mardi 28 janvier 2014

State of the Union

Ce soir, le président Obama prononcera son grand discours annuel sur l’État de l’Union (State of the Union), au Capitole à Washington, devant le Congrès des États-Unis. C’est un discours qui est donné tous les ans au mois de janvier (sauf les années où le président est investi du pouvoir, ces années là il fait un discours d’inauguration à la place). C’est aussi une cérémonie protocolaire : le discours est prononcé devant les membres du Sénat et de la Chambre des Représentants (le Congrès, réunis pour l’occasion dans l’hémicycle de la Chambre des Représentants, plein à craquer), et devant un certain nombre d’invités triés sur le volet, comme les juges de la Cour Suprême ou des citoyens que le président veut distinguer ou récompenser. Le président prononce son discours depuis le podium, derrière lui sont installés le président de la Chambre (Speaker), M. John Boehner et le Vice-président des États-Unis, M. Joe Biden, faisant fonction de président (pro tempore) du Sénat.

Ce discours est une tradition ancienne. George Washington, le premier président des États-Unis, prononça le premier discours le 8 janvier 1790 à New York (à l’époque c’était la capitale). En 1801, Thomas Jefferson mit fin à cette jeune tradition car il trouvait qu’elle rappelait trop la monarchie anglaise. À la place il fit lire tous les ans une lettre aux membres du Congrès. En 1913 Woodrow Wilson ré-institua cette pratique mais tous les présidents jusqu’à Jimmy Carter ne la suivirent pas scrupuleusement, préférant parfois envoyer plutôt une lettre au Congrès. Appelé depuis l’origine “Message Annuel du Président au Congrès”, le nom changea en 1934 pour devenir “Discours sur l’État de l’Union”.

C’est une cérémonie très solennelle avec une étiquette scrupuleusement suivie. Le discours comprend presque toujours un hommage à la Première Dame (dans l’assistance). Il est fréquemment coupé d’applaudissements nourris et de standing ovations. Le président décrit les réalisations de son administration dans l’année passée et son programme pour l’année qui vient. Le discours est télévisé et il est suivi d’une réponse de l’opposition, télévisée seulement (et que peu de gens regardent), donnée généralement par un jeune membre prometteur de cette opposition, ce qui est une bonne occasion pour ce jeune membre, soit de mettre en valeur ses capacités soit, ce qui est assez fréquent, de se ridiculiser durablement.

vendredi 24 janvier 2014

Vie et mort d'un photon

Le photon, grain élémentaire de lumière, particule omniprésente et véhicule universel de l’information n’est en général observable que lorsqu’il disparaît.
Ainsi la rétine absorbe la lumière et la transforme en un courant électrique qui stimule le nerf optique.
Un phénomène analogue se produit sur la surface sensible des photodétecteurs usuels. L’information portée par les photons est détruite au fur et à mesure qu’elle est enregistrée. On peut voir un objet macroscopique aussi souvent qu’on le veut, mais ce sont à chaque fois de nouveaux photons qui véhiculent son image vers l’œil.
Serge Haroche - Vie et mort d'un photon - Collège de France

(Via David Bosman)

Dilemme juridique

 Un juge du Texas devra décider, ce vendredi, si on peut ou non mettre fin à la vie artificielle d'une femme enceinte en état de mort cérébrale.

 Marlise Munoz est en état de mort cérébrale depuis qu'elle a été découverte inconsciente dans son appartement en novembre dernier, elle était alors enceinte de 14 semaines. Elle est maintenue artificiellement en vie dans un hôpital de Fort Worth (Texas) parce qu'une loi de l'État du Texas interdit de mettre fin aux soins d'une personne déterminée médicalement en état de mort cérébrale, si elle est enceinte. Son mari et sa famille veulent qu'on la débranche mais l'hôpital s'y oppose sans autorisation judiciaire.

Le foetus a maintenant 22 semaines et présente de graves malformations. D'après les médecins il est hydrocéphale, souffre de problèmes cardiaques et ses membres inférieurs sont atrophiés. Ce qui n'est pas étonnant étant donné qu'il se développe dans un corps mort dont les organes se détériorent et qu'il a été privé d'oxygène pendant un long moment.

Mais la loi du Texas est claire :
"A person may not withdraw or withhold life-sustaining treatment under this subchapter from a pregnant patient."
On n'a pas le droit de débrancher une femme, en état de mort cérébrale, des machines qui la maintiennent artificiellement en vie tant qu'elle est enceinte.

Source : NPR News.

MàJ : Le Juge R.H. Wallace du Tribunal de District du Comté de Tarrant a finalement fait droit à la demande de la famille en ordonnant à l'hôpital de débrancher les machines qui maintiennent  Marlise Munoz artificiellement en vie.

La sécheresse qui met à jour le passé

La sécheresse qui affecte l'Ouest des États-Unis met à jour son passé lorsque la baisse du niveau des lacs et rivières découvre des villes fantômes et des merveilles naturelles disparues.

C'est le cas dans la banlieue de Sacramento (Californie) : le lac du barrage Folsom, réduit à un cinquième de sa surface initiale, a laissé apparaître les restes d'une ville fantôme : Mormon Island, fondée par trois pionniers Mormons pendant la ruée vers l'or de 1848, qui abrita en son temps jusqu'à 2 500 habitants, avant d'être abandonnée quelques années plus tard et recouverte par les eaux du lac de barrage dans les années 50. Les restes de la ville sont encore bien visibles, beaucoup de curieux la visite à pieds secs et de nombreux objets ont pu être ramassés et volés par des pilleurs ou des chercheurs de trésors.

C'est aussi le cas du Lac Powell en Utah, où les eaux du Colorado ont énormément baissé, laissant apparaître des ruines Anasazis oubliées et une magnifique chute d'eau naturelle appelée Cathedral of the Desert, engloutis sous les eaux du Lac Powell créé par la construction du barrage du Glen Canyon en 1966.

Au Nevada, près de Las Vegas, la baisse des eaux du Lac Mead (créé par le gigantesque barrage Hoover) a entrainé la formation d'un courant très violent connu sous le nom de Pearce Ferry Rapid, qui présente un danger pour la navigation. De même certains rochers découverts sur les rives du Lac Powell, menacent dangereusement de s'écrouler.

C'était à prévoir : les vandales et les pilleurs en tout genre s'en sont donnés à coeur joie dans ces vestiges découverts par la baisse des eaux.

Source : Wall Street Journal.

mardi 21 janvier 2014

Un sondage très alarmant

Conclusions du Sondage IPSOS “Nouvelles fractures françaises”, lisez et méditez, c’est grave :
1/ Confirmation du niveau de défiance à l’égard d’autrui ou du monde extérieur qui atteint un niveau inégalé. Pour 79% des Français, on n’est jamais assez prudent quand on a affaire aux autres (+1 contre 23% pour qui on peut faire confiance à la plupart des gens). Pour 58%, la France doit se protéger davantage du monde d’aujourd’hui (=, contre 42% qu’elle doit s’ouvrir davantage).

2/ Confirmation du rejet du système politique et médiatique. Le lien de confiance entre les Français et un grand nombre d’institutions politiques s’est durablement brisé. 72% des Français n’ont pas confiance dans l’Assemblée nationale, 73% dans le Sénat. Pour 88% des personnes interrogées, les hommes et les femmes politiques ne s’occupent pas de ce que pensent les gens. Les médias sont très vivement critiqués : 77% des personnes interrogées ne leur font pas confiance. Pour 74% des Français, les journalistes ne parlent pas des vrais problèmes des Français.

3/ Confirmation de l’hostilité parfois massive à l’égard des étrangers. 66% des Français sont d’accord avec l’idée selon laquelle il y a trop d’étrangers en France. 47% pensent que pour réduire le nombre de chômeurs en France, il faut réduire le nombre d’immigrés. Bien qu’en recul, le rejet de l’Islam est toujours majoritaire : 63% (-11) des Français considèrent que cette religion n’est pas compatible avec les valeurs de la société française (-15 à gauche à 46% et -10 à l’UMP à 72%).

4/ Confirmation de la forte demande d’autorité. Le climat de défiance et de repli s’accompagne comme dans la vague précédente d’une forte demande d’autorité. L’ Armée et la Police font partie des rares institutions auxquelles une majorité de Français accordent encore leur confiance (à respectivement 79% et 73%, contre 46% à la Justice, 31% aux syndicats, etc.). Parallèlement, une très large majorité de personnes interrogées (84%, -3) s’accordent à dire qu’on a besoin d’un vrai chef en France pour remettre de l’ordre. Le rétablissement de la peine de mort a été testé pour la première fois dans cette vague. Près d’un Français sur deux (45%) s’y montre favorable (64% des ouvriers, 60% des sympathisants UMP et 79% au FN).

Nouvelles fractures françaises, résultats et analyse de l’enquête Ipsos / Steria - Ipsos Public Affairs

samedi 18 janvier 2014

Miscellanées du samedi

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Ah tiens, ça faisait longtemps que je n’étais pas monté à la cafétéria du boulot. La vue est magnifique et je pense à faire une photo, presque à chaque fois, sauf la nuit. L’autre jour je prenais une photo alors que le grand patron était en train de se faire couler un Nespresso. Il a trouvé amusant ma petite routine, ou alors cela lui a confirmé les rumeurs qui courent au boulot, qui disent que je suis un peu “original” (entendez un peu cinglé).

Beau temps frais, belle lumière blanche.

Un article du Monde sur les algues vertes qui prolifèrent sur les côtes atlantiques :

Le phénomène est bien connu : qu’il soit d'origine organique (suite à l’épandage de lisier ou de fumier) ou synthétique (les engrais minéraux), le rejet d’azote – qui se transforme en ammoniac et en nitrates en se dissolvant dans l'eau - est directement lié aux usages agricoles. Il l’est à 54 % dans les bassins versants de la région Seine-Normandie, à 90 %, dans ceux de Loire-Bretagne, selon les agences de l’eau. Au total, en France, l’excès d'azote déversé par rapport à ce que les cultures peuvent absorber est estimé à 900 000 tonnes par an.

Les agriculteurs bretons polluent, les pêcheurs bretons pêchent trop, et le bonnets rouges nous pompent l’air. Où va-t-on?

Les Américains n’arrivent plus à se procurer la drogue létale qui permettait de tuer “sans souffrances” les condamnés à mort. Les Européens qui la fournissaient ne veulent plus le faire parce qu’elle sert justement à tuer les condamnés à mort. Qu’à cela ne tienne, les autorités de l’Ohio ont trouvé un ersatz. Problème : le générique n’est pas aussi bon que l’original et, du coup, l’exécution devient “la peine cruelle et inhabituelle” interdite par la Constitution. Sadisme sur fond de morale, c’est écoeurant.

François Hollande, le président de l’anaphore, au moins aura-t-il remis ce mot de rhétorique à la mode.

La France d’aujourd’hui sent le renfermé.

À chaque fois que je passe devant la librairie Vigot-Maloine, rue de l’École de Médecine, j’ai envie de m’acheter des livres de médecine, que dis-je j’ai envie de faire médecine. Je n’achète rien, bien sûr. La seule fois où j’ai essayé de lire un livre de médecine je me suis trouvé tous les maux décrits, jusqu’à la cinquantième page où j’ai abandonné le livre.

Madame Trierweiler est partie se reposer au Pavillon de la Lanterne, soi-disant. Ne serait-ce pas plutôt un exil, ou un asile, de luxe? Le nom officiel est “résidence d’Etat de la Lanterne”. Ça vous a un petit coté goulag pour VIP. Et Valérie à La Lanterne, ça fait un peu révolutionnaire. Qu’est-ce qu’elle doit s’ennuyer, entourée de larbins et d’espions, dans cette prison dorée nichée dans le parc du Château de Versailles!

Virages dangereux

Journée amusante, si toutefois on peut trouver amusant ou risible le spectacle de la ruse, de la roublardise, de la mauvaise foi et de la lâcheté qui a été celui auquel j’ai assisté aujourd’hui au travail. Oh rien de bien méchant ni de bien grave. Les petites navigations quotidiennes des petits chefs tentant de manipuler leurs subordonnés et de maintenir leur tête hors de l’eau, les petites manipulations auxquelles se livrent les subordonnés entre eux. Il faut en rire. Un type qui essayait de me faire prendre des vessies pour des lanternes a été bien marri quand j’ai refusé d’entrer dans son jeu. Il me fait la gueule depuis. Tant pis!

Gros titres de la presse (Le Figaro, Libération et même Le Monde) : “François Hollande s’est rendu au chevet de Valérie Trierweiler”. On va me trouver vieux jeu : je désapprouve fortement le comportement de Hollande dans cette affaire et l’image que j’ai de lui s’en trouve dégradée. Remarquez, à l’occasion de l’affaire Léonarda, l’image que j’avais du président pour lequel j’ai voté s’était déjà cassée la figure. À quoi ça tient! Étant célibataire, je suis pour la fidélité dans le couple! À moins que l’affaire soit entendue depuis le début, comme pour Sartre et Simone de Beauvoir. Encore qu’il paraît que Simone a beaucoup souffert en secret des “amours contingentes” de Jean-Paul. Toutefois, elle n’était pas en reste de son coté, à la voile et au moteur. N’empêche, Valérie, je suis entièrement de votre coté, ne restez pas avec ce mufle, même pour tous les ors de la République. Faites comme Cécilia, barrez-vous! Il ne vous mérite pas, en plus il vient de virer à droite.

Envie de bulots, ce soir. Je m’en suis acheté quelques uns et je les ai mangé. Bon, juste après je lis que la gastro-entérite est au niveau maximal d’épidémie en France. J’espère ne pas avoir fait une erreur en mangeant ces bulots — qui étaient excellents.

jeudi 16 janvier 2014

Neuf à la troisième place



Neuf à la troisième place signifie :
Pas de plaine qui ne soit suivie d'une côte,
pas d'aller qui ne soit suivi d'un retour.
Sans blâme est celui qui demeure constant dans le danger.
Ne te désole pas d'une telle vérité;
jouis du bonheur que tu possèdes encore.

Tout ce qui est terrestre est soumis au changement. A la prospérité succède la décadence. Telle est la loi éternelle sur la terre. Sans doute le mal peut être réprimé, mais non définitivement écarté : il revient. Cette conviction pourrait rendre mélancolique, mais elle ne doit pas avoir un tel effet. Elle doit seulement empêcher qu'on ne se laisse aveugler par le bonheur. Si l'on garde à l'esprit l'idée du danger, on demeure constant et l'on ne commet pas de faute. Tant que l'être intérieur demeure plus fort et plus riche que le bonheur extérieur, tant que nous restons intérieurement supérieurs au destin, le bonheur nous demeure fidèle.
Yi King

mercredi 15 janvier 2014

Kindle

Cela fait déjà un certain temps que je n'ai pas ouvert un livre en papier. Je crois que la dernière fois c'était au mois de novembre pour lire "Chemins de sable" et "Comment supporter sa liberté" de Chantal Thomas — excellents livres que je recommande chaudement et qui m'ont aidé, littéralement, à passer cette fin d'année dans une disposition d'esprit assez joyeuse. Notez bien que je parle de Chantal Thomas, essayiste, écrivain et spécialiste du XVIIIème siècle et non de Chantal Thomass, styliste de dessous féminins. Les gens confondent parfois. Mais je digresse. Je lis donc du numérique, la plupart du temps, sur Kindle sur iPad ou iPhone et sur iBooks d'Apple. Je lis aussi des journaux en numérique et des magazines, des flux RSS et des articles sauvegardés avec Instapaper. Je n'ai pas acheté de journaux en papier depuis trois ans au moins, pas de magazines non plus. Et tant que j'y suis je peux dire que je n'ai pas acheté de CD depuis quatre ans, au moins, en fait je ne me souviens pas de la dernière fois où j'ai acheté un CD! Et pourtant je lis beaucoup et j'écoute beaucoup de musique, mais exclusivement en numérique.

Tout ça pour dire deux choses sur le Kindle d'Amazon : la première est que je ne me sers quasiment que du Kindle sur iOS. J'ai eu un Kindle avec encre électronique mais j'ai détesté la couleur de fond de l'écran, cette couleur grisâtre déprimante et la typo, pas assez nette pour permettre une lecture confortable (pour moi). Mon Kindle à encre électronique git quelque part dans un boite, je ne m'en sers jamais. La seconde chose que je voulais dire c'est que j'ai, depuis quelques jours, de grosses difficultés à me servir confortablement du Kindle sur iOS. Il y a eu, le 8 janvier dernier, une mise à jour de l'application, la mise à jour 4.1 qui n'a pas été bien encaissée par iOS 7. L'appli est maintenant extrêmement lente quand elle ne plante pas carrément, à répétition. On peut s'en servir encore mais il est devenu difficile de faire des recherches dans la bibliothèque, de changer de livre, etc. C'est agaçant. Beaucoup de gens se plaignent de cette mise à jour, donc ça ne vient pas de chez moi, comme je l'ai cru tout d'abord. C'est certain, Amazon va envoyer un patch un de ces jours pour rectifier le dysfonctionnement, j'espère rapidement.

mardi 14 janvier 2014

Une faute politique

"Moi, président de la République, je ferai en sorte que mon comportement soit à chaque instant exemplaire." Qu'a fait François Hollande de cet engagement?

Certes, François Hollande a été piégé par des photos prises à son insu et étalées sur la place publique. Certes, il n'a pas cherché à dévoiler sa vie privée et se serait probablement bien passé de ces révélations scabreuses. Mais, tout de même, il est président de la République, comment a-t-il pu penser que cette affaire ne soit pas, un jour, rendue publique? Et que dire de son comportement vis-à-vis de sa compagne "en titre" pour laquelle le choc de la révélation a été si foudroyant qu'elle s'est retrouvée à l’hôpital? Comment a-t-il pu renier aussi aisément sa phrase sur le comportement exemplaire qu'il s'efforcerait d'avoir une fois élu président de la République?

Je me fiche totalement de savoir que François Hollande a une maitresse qu'il voit à l'insu de sa compagne "officielle", c'est la qualité de son jugement qui m'inquiète, parce qu'il est président de la République et que les facultés personnelles de jugement du président de la République me semblent extrêmement importantes pour le bon fonctionnement du pays qu'il dirige.

Je ne dis pas qu'il fait preuve de la même légèreté dans la conduite des affaires du pays que dans la conduite de ses propres affaires, ce sont des choses très différentes qu'un homme peut parfaitement cloisonner. Cependant, au vu de la façon dont il se conduit en privé, on peut légitimement se poser des questions sur son jugement, sur son honnêteté et sur ses facultés de raisonnement. Et ça, c'est une faute politique grave.

samedi 11 janvier 2014

Outpost on a frozen planet

Les skieurs de l’expédition Scott sont arrivés au Pôle Sud, voici ce qu’ils décrivent, un paysage bien différent de celui que le Captain Scott découvrit en 1912:

In short, I'm afraid to say -though it's probably quite apt- that I concur with Captain Scott himself when he said of the South Pole "Great God this is an awful place". For him, of course, there was nothing there at all. A patch of snow at the heart of a barren, deeply inhospitable continent. For us, it felt like walking into a cross between an airport, a junkyard and a military base. Or perhaps a scene that was omitted from a Star Wars film: skiing along with sacks swinging from our backs, futuristic mirrored goggles and hoods framed by coyote fur, we looked like two bounty hunters approaching some sort of outpost on a frozen planet.

As we skied alongside the runway, two skidoos -presumably electric ones as they sounded like hairdryers- skimmed past us, and one visored pilot raised a mittened hand in a half-wave, half-salute. It all felt very strange. The next thing we spotted was several acres of oil drums, cargo containers, pallets and cardboard boxes, with giant tracked vehicles moving between them, belching smoke and reversing with beepers blaring. We skied past several vast sets of fuel bladders that had been towed to the Pole from McMurdo, leaving tracks thirty feet wide. The smell of aviation fuel hung in the air, and huge exhaust plumes rose from what I assume are generators near the main station buildings itself. Anyone who thinks the South Pole station is all about bearded scientists releasing weather balloons and peering into telescopes is sadly mistaken; the place is a giant logistics hub geared, it seems, mainly around the vast quantities of fuel needed to keep this outpost heated and powered all year round, and to quench the thirst of the Hercules aircraft we saw sat on the snow runway.

A Big Day Out (Day 64) | Blog | The Scott Expedition

Le scandale qui menace Chris Christie

Le gouverneur du New Jersey, Chris Christie, récemment réélu, est dans de sales draps. Ce Républicain “modéré”, très populaire dans son État, était jusqu’à maintenant vu comme candidat possible à l’élection présidentielle de 2016. Mais un scandale, dont il essaye laborieusement de se dépêtrer, vient ternir sa réputation et mettre en jeu sa future carrière politique.

Tout a commencé pendant la campagne pour sa réélection au poste de gouverneur. En septembre 2013 le maire de Fort Lee, une bourgade du New Jersey sur les falaises de l’Hudson, exactement en face du George Washington Bridge qui donne accès à Manhattan depuis le New Jersey, refusa de soutenir la candidature du gouverneur, Chris Christie, à sa réélection. En représailles, un ou plusieurs membres du cabinet du gouverneur firent en sorte de fermer toutes les voies d’accès, sauf une, au George Washington Bridge, pendant quatre jours, entraînant des embouteillages gigantesques dans la ville de Fort Lee. Cette fermeture et ces embouteillages eurent des conséquences graves : ambulances bloquées, pompiers empêchés d’intervenir, services de police débordés, cars scolaires englués dans les embouteillages, etc. Une veille dame de 91 ans, victime d’une attaque cardiaque, est même morte parce que les secours, bloqués dans les embouteillages, ne purent parvenir à temps pour lui porter assistance. Les conspirateurs ne furent pas très prudents et dévoilèrent leur satisfaction dans de nombreux e-mails et SMS.  Comme le raconte le New York Times :

“Time for some traffic problems in Fort Lee,” Bridget Anne Kelly, a deputy chief of staff to Mr. Christie, emailed David Wildstein, a high school friend of the governor who worked at the Port Authority of New York and New Jersey, which runs the bridge.

Later text messages mocked concerns that school buses filled with students were stuck in gridlock: “They are the children of Buono voters,” Mr. Wildstein wrote, referring to Mr. Christie’s opponent Barbara Buono.

The emails are striking in their political maneuvering, showing Christie aides gleeful about some of the chaos that resulted. Emergency vehicles were delayed in responding to three people with heart problems and a missing toddler, and commuters were left fuming. One of the governor’s associates refers to the mayor of Fort Lee as “this little Serbian,” and Ms. Kelly exchanges messages about the plan while she is in line to pay her respects at a wake. 

Une fois le scandale révélé, après avoir été longtemps et farouchement nié par le gouverneur, les adjoints responsables furent virés et M. Christie vint devant la presse faire un show spectaculaire de dénonciation (les adjoints félons l’ayant, selon lui, trahit) et de contrition pour le mal que ses adjoints ont causé, sans que lui, Chris Christie, gouverneur, ait jamais été au courant, bien entendu. Le fait que M. Christie soit connu pour ses coups de tête et ses rancunes politiciennes tenaces ne vient pas aider à croire à son innocence.

Il s’agit ici clairement d’un scandale comme on en voit souvent : des adjoints qui veulent se faire bien voir du patron en font un peu trop et déclenchent un scandale politique qui en vient à menacer l’objet de leur zèle. Le patron en question soutient ses sous-fifres ad cadaver avant de les dénoncer et de les jeter sous la pression. La machine s’emballe et le patron lui-même est impliqué dans l’affaire, au moins pour l’avoir couverte pendant un temps. C’est exactement ce qui est arrivé à Nixon dans l’affaire du Watergate.

Cependant, pour que les adjoints en fassent un peu trop il faut qu’il y ait un climat, disons, qui les porte à ça, une ambiance, un mode de management. Climat, management qui tient à la personnalité du chef. Un chef porté aux coups bas politiques aura les adjoints qu’il mérite, des magouilleurs ou des barbouzes dont on ne peut rien attendre d’autre que des coups bas politiques.

Dans ces cas là une autre question se pose : est-ce que le chef était au courant de la magouille ? Généralement il n’est pas au courant tout de suite, mais ses adjoints, plutôt fiers de leur coup, s’en vantent rapidement auprès de lui. C’est tout le principe d’une telle action, si je veux me faire bien voir du patron il faut qu’il soit informé de mon coup d’éclat sinon ça ne sert à rien. En retour, le patron les soutient, allant parfois jusqu’à tenter d’étouffer l’affaire, jusqu’à ce que la vérité éclate et qu’il ne soit plus possible, sans danger, de les soutenir.

M. Christie voit donc son avenir substantiellement terni par ce scandale, malgré ses dénégations et sa contrition. Comment ne pas voir, en effet, qu’il est, au minimum, un mauvais chef qui ne contrôle pas les actions de ses subordonnés immédiats et qui favorise de telles magouilles politiques pour un enjeu minime (il s’agissait de punir le maire de Fort Lee) avec des conséquences aussi graves pour la population, qui, elle, n’est pour rien dans cette dispute.

A380 à San Francisco

Vu comme ça, ça à l’air facile!

Shinjuku

Regardez et notez les détails, les visages, ce qu'ils expriment, les gestes stéréotypés, les vêtements, etc. C’est fascinant et merveilleux.

Trouvé sur Embruns.

mardi 7 janvier 2014

Simon Hoggart

J'apprends avec tristesse la mort de Simon Hoggart. C'était un éditorialiste du Guardian. Sa plume alerte rendait compte chaque jour de la Chambre des Communes et de la politique britannique dans une colonne comme il n'y en a que dans les journaux anglais : le "parliamentary sketch". Il y déployait toute son ironie et ce que les Anglais appellent "wit", cet espèce d'humour pince sans rire si typique des gens d'esprit d'Outre-Manche.

C'est assez curieux que la mort d'un journaliste du Guardian, dont je suis probablement un des rares Français à connaitre l'existence et à apprécier les articles, m'affecte (un peu). Ce n'est vraiment pas banal. Je ne vis pas dans tout à fait le même monde que mes contemporains immédiats, en particulier au travail!

Anonymat

Il y a deux sortes d'anonymat sur Internet. L'anonymat intégral : l'auteur d'un message n'est pas montré et se trouve caché par un dispositif technique rendant très difficile la connaissance de l'auteur du message. Le pseudonymat : un autre nom que celui du véritable auteur sert de façade.

L'anonymat complet est rare et de toute façon n'est pas techniquement inviolable sur Internet, le pseudonymat, par contre est courant. L'avantage du pseudonymat par rapport à l'anonymat complet est que le pseudonyme est reconnaissable dans différents messages ou différents media, il représente une personnalité, on peut lui répondre et engager une conversation avec lui, sans savoir ou même avoir besoin de savoir qui est la véritable personne derrière le pseudonyme. Un pseudonyme peut-être secret ou le vrai nom de l'auteur derrière le pseudonyme peut être notoire. De nombreux écrivains ont eu recours au pseudonyme pour des raisons diverses, par exemple Samuel Clemens mieux connu sous le nom de Mark Twain ou Romain Gatsev, déjà mieux connu sous le nom de Romain Gary, qui connu une brillante seconde carrière sous le pseudo d'Emile Ajar.

C'est donc de ce pseudonymat dont nous parlerons ici.

Les avis sont partagés en cette matière. Récemment plusieurs voix se sont élevées, au sein même du gouvernement, pour dénoncer l'impunité de ceux qui profèrent des insultes ou des opinions haineuses et ont demandé que l'anonymat, ou plutôt comme nous l'avons vu plus haut, le pseudonymat soit interdit, en particulier sur les réseaux sociaux comme Twitter. Cependant, même si un consensus existait sur cette question, il est techniquement infaisable d'obliger tout internaute à afficher en permanence son état-civil pour pouvoir accéder au Web et aux réseaux sociaux sur le Web. Par ailleurs l'anonymat (le pseudonymat) permet à ceux qui sont soumis au secret professionnel (médecins, avocats, magistrats) de s'exprimer. Il permet à ceux désireux d'exprimer les opinions politiques de leur choix de le faire sans craintes, ou à ceux désireux d'émettre leur opinion de le faire sans craindre pour leur emploi ou pour leur vie privée. Sans oublier les gens qui écrivent sur les forums médicaux, par exemple, pour poser des questions, et qui ne désirent pas que leur vraie identité soit révélée pour d'évidentes raisons de discrétion. Dans certains cas extrêmes l'anonymat est même la condition sine qua non de l'expression ou de l'information dans les pays ou les idées dissidentes sont réprimées ou dans le cas des lanceurs d'alertes.

Évidement l'anonymat est aussi porteur d'abus et sert parfois de couverture à plusieurs types d'actes criminels. De façon non illégale, l'anonymat peut être utilisé comme couverture pour blesser les gens et de perturber la communication en toute impunité. Les trolls rencontrés sur les forums et sur les réseaux sociaux sont, la plupart du temps, anonymes. La frontière entre acte illégal et légal mais blessant et perturbant peut-être assez floue et varie largement selon les législations.

Il est clair pour moi que, même si c'était faisable, interdire l'anonymat sur Internet entraverait la liberté d'expression et en deçà limiterait beaucoup tant la richesse et l’intérêt de certains échanges que l'information et la transmission du savoir.

vendredi 3 janvier 2014

Faut-il censurer Internet?

Dans une tribune du Monde, le sociologue Michel Wieviorka:
Les technologies de l'information et de la communication ont créé un espace qui n'est ni celui du privé, où les conversations se limitent à quelques personnes tout au plus, où tout peut être dit, pourvu, précisément, de rester au sein de cette sphère, ni celui de la vie publique classique et de ses médias. Internet, le téléphone mobile dessinent un espace singulier, intermédiaire entre le public et le privé. Et dans cette zone sans frontières qui exerce une pression constante dans l'espace public et la sphère privée, la communication est instantanée, massive, participative, tout le monde peut exister, s'exprimer. Une culture se développe dans ce contexte, insistant sur la liberté d'expression – interdire, c'est aller à l'encontre de la révolution culturelle qu'apporte le numérique. Ce qui est favorable aux discours émancipateurs, mais aussi à ceux de la haine. On a souvent insisté sur le caractère bénéfique de cette évolution, sur le rôle des réseaux sociaux dans les révolutions arabes ou les luttes d'« indignés » : force est de constater que la technologie peut aussi servir le mal. Dieudonné en bénéficie pleinement et y trouve une ressource considérable. Public réel et public virtuel peuvent-ils se fondre ? La comparaison, là aussi, avec les mouvements contestataires récents est édifiante : c'est en se retrouvant, grâce à Internet, sur des places, dans des lieux concrets, que ces acteurs ont pris leur essor.
Michel Wieviorka - Le Monde
La croissance exponentielle de l'Internet comme moyen de communication sert la vertu, l'information, la connaissance et la liberté d'expression mais aussi la haine raciste. Comment concilier la nécessaire liberté d'expression et la non moins nécessaire lutte contre la propagation des idées de haine raciste, homophobe ou antisémite? Force est de reconnaitre que les lois existent mais qu'à l'heure actuelle on est incapable de les faire appliquer sur Internet sans censurer arbitrairement comme le font certains gouvernements. L'anonymat et la mobilité permis par Internet a rendu facile l'expression de la haine dans un territoire abstrait et difficilement accessible aux moyens traditionnels d'application de la loi. C'est d'autant plus regrettable qu'en cette matière nous sommes d'avis que la loi et rien que la loi doit être appliquée et non une censure à priori qui ne pourrait qu'avoir des effets néfastes sur la liberté d'expression. L’interdiction de l'anonymat sur Internet ne nous semble ni faisable techniquement ni souhaitable pour l'expression libre des opinions. Ce qu'il faut c'est rechercher des alternatives techniques justes et impartiales. Pour cela il faut combiner l’application de la loi avec des mécanismes techniques d'autorégulation. Par exemple imposer aux fournisseurs de réseaux sociaux la mise en place de mécanismes simples de plainte et de contrôle des utilisateurs (règles de conduite, hot-lines, software de recherche de mots clés, etc.). Le but étant une réduction de la dissémination et de l'impact des propos haineux sans contrevenir au libre courant des connaissances de l'information et des idées sur Internet.

jeudi 2 janvier 2014

2014

2013 a été une année sans hauts ni bas, ou du moins sans très hauts et sans très bas. Je ne sais pas s'il faut s'en réjouir. Ce n'est pas une année qui restera dans ma mémoire. C'est peut-être mieux comme ça, dans ma vie les années qui restent dans ma mémoire sont plus les années où ce sont produits des événements tragiques ou douloureux (oui, 1967, 1983, 1987, 2003, 2011, c'est bien vous que je vise) que des années où ce sont produits des événements particulièrement fastes.

D'un point de vue professionnel les sept premiers mois de 2013 ont été excellents et puis j'ai pris quelques bleus les cinq derniers, mais rien n'est vraiment important dans mon genre d'emploi. Ni en bien ni en mal. Je compte d'ailleurs continuer mon travail pendant trois ans avant de prendre définitivement ma retraite.

Hyères, Villa Noailles
Qu'ai-je comme intentions pour 2014? Faire plus d'exercice et mieux me nourrir, perdre un peu de poids. Écrire et lire beaucoup plus et un peu moins errer sans but sur le web. Faire un petit séjour à New York (je suis en manque). Je ne compte pas changer d'appartement mais si les travaux que nous attendons depuis cinq ans et qui sont absolument nécessaires ne sont pas fait cette année par le nouveau propriétaire de l'immeuble -- il est nouveau depuis ce premier janvier -- j'ai bien l'intention de faire quelques réparations moi-même (au moins quelques peintures) et tant pis si c'est de l'argent fichu en l'air parce que mon bien être est à ce prix, que vivre trois ans de plus dans ce galetas est au dessus de mes forces et que je n'ai pas l'intention d'aller habiter de nouveau loin de mon travail, qui est actuellement à quinze minutes à pieds de mon appartement. Lorsque je prendrai ma retraite (avec une bonne pension vues les annuités que j'aurai accumulées d'ici là) je changerai d'appartement tout en restant à Paris (oui j'ai bien réfléchi ces derniers temps et je suis parvenu à la conclusion qu'il serait suicidaire que je m'installe en Province, finalement Paris est et restera ma ville).

Hyères, orangers
 J'ai passé le réveillon du premier de l'an à Hyères, chez mes chers amis de là-bas. Un excellent réveillon. J'aime beaucoup cette petite ville du midi. J'y ai fait deux belles balades, une dans les vieilles ruelles de Hyères et la Villa Noailles et l'autre dans le maquis et sur les bords de la presqu'ile de Gien. En plein coeur de l'hiver, voir des fleurs, des orangers, des palmiers lourds de leurs dates, des plantes odorantes et la belle Méditerranée c'est très roboratif et une excellente façon de bien débuter l'année. Je vous souhaite à tous une bonne année 2014.

Hyères, un eucalyptus dans le Jardin Remarquable de la Villa Noailles