jeudi 12 décembre 2019

Marcher

Je vais voir le médecin pour qu'il me prescrive de la kinésithérapie. Il n'y a personne au cabinet médical, il a le temps, alors il parle, il à l'air de bonne humeur, il s'écoute un peu parler en fermant les yeux. Je lui parle de mon expérience à l'hôpital. Je lui fait part des idées qui me sont venues sur le corps, les muscles et la douleur, il à l'air intéressé. Du coup je le trouve plus sympathique et plus attentif que lors de mes précédentes visites.

Débat sur les retraites : je n'ai pas d'opinion, je ne me sens pas concerné. Certes je dois partir en retraite dans un an et j'aurai une bonne pension, c'est peut-être pour cela. Mais aussi parce que les débats politiques ont fini par me fatiguer et de plus en plus je m'en désintéresse : trop de mauvaise foi de toute part, d’exagérations, de joie mauvaise, d'égoïsme masqué par une façade altruiste et morale.  Et puis cette impossibilité de convaincre,  les gens tiennent plus à leur opinions qu'aux faits et à la raison.

Le simple fait de marcher ne va pas de soi. C'est même un petit exploit d'y arriver. Pour marcher il faut que les muscles qui agissent contre la gravité aient un tonus suffisant pour assurer la verticalité du corps. Il faut avoir un modèle cognitif de la verticalité (en gros savoir qu'on est vertical et maintenir la position), c'est l'oreille interne et la vision qui nous permettent cela. Il faut que le cerveau commande l'action aux muscles des membres inférieurs. Il faut une capacité de propulsion (la marche) qui fonctionne correctement et commande les diverses positions du pied, du genou, de la hanche avec précision et automatisme. Il faut que la posture soit bien stabilisée pour permettre l'équilibre monopodal alternatif (le poids sur la jambe gauche et alternativement sur la jambe droite), le maintien de cet équilibre fait fonctionner, mine de rien, plein de secteurs du cerveau comme le cortex frontal, le cortex pariétal, le cervelet, etc.  Il faut aussi des capacités respiratoires suffisantes et des capacités de navigation dans l'espace. Mon enseignante APA (Activité Physique Adaptée), à l'hôpital, me faisait marcher en fermant les yeux, j'étais stupéfait à chaque fois par ma dérive, je partais systématiquement vers la gauche.

mercredi 11 décembre 2019

Consolidé



Depuis quelques heures je n'ai plus le corset torso-cervical que j'ai porté quatre mois.  J'ai le cou raide comme si j'avais le torticolis et je ne peux guère tourner la tête. Mais je n'ai pas de douleurs. J'ai mis, mais je n'étais pas obligé, un collier cervical en mousse et tissu, souple que j'ai acheté dans une pharmacie. C'est très confortable pour mon cou affaibli par quatre mois de soutien intégral et ma tête me parait moins lourde ainsi. La visite chez le neurochirurgien du CHU d'Angers a duré sept minutes. Le temps qu'il me dise que je n'avais plus besoin du corset et qu'il fallait que je me fasse prescrire des séances de kiné par mon médecin traitant. La vertèbre n'est pas totalement réparée mais  la consolidation existante est suffisante, s'il fallait attendre la consolidation complète on devrait attendre six mois au moins.  Donc voilà : quelques secondes d'inattention, un plongeon bille en tête sur un sol dur du haut de mon mètre quatre vingt dix, urgences hospitalières, deux mois et demi d'hôpital en réadaptation, un mois et demi à la maison, en tout cinq mois d'arrêt de travail.

J'en garde une grande estime pour le service public hospitalier français et ses personnels. J'ai, grâce à cet accident, eu l'occasion de rencontrer plein de gens faisant preuve de bienveillance ordinaire (de cette "common decency" dont parlait Orwell), simplement gentils, compatissants sans apitoiement, attentionnés sans être envahissant, généreux sans excès, ne demandant rien en retour de leurs bonnes actions, ce qui a pas mal atténué ma misanthropie (Marie & Hubert, Fabienne & Françoise, Florence, tout le personnel soignant du SSR de l'Hôpital de Chinon, Emilie (enseignante APA), Patrick (kiné), ma famille chinonaise, grâce vous soit rendue).