En 1988 Close eut un accident vasculaire cérébral qui le laissa paralysé de la tête aux pieds. Chuck Close appris alors à peindre avec le pinceau entre les dents et fit évoluer sa technique vers le pointillisme, créant toujours d’immenses portraits, remplissant de petits carrés de couleurs jusqu’à former, vu de loin, un portrait complet. Il réussit finalement à se servir de sa main et d’une jambe et peint maintenant avec un pinceau attaché à la main. Les portraits qu’il peint sont en fait des mosaïques picturales, plus le spectateur se trouve près de la grille pointilliste, plus la structure du visage se fragmente en touches de couleurs, plus le spectateur s’éloigne du portrait plus celui-ci prend la forme d’un visage. Cette technique lui a été imposée à la fois par son accident et par son caractère. Dans cet interview qu’il a donné récemment à NPR, la radio publique américaine, Chuck Close explique que par nature il est plutôt impatient, nerveux et paresseux. Remplir patiemment ses petits carrés lui a donné une sorte de discipline et lui a permis d’apprivoiser ses propres tendances.
Portrait du président Clinton, par Chuck Close.
What I found that one of the nice things [about] working incrementally is that I don't have to reinvent the wheel every single day. Today I did what I did. You can pick it up and put it down. I don't have to wait for inspiration. There are no good days or bad days. Every day essentially builds positively on what I did the day before. … Given my nature, I believe it was very good for me to be able to add to what I already had and slowly construct the final image out of these little building blocks.Il va même jusqu’à comparer sa peinture à du tricot. Quand on fait du tricot on construit un pull maille après maille comme Chuck Close construit ses immenses portraits petits carrés de couleur après petits carrés de couleur. Ça me rappelle les propos de ce joueur de baseball qui disait qu’une saison réussie se construisait balle après balle en consacrant la même attention à chaque balle sur les 132 matches d’une saison. Une leçon à retenir ?
[Ce que j’ai découvert en travaillant de façon incrémentale c’est que je n’ai pas à ré-inventer la roue tous les jours. Aujourd’hui j’ai fait ce que j’ai fait. Vous pouvez le soulever et le reposer. Je n’ai pas à attendre l’inspiration. Il n’y a pas de bons ou de mauvais jours. Chaque jour se construit positivement sur ce que j’ai fait la veille… Etant donné ma nature, je pense que ça a été très bon pour moi d’être en mesure d’ajouter sur ce que j’avais déjà, et lentement construire l’image finale avec ces petites pièces de maçonnerie].
Sources : 43 Folders, Wikipedia, photo : Men's Vogue