Les gens qui font la manche dans les voitures du métro ne se coordonnent pas. Ce matin une nouvelle venue — une petite femme brune que je n’avais jamais vu sur la ligne 12 — est passée parmi nous juste avant un habitué (un colosse moustachu à la gestuelle ample et brutale qui fait l’aller-retour toute la journée entre Montparnasse et Pigalle). Ce matin était, semble-t-il, une mauvaise matinée pour eux, et c’était dû probablement au fait qu’ils se succédaient à un bref intervalle sans le savoir, du coup ils étaient mécontent l’un et l’autre et engueulaient tous deux les voyageurs à la cantonade pour leur manque de générosité (possible, quoique ce matin à mon avis c’était la concurrence leur principal problème, il est possible aussi qu’ils souffrent comme tout le monde, ou enfin comme beaucoup, de la crise économique et financière et de la stagnation du pouvoir d’achat et du mauvais moral des ménages).
Le potage pékinois de mon chinois favori comme cantine de midi a un peu gout de dégueulis, je n’en prendrais plus.
J’ai traversé quatre fois Paris aujourd’hui selon l’axe nord-sud, en métro.
Il devient parfois difficile de distinguer les lunatiques qui délirent tous seuls et à voix haute des gens qui parlent au téléphone mains-libres dans la rue. Parfois même on se pose sérieusement la question, on tend l’oreille, on examine sous divers angles mais on n’arrive pas à dire si ce que dit le personnage qu’on a en face de nous ou à coté est de la pure logorrhée ou une discussion avec un correspondant téléphonique.