très peu la télévision, la plupart du temps la télé est sur BBC World ou CNN mais sans que la regarde, juste pour entendre parler anglais en fond sonore quand je ne mets pas la radio sur mon iMac (BBC4 ou une radio iTunes pour avoir de la musique, quand je ne mets pas, non plus, de la musique à moi — j'adore l'accent des gens qui parlent sur BBC4, c'est une vraie musique, toutes ces diphtongues). Je regarde peu la télé parce que les émissions qui sont diffusées sont nulles sur les chaînes principales ou m'ennuient à mort sur Arte, et bien que je paie une somme assez rondelette tous les mois pour le câble et que j'ai une centaine de chaînes à ma disposition (un rêve quand j'étais enfant, sérieusement) je ne regarde que très peu les chaînes du câble. Il me semble qu'il y a de moins en moins de films intéressants ou qu'on n'ait pas vu quinze fois sur les chaînes hertziennes et que le films sont maintenant réservés aux chaînes payantes, il me semble aussi qu'il y a de moins en moins de séries de qualité et comme les séries consistent l'essentiel de ce que je regarde (avec de temps à autre un documentaire animalier, oui j'aime les petites bêtes) je ne regarde quasiment plus la télé que quand je suis désoeuvré ou que j'ai une insomnie.
Enfin bref, j'ai regardé cette nuit ce reportage sur les femmes de présidents. Il n'est pas difficile de comprendre pourquoi, à la notable exception de la première Madame Sarkozy et de Danièle Mitterrand, je les ai trouvé bien plus sympathiques que leurs maris, c'est qu'elles sont un peu éloignées des combats politiques de leurs époux et restent alors assez indemnes des reproches adressés à ceux-ci. Et pourtant on constate que ces dames sont pour beaucoup dans la carrière de leurs maris, Anémone Giscard D'Estaing était une militante, Madame Chirac avait une certaine influence, Cécilia Sarkozy libéra les infirmières bulgares, Danièle Mitterrand influença la politique étrangère du pays — il est possible que Mitterrand ait invité Castro en France pour que Danièle arrête de lui piétiner la prostate avec le Lider Maximo... Enfin, ça faisait plaisir de revoir ces dames, Madame Pompidou est une très vieille dame squelettique à la peau transparente (elle fait peur, vraiment, on met un moment à s'habituer à son image et pourtant elle semble une personne très digne et encore pleine d'esprit), Madame Giscard est bien conservée, Madame Mitterand met mal à l'aise ou agace, c'est selon, mais ne semble pas trop affectée par la vieillesse, Madame Chirac ne change pas d'un poil (si j'ose dire) et Carla Bruni-Sarkozy est vraiment la plus belle (même en tenant compte de son relatif jeune âge, relativement aux autres ex-premières dames s'entend) — franchement il y a de quoi être fier de la femme du président, elle est belle et intelligente, pleine de talents artistiques, elle a beaucoup de classe et de distinction.
Chacune de ces dames a dû avaler des kilomètres de couleuvres dans sa carrière de femme d'homme politique et pas seulement une fois arrivée à l'Elysée. Claude Pompidou expliquait combien elle avait été atteinte par les allégations faites à son égard pour salir son mari lors de l'affaire Markovitch — son mari qui était un modèle d'intégrité selon elle , allant jusqu'à refuser d'acheter leur appartement de l'Ile St Louis parce qu'il était premier ministre. Anémone a été très affectée par l'affaire des diamants de Bokassa. Madame Chirac ne veut même pas parler ou entendre parler des affaires dans lesquelles on a voulu impliquer son mari. Danièle Mitterrand et Mazarine Pingeot. Et sans compter les frasques dont leurs maris ont eu la réputation d'être coutumiers. Quelles étaient leur motivations ? Comment et pourquoi ont-elles tenu bon? Ces questions le reportage n'y répondait pas.
La seule femme de président qui reste mystérieuse et effacée est Yvonne De Gaule — Tante Yvonne, comme on la surnommait (sans que je puisse me rappeler si c'était affectueux ou non, en fait j'ai très peu de souvenirs de Tante Yvonne).
Il y avait quelque scènes touchantes et amusantes : Georges Pompidou (nous avons eu aussi un président qui se prénommait Georges) tendant un briquet allumé à sa femme en lui disant "tiens bibiche" — appeler sa femme "bibiche" voilà qui est bien daté et qui sent bon les années 70 telles que je m'en rappelle; Madame Chirac passant un savon au Directeur des Postes de la Corrèze qui a eu l'audace de décider la suppression du bureau de poste du village de Saran, où Madame est conseillère municipale ("vous savez que c'est le village du président Chirac, non? et mon village; vous savez que Jacques Chirac est président de la république, non? comment avez-vous pu penser supprimer le bureau de poste?" et le malheureux type s'embourbant dans ses réponses pour finalement annoncer qu'il ne supprimait plus le bureau de poste).