samedi 16 juin 2018

À droite aux primaires

Aux États-Unis les élections primaires pour les élections de mi-mandat en novembre, pour chaque parti, ont eu lieu, dans la plupart des États, la semaine dernière. Rappelons rapidement qu'en novembre prochain toute la Chambre des Représentants des États-Unis et un tiers du Sénat sera renouvelé. Les candidats à chaque mandat électoral (et il y en a énormément) doivent se présenter aux primaires de leurs partis respectifs au préalable. A cette occasion on a pu noter que quelques types d'extrême droite avaient été élus aux primaires du parti Républicain. C'est le cas en Virginie où le siège du sénateur Démocrate Tim Kaine (ex-colistier d'Hillary Clinton en 2016) est en jeu.

Le problème est que beaucoup de Représentants et de Sénateurs Républicains modérés ne se représentent pas cette année, soit parce qu'ils craignent d'affronter et de perdre face à un candidat plus à droite qu'eux lors des primaires, soit parce qu'ils sont plus ou moins dégoûtés de la politique pratiquée en ce moment par Trump soutenu par le parti Républicain. Les électeurs Républicains modérés sont aussi détournés de se rendre aux urnes pour les mêmes raisons.

Ainsi, Corey Stewart, soutien avéré des néo-nazis, trumpiste de la première heure et héro du alt-right fasciste américain va pouvoir se présenter contre Tim Kaine en Virginie. Un grand nombre d'autres candidats aux références aussi troubles que Stewart vont aussi pouvoir se présenter dans diverses élections dans tout le pays.

Paradoxalement il est probable que cet afflux de candidats d'extrême droite favorise les candidats Démocrates un peu partout par la combinaison d'un sursaut des électeurs Démocrates et un délaissement des électeurs Républicains. La majorité à la Chambre des Représentants est à la portée des Démocrates, le Sénat sera plus difficile mais pas inatteignable.

Scandale à la frontière

À fin mai, près de 2000 enfants ont été séparés de leurs parents à la frontière avec le Mexique (Associated Press), depuis que le ministre de la Justice Jeff Sessions a annoncé la politique de «tolérance zéro» à la frontière sud. Les enfants ainsi enlevés à leurs parents sont parfois enfermés dans des camps, souvent dans des tentes, en attente de déportation.

Le New York Times nous apprend que (traduction) : "la protection des enfants à la frontière est compliquée, car il y a effectivement eu des cas de fraude. Des dizaines de milliers de migrants y arrivent chaque année et ceux qui ont des enfants sont souvent libérés aux États-Unis plus rapidement que les adultes qui viennent seuls, en raison des restrictions sur la durée de détention des mineurs. Certains migrants ont admis avoir emmené leurs enfants non seulement pour les soustraire au danger dans des pays comme l'Amérique centrale et l'Afrique, mais aussi parce qu'ils pensaient que cela amènerait les autorités à les libérer plus tôt.

D'autres ont admis être passé frauduleusement avec des enfants qui ne sont pas les leurs, et les responsables des patrouilles frontalières affirment que de tels cas de fraude augmentent."

Le président utilise cette stratégie infâme pour obtenir l'approbation de ses demandes au Congrès sur l'immigration (et son fameux mur) et rejette la responsabilité de ces pratiques scandaleuses sur les Démocrates qui s'opposent à ses demandes.

C'est une sorte de chantage qu'il exerce sur les Démocrates, et une politique indigne d'un grand pays démocratique qui se pratique à la frontière mexicaine. L'administration Trump s'enfonce dans l'infamie un peu plus chaque jour.

vendredi 15 juin 2018

Pas de parti pris politique pour Comey

Le Rapport de l'inspecteur général du FBI est sorti hier: James Comey, l'ancien directeur du FBI limogé par Trump aurait, selon ce rapport, «dévié» des procédures du FBI et du ministère de la Justice alors qu'il enquêtait sur Hillary Clinton et l'utilisation par celle-ci d'un serveur de messagerie (e-mail) privé alors qu'elle était ministre des Affaires Étrangères (Secretary of State).

Le rapport a déterminé que les décisions de Comey n'étaient pas «le résultat d'un parti pris politique», mais qu'elles avaient eu un impact négatif sur l'image d'impartialité du FBI et du ministère de la Justice.

On se rappelle en particulier que Comey avait très publiquement ré-ouvert l'enquête sur les e-mails d'Hillary Clinton, quelques jours avant les élections présidentielles et que la plupart des observateurs politiques pensent que cette réouverture d'enquête a joué un rôle dans la défaite.

Finalement Comey s'en tire bien. Mais son image de chevalier blanc anti-Trump souffre quelque peu de ce rapport.

Fondation auto-charitable

Le procureur général de l'État de New York poursuit Trump et ses trois enfants pour «conduite illégale persistante» à la Donald J. Trump Foundation, une organisation charitable. Le procureur accuse Trump d'avoir violé le but non-lucratif de sa fondation en utilisant l'argent à son profit, notamment pour sa campagne électorale, violant ainsi les lois de financement de campagne électorale et utilisant l'argent pour décorer l'un de ses clubs de golf.

L'État demande à la justice la dissolution de la fondation, la distribution de ses actifs à d'autres organismes de bienfaisance, et d'infliger à Trump au moins 2,8 millions de dollars en restitution et pénalités.

Trump a attaqué le procureur de l'État de New York sur Twitter, lui supposant des motifs politiques et de collusion avec les Démocrates. Il a juré de ne pas régler l'affaire à l'amiable.

Levez les pare-feux !

La Maison Blanche lance une campagne de dénigrement à l'égard de Michael Cohen alors qu'est supposé un retournement de celui-ci contre Trump. Le plan consiste à discréditer Cohen en faisant valoir que toute information compromettante qu'il partagerait avec les procureurs au sujet de Trump serait un mensonge destiné à plaire à Mueller afin de sauver sa peau. L'offensive est multi-media, des tweets de Trump, aux commentaires d'Alan Dershowitz, en passant par les articles de première page du National Enquirer, tous apparemment destinés à jeter le doute sur la crédibilité et les motivations de Cohen.

mercredi 13 juin 2018

Michael Cohen va-t-il se mettre à table?

Michael Cohen, l'ex-avocat personnel de Donald Trump devrait collaborer avec les procureurs fédéraux dans l'enquête criminelle sur ses transactions commerciales, car le cabinet d'avocats qui s'occupe de son dossier ne devrait plus le représenter à l'avenir.

Aucun avocat remplaçant n'a été nommé pour le moment. Cohen a jusqu'à vendredi pour compléter une revue de plus de 3,7 millions de documents saisis dans les raids du 9 avril dans ses propriétés de New York et de son cabinet d'avocats.

C'est un retournement de situation important. Rappelons que Michael Cohen était l'avocat personnel de Trump avant qu'il soit élu. Pendant la campagne électorale de 2016 il avait fait signer un accord de non-divulgation et avait donné 130 000 dollars à l'actrice porno Stormy Daniels pour qu'elle se taise sur sa relation avec Donald Trump. Cohen avait aussi promis à plusieurs entreprises un accès au président, contre beaucoup de dollars, bien sûr.

Qu'est-ce qui a bien pu décider son avocat à le lâcher brutalement comme ça ? Probablement la décision de Cohen de collaborer avec les procureurs fédéraux pour s'assurer un certaine clémence de ceux-ci.

The biggest ennemy

So funny to watch the Fake News, especially NBC and CNN. They are fighting hard to downplay the deal with North Korea. 500 days ago they would have “begged” for this deal-looked like war would break out. Our Country’s biggest enemy is the Fake News so easily promulgated by fools!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) June 13, 2018
C'est assez étonnant de voir le président d'une grande démocratie déclarer que les media de son pays en sont les véritables ennemis (et pas la Corée du Nord avec qui Trump vient de déclarer la paix... unilatéralement !)

Mission accomplished

Ce matin Trump déclare que la Corée du Nord n'est plus une menace nucléaire pour les États-Unis. "Mission accomplished", comme l'a déclaré George W. Bush en 2003 après l'invasion de l'Irak (toujours en guerre depuis) ! C'est une déclaration bien optimiste alors qu'il n'a obtenu du sommet avec Kim Jong Un qu'une vague intention de dénucléarisation de toute la péninsule coréenne. Il faut rappeler qu'aucun inventaire des missiles intercontinentaux (ICBM) coréen, n'est prévu, ni aucun inventaire des têtes nucléaires, ni aucun moratoire sur la construction d'ICBM ou de tête nucléaires.

Jeu de dupes

Qu'on prenne les choses par n'importe quel bout, il va bien falloir reconnaître que Kim Jong Un a obtenu d'être traité comme un égal par le président des États-Unis sur la scène internationale. Il a obtenu qu'il soit mis fin aux exercices militaires US-ROK. Il a obtenu que les États-Unis ignorent son bilan épouvantable en matière de Droits de l'Homme. Il a obtenu une scène où les drapeaux de son État tyrannique étaient mêlés à ceux des États-Unis d'Amérique. Il a obtenu d'être encensé par le président des États-Unis !

Trump n'a rien obtenu. Pas de précisions sur le comment mais une vague promesse de mettre fin au programme nucléaire. Aucune promesse d'un moratoire sur les tests. Aucune mention de "tangible" ou "irréversible" ou "permanent" ou encore "vérifiable".

This is Tremendous ! comme dirait Trump.

mardi 12 juin 2018

Rencontre Trump - Kim Jong Un

Il me semble que cette rencontre au sommet, très attendue, a eu au moins un bienfait : éloigner l'éventualité d'une guerre nucléaire ou conventionnelle en Corée. Par contre on peut craindre que cette rencontre renforce le pouvoir et le prestige de KJU en lui donnant une stature internationale, d'autant que la question des droits de l'homme en Corée du Nord a été mise de côté. Il est fort probable que Trump n'ait strictement rien à faire du sort des citoyens de la Corée du Nord et ne pense, avec cette rencontre, qu'à son statut dans l'opinion aux États-Unis, et qu'aux possibilités qui s'ouvriraient éventuellement de faire des affaires (et pourquoi pas les siennes) dans ce pays ! Le document signé ne comporte aucune précision sur la dénucléarisation du pays de KJU, juste une déclaration d'intention. De son côté, Trump semble avoir fait pas mal de concessions (les exercices militaires conjoints entre la Corée du Sud et les États-Unis n'auront plus lieu et le président a même parlé d'un retrait militaire des États-Unis de la péninsule). Contrairement à ce qui s'était passé lors de certaines rencontres internationales (cf. Angela Merkel), Trump s'est entiché de KJU comme il l'avait fait avec Xi-Jinping ! Il lui a tressé des lauriers et l'a assuré de son amitié en oubliant que KJU n'était rien d'autre que le tyran communiste d'un petit pays arriéré. Trump est de toute évidence fasciné par les dictateurs qu'il préfère visiblement aux dirigeants démocratiquement élus qui sont par ailleurs sensés être ses alliés.

ADD : Assez significatif du manque de logique de Trump : d'un côté il dénonce l'accord sur le nucléaire iranien alors que cet accord est soumis à des vérifications draconiennes de l'AIEA et signe avec Kim Jong Un un accord de dénucléarisation qui ne prévoit ni contrôles, ni sanctions, rien.

Grèves à la SNCF (suite)

Le taux de grévistes à la SNCF reste constant, il ne faiblit pas. Évidemment presque tout le monde a pris ses dispositions et s'en fout maintenant. La grève s'enlise. Il est acquis que le gouvernement ne lâchera rien et que les gars peuvent continuer à faire grève jusqu'à la fin des temps ça ne changera plus rien. Comment arrêter la grève ? Le premier syndicat qui jettera l'éponge sera traité de traître par les autres, donc personne n'est incité à lâcher le premier. Il est évident que celui qui lâchera le premier aura un prix à payer aux prochaines élections syndicales. Donc personne ne veut être celui-là. Une fois qu'un syndicat aura décidé d'arrêter les autres suivront, la CGT et SUD en dernier et en disant que c'est de la faute des traîtres.

Médine au Bataclan

L'affaire du concert de Médine (rappeur) au Bataclan : bien sûr qu'il ne faut pas le censurer malgré tout ce que sa prestation dans un lieu de mémoire comme le Bataclan a de choquant. Les propriétaires de cette salle sont bien entendu libres de programmer qui ils veulent. La liberté d'expression de cet énergumène doit être respectée quoiqu'on pense de ses chansons (objectivement celles-ci sont orientées). Ce qui me choque le plus c'est qu'il se compare à Brassens ou à Renaud et qu'une partie du monde gobe ça sans sourciller, oubliant que Brassens ou Renaud ne se sont jamais réclamés d'une religion quelconque à la différence de ce Médine qui prêche pour l'Islam.