jeudi 31 octobre 2013

Un président sans autorité

Je discutais cette semaine avec un citoyen de Tulle, qui est aussi de ma famille, du fait que François Hollande manquait d'autorité, de fermeté et même de bon sens. Nous n'avons pas trouvé d'explications satisfaisantes à cet état de fait. Je me suis adressé à ce membre de ma famille parce qu'en sa qualité de Tulliste il aurait pu avoir une meilleure connaissance que moi de François Hollande, rien que pour en avoir entendu parler par des gens qui le connaissaient dans la ville où il était maire.

Ce qui me sidère c'est que François Hollande puisse prendre des décisions aussi désastreuses que celles qu'il a prise dans l'affaire Léonarda, n'importe qui se serait rendu compte, je crois, que prendre la parole dans cette affaire n'était pas le rôle du président et que proposer à Léonarda et à elle seule de revenir en France sans ses parents était absurde et de nature à ne satisfaire personne ni les partisans du retour ni les partisans de la fermeté. Il me semble que n'importe qui d'un peu sensé aurait pu prévoir ou seulement envisager la possibilité que les journalistes donnent la parole à la jeune fille juste après l'intervention télévisée présidentielle et que celle-ci l'aurait interpellé en direct, ce qui a fait complètement perdre la face au Président de la République et a été très mauvais pour son image et l'image de la France.

Depuis le début de son mandat Hollande fait preuve d'une bien piètre autorité qui s'ajoute au manque d'autorité de son premier ministre. On peut ainsi voir les ministres se chicaner à n'en plus finir à la première occasion. N'aurait-il été pas possible de faire rentrer Montebourg dans le rang dès le début, en le virant du gouvernement à la première grosse incartade, prévenant ainsi les autres qu'ils seraient bien avisés de suivre le précepte : "un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne"? Et sans omettre que François Hollande a bien peu de charisme, je dirai même de charme ou simplement d'élégance. Il voulait être un président normal mais les Français, je crois, ne veulent pas d'un président normal mais d'une figure d'autorité et de prestige qui reflète en sa personne, son port, son attitude, son comportement, l'idée que les gens se font d'une grande nation comme la France. Tout est dans la symbolique.

La constitution de la 5ème République donne au président des pouvoirs quasi-régaliens, elle a été pensée et voulue ainsi par le Général De Gaulle qui ne manquait ni d'autorité ni de charisme, lui, et qui savait parfaitement combien l'air d'autorité et le charisme sont nécessaires à un chef pour commander. Sous cet aspect les présidents qui lui ont succédé ont été à la hauteur, bien sûr surtout Mitterrand mais même Sarkozy. Hollande pas du tout. Il est normal, un peu rond, il a de bons yeux gentils et un sourire un peu niais, il parle un Français un peu meilleur que celui de Sarko mais avec bien peu de talents d'éloquence. Il est probablement très intelligent et sa campagne présidentielle prouve qu'il est un bon stratège et qu'il a la volonté de forcer le destin et de prendre sa chance quand elle se présente, mais il est possible qu'il plafonne en compétence en tant que Président de la République.

Il est possible que l'ampleur des problèmes auxquels il se heurte inhibe son bon sens. Il est possible qu'il ait mérité le surnom de "pépère" dont il paraît qu'on l'affuble et que devant les problèmes il panique et prenne des décisions hâtives et mal raisonnées. Et son entourage et le même que n'importe quel entourage présidentiel : on ne contredit pas le patron de peur de tomber en disgrâce ou de perdre son poste.

Du temps de Mitterrand, le seul qui donnait de la voix et qui contredisait le président quand il n'était pas d'accord avec lui, c'était Michel Charasse. Avec le recul il s'avère qu'il a évité une ou deux mauvaises décisions à François Mitterrand. Qui tient le rôle d'un Michel Charasse à l'Élysée aujourd'hui?

mardi 29 octobre 2013

Les photos du jour (de la fenêtre du bureau)

Deux camions abondamment tagués garés juste en face de mes fenêtres. On peut constater l'état de la rue, caractéristique du quartier, La Goutte d'Or. Certes les gens jettent leurs saloperies par terre, mais les services de nettoyage passent rarement.

Et juste après un grain, un bel arc-en-ciel à l'est.

lundi 28 octobre 2013

La vue de la fenêtre de mon bureau

C'est la vue que j'ai de mon bureau. Les immenses baies vitrées descendent jusqu'au plancher de la pièce et nous sommes juste à la hauteur du métro aérien. Le bureau lui-même est très agréable et bien isolé donc relativement silencieux. C'est de loin le bureau le plus agréable dans lequel il m'a été donné de travailler dans ma carrière (et celle-ci est longue).

dimanche 27 octobre 2013

R.I.P. Lou Reed

Lou Reed est mort à 71 ans.

 Je ne l'écoutais pas très souvent ces dernières années mais j'étais un grand fan dans les années 70, au temps où je découvrais le rock. Et bien sûr de covers en covers certaines de ses chansons sont devenues mythiques. En voici une que j'aime beaucoup et qui ne fait pas partie des "classiques" de l'artiste.


Christian The Gale

Ok folks, la tempête qui s’annonce s’appelle Christian et elle arrive très vite sur nos régions. Comme on peut le voir sur cette carte (founie par Météociel) ça va cogner entre 1 et 7 heures du matin, en particulier sur la Bretagne et sur la Normandie.

 

6 289

 

Dixit Météoparis :

Le vent souffle en rafales à 115 km/h à la Pointe du Raz (29), 101 km/h à l’Ile de Groix (56), 93 km/h à Brest (29), 92 km/h à Ouessant (29). 

A 22h, toute la Bretagne et le Cotentin seront concernés par des rafales à plus de 100 km/h. A 1h du matin, la Normandie, la Picardie et l’Ouest de l’IDF seront à leur tour touchés. A 4h du matin, le pic de vent se déplacera vers le Nord-pas-de-Calais et l’IDF. Une accalmie sera observée sur toutes ces régions en milieu de matinée alors que le Nord-est connaîtra de bonnes rafales (mais généralement inférieures à 100 km/h).

Les Anglais, quant à eux, s'attendent à une tempête majeure, comme ils n'en ont plus vu depuis 25 ans. Aux abris! 

Humans Of New York

Il y a longtemps que je n’ai pas trouvé un blog qui m’enthousiasme autant. Il faut aller voir et lire intégralement Humans Of New York.
Un livre, recueil des images du blog — what else? — vient de sortir.
L’auteur du blog, Brandon Stanton se raconte un peu dans le New York Times cette semaine :
Brandon Stanton, the man behind the documentary photo blog Humans of New York, has just released his first book — also called “Humans of New York” — and it makes its debut on the hardcover nonfiction list at No. 1. Stanton, a 29-year-old Georgia native, started photographing strangers in 2010 after finding his way to New York from Chicago, where he had recently lost his job as a bond trader. “My mom basically thought this was my glorified way of not working,” he told ABC’s “Nightline” last month. “Like, oh, Brandon’s in New York taking pictures of people on the street and putting them on Facebook, you know what I mean?” That description isn’t far off the mark, actually. But it misses the primal voyeuristic appeal of Stanton’s blog, which only increased after he started interviewing his subjects and including short quotations or anecdotes with their portraits. (“Q. Where are you from? A. Russia. If you see a doctor smoking, he’s from Russia.”)
“I stopped looking for the most colorful and odd and just went to anyone I would come across on a bench,” Stanton recently told The Chicago Tribune, which rightly identified the project’s variety as a source of its charm. Here’s how the reporter, Christopher Borrelli, described Stanton’s book: “Children, hipsters, pet owners, businessmen, matadors, puppeteers, students — it’s a kind of Burpee seed catalog of humanity.” 

Point météo

Une tempête d’automne est annoncée pour la nuit prochaine et lundi matin. À Paris on devrait avoir des vents de sud-sud-ouest avec des rafales pouvant aller jusqu’à 100 km/h. Il y a déjà eu de jolies rafales cette nuit (85 km/h à l’aéroport Roissy CDG) et ça va continuer en fraîchissant jusqu’à demain soir.

Le gros de la tempête devrait toucher le Finistère et le Contentin, mais là, ils sont habitués. J’ai eu une idée : il serait bien que ma petite famille qui habite (pour les vacances) au Conquet, à la pointe nord du Finistère, mette une webcam de chez eux, on pourrait assister en toute sécurité à la tempête au Conquet, ce qui est — je parle d’expérience — assez spectaculaire.

samedi 26 octobre 2013

La première sortie spatiale de l'astronaute Chris Hadfield

Racontée par lui même :
Four hours later, Scott and I are finally floating head to toe in our spacesuits, carefully and slowly depressurising the airlock and checking and rechecking the LED displays on our suits to make sure that they are functioning properly and can keep us alive in the vacuum of space. If there is a leak in the suit out there, our lungs will rupture, our eardrums burst, our saliva, sweat and tears boil, and we'll get the bends. The only good news is that within 10 to 15 seconds we'll lose consciousness. Lack of oxygen to the brain is what will finish us off.

When the airlock has finally depressurised, I grab the handle on the hatch and turn it – not easily, because nothing in a spacesuit is easy. The hatch is like a manhole, and it has to be removed and stowed in a bike rack-like contraption overhead. My exit will not be graceful. But my number one concern is to avoid floating off into space, so I'm tethered to Scott and I'm holding another tether to attach to the rail on the side of the shuttle. I lower the gold shield on my visor to protect my eyes from the sun and carefully, gingerly, wriggle my bulky suited self out of the airlock. I'm still inside the belly of the beast, in the payload bay, but my suit has become my own personal spaceship, keeping me alive.

Emerging from the bay, my existence narrows to a single point of focus: attaching my tether to the braided wire strung from one end of the vehicle to the other. I lock on to that and tell everyone I'm securely tethered. Now Scott can come and join me. Waiting for him, I check behind me, to be sure I haven't accidentally activated my backup tank of oxygen, and that's when I notice the universe. The scale is graphically shocking. The colours, too. The incongruity is stupefying: there I was, inside a small box, but now – how is this possible? What's coming out of my mouth is a single word: "Wow." Only elongated: "Wwwooooowww." My mind is racing, trying to understand an experience that is so unique. It's like being engrossed in cleaning a pane of glass, then you look over your shoulder and realise you're hanging off the Empire State Building, Manhattan sprawled vividly beneath. Of course I'd peered through the shuttle windows at the world, but I understood now that I hadn't seen it, not really. Holding on to the side of a spaceship that's moving around the Earth at 17,500 miles an hour, I could truly see the astonishing beauty of our planet, the infinite textures and colours. On the other side of me, the black velvet bucket of space, brimming with stars. It's vast and overwhelming, this visual immersion, and I could drink it in for ever, only here's Scott, out of the airlock, floating over towards me. We get to work.
À lire dans le Guardian.

vendredi 25 octobre 2013

Le GOP est au plus bas

D’après un sondage Today’s ABC/Washington Post, les Républicains sont très mal :

  • 81% des sondés sont mécontent du shutdown.
  • 53% blâment les Républicains pour le shutdown, contre 29% à Obama.
  • 77% des sondés pensent que les Républicains font passer leurs intérêts avant ceux de la nation.

Blog abc poll shutdown 2013 10 21

Image piquée à Kevin Drum.

mercredi 23 octobre 2013

NSA

L’espionnage massif de la NSA ne me choque pas, car il fait partie du paysage mondial depuis des années, des décennies, et il a été dénoncé par des rapports du Parlement européen depuis plus de dix ans, mais personne ne les a manifestement lus. Il ne diffère pas, dans sa logique, de ce que les grandes nations SIGINT font, seules ou ensemble. Il n’est ni pire ni meilleur dans ses pratiques de ce que nous faisons, de ce que font les Russes, les Chinois, les Israéliens, les Indiens. Il ne me choque pas car il est logique, et il est donc normal. Il n’a rien de surprenant, et le condamner, à ce stade, ne sert à rien. De même, discuter de sa légalité est sans objet, puisque la mission de services comme la NSA ou le GCHQ ou la DGSE est justement de s’affranchir de la loi hors de leurs territoires nationaux respectifs.

On pourrait, éventuellement, se pencher sur la moralité, mais le débat à venir me lasse déjà. Pour un service de renseignement, voire pour un gouvernement, la morale qui doit primer n’est-elle pas la défense des intérêts que j’ai listés plus haut ? A ce titre, intercepter « 70 millions de données par an » dans un pays qui envoie 50 milliards de SMS dans le même temps n’est rien. Puisque tout le monde écoute tout le monde, la seule chose à faire est de se protéger, et les lamentations n’ont jamais empêché les interceptions de communication. Vraie candeur ou fausse naïveté, calcul intérieur, populisme, démagogie, l’impression qui se dégage de ces derniers jours est celle d’une confusion générale, gracieusement alimentée par les idiots utiles qui se reconnaîtront.

On pourrait, à l’occasion, se pencher sur la campagne de transparence qui, tout en se concentrant sur la communauté américaine du renseignement, touche en réalité depuis des années l’ensemble des services occidentaux, fragilisés par les fuites massives orchestrées par Wikileaks, durement touchés par la trahison de Snowden, et alors que de persistantes idioties sont écrites sur les drones afin de dénigrer une évolution militaire mondiale présentée comme seulement occidentale. Mais à quoi bon essayer d’expliquer ? L’expérience prouve que quand on s’adresse à un gouffre on n’entend jamais que le son de sa propre voix.

Abou Djaffar

dimanche 20 octobre 2013

Photos of the day


Paris, October 20, 2013, sky in the morning, viewed from my window.


Paris, October 20, 2013, sky in the afternoon, viewed from my window.

samedi 19 octobre 2013

Photos of the day


Paris, October 19, 2013, platter of seafood at a restaurant.


Paris, October 19, 2013, candelabras at Cité metro station.

Photo of the day


Paris, October 19, 2013, my workplace at home and at night.

vendredi 18 octobre 2013

De la méthode contre le Tea Party

Au lendemain de la fin du shutdown, tout le monde s'interroge sur le Tea Party et son pouvoir de nuisance. Les électeurs du Tea Party sont des gens effrayés par les changements de l'Amérique d'aujourd'hui : un président Noir, le mariage gay, la diversité raciale, etc. Ils vivent dans la nostalgie d'un passé largement mythifié, d'une histoire réécrite pour eux. Dans le contexte religieux américain leurs angoisses prennent un tour apocalyptique. Ils n'hésitent pas à menacer leur nation de faillite pour arriver à leurs fins. On assiste aujourd'hui en Amérique à une guerre civile froide qui ressemble sous bien des aspects à la sécession des Etats du Sud en 1860 (les Tea Party n'hésitent d'ailleurs pas à défiler avec des drapeaux confédérés, c'est un signe).

Aujourd'hui ces extrémistes ont essuyé une défaite cinglante, mais il n'est pas exclu qu'ils remettent ça à la prochaine occasion et vu leur pouvoir de nuisance bien supérieur à ce qu'ils représentent réellement ils peuvent encore semer la discorde et le chaos dans le pays. Le shutdown semble, selon les sondages, avoir été très préjudiciable aux Républicains en général, mais les élections ne sont qu'en novembre 2014 et d'ici là les événements récents seront probablement oubliés. De plus, les circonscriptions des représentants factieux sont quasiment inexpugnables à court terme. 

Il faut donc s'efforcer de réduire cette tendance factieuse du Parti Républicain. Comment faire ?

Mon ami R.J. Keefe suggère une méthode pour lutter contre ces "sécessionnistes" au Congrès et ceux qui votent pour eux : faire en sorte qu'Obamacare fonctionne et apporte des bienfaits aux Américains qui votent actuellement Républicain.
Among the friends I talked to, the consensus seemed to be that, if not this time, then next time: next time, or the time after that, the secessionists, as I think it safe to call them, will shear the unity of the country. The only alternative is to deflate support for their positions, by converting their supporters to a commitment to harmony. That will be difficult, but it is not unlikely. Many commentators have argued that what bothers the Republicans most about Affordable Care is that it will work, and persuade many of the less-affluent and educated Americans who currently vote Republican, if not to switch allegiance, then to withdraw their support from Republican candidates — extreme Republican candidates, anyway. Even if this comes to pass, it will take some time, but the prospect does suggest an avenue of thinking that might inspire short-term inroads.
Cependant que Ryan Lizza, du New Yorker suggère qu'au Congrès, à court terme, on les achète par des earmarks (c'est à dire des dotations de fonds pour une circonscription ou un Etat, adossées à une loi, une pratique courante au Congrès mais interdite depuis peu à la Chambre) ou en permettant une augmentation de la contribution des partis aux campagnes électorales :
My list would start with the return of more money to politics. One of the reasons Boehner is such a weak Speaker is that he doesn’t have the carrots and sticks that his predecessors previously used. The House banned the use of earmarks, which were a traditional tool to keep recalcitrant members in line. In a four-trillion-dollar annual budget, a few million dollars here and there to lubricate the gears of Congress seems like a very small price to pay if it would create a more productive legislative body. Indeed, last night Mitch McConnell, or someone working on his behalf, won a couple billion dollars for a dam project in Kentucky, which seems like a decent outcome if it helped prevent a default. 
The political system could also benefit if the national parties, which can act as moderating influences in elections, were allowed to spend more money on individual campaigns. The current system, under which party contributions are capped, has empowered special-interest groups and ideological factions like Heritage Action and Club for Growth, which constantly thwart the leadership of the G.O.P. If the parties were more powerful funding vehicles for members of Congress, a leader like Boehner could exercise more control over his conference, which would allow him far more room to negotiate with Obama: he’d be able to make concessions and know he could deliver the votes.

jeudi 17 octobre 2013

Capitulation en rase campagne

Hier, mercredi le Parti Républicain a finalement capitulé. La stratégie adoptée sous la pression des membres Tea Party du Congrès s'est heurtée à la fermeté du président Obama et à l'habilité politique des Démocrates. Une capitulation en rase campagne comme il était prévisible avec une stratégie qui s'apparentait à de l'extorsion. A quelques heures de la catastrophe, la Chambre des Représentants a finalement adopté la résolution votée auparavant par les Sénateurs avec la totalité des voix Démocrates et 87 voix Républicaines, au temps pour la règle de Hastert.


La loi sur la réforme des soins (Obamacare) sera donc appliquée sans délais supplémentaires. Il n'y aura pas de baisses d'impôts, ni de coupures dans les dépenses fédérales ni de nouvelles limites aux prestations sociales de l'état. Juste un tout petit amendement à Obamacare sur lequel tout le monde était d'accord. Le plafond de la dette est levé jusqu'au 7 février prochain et le gouvernement est financé jusqu'au 15 janvier. Les fonctionnaires au chômage technique reprennent le travail aujourd'hui.

Fin de la crise. Jusqu'à la prochaine. Les cinglés ont été battus mais ils peuvent toujours nuire.

mercredi 16 octobre 2013

Quelques éclairages sur le plafond de la dette US

Kevin Drum a écrit un billet éclairant sur le problème du plafond de la dette américaine, je reprends quelques éléments en Français :

Le Département du Trésor a, en fait, atteint le plafond d'endettement en mai dernier et depuis il a recours a des subterfuges pour pouvoir payer tout ce qu'il a à payer. Le 19 mai dernier la dette US était de 16,7 mille milliards de dollars.

Le Bureau du Budget du Congrès estime que pour l'année fiscale 2013-2014 (commençant en octobre 2013 et finissant en septembre 2014) les revenus de l'état fédéral seront de 3,042 milliards de dollars et la dépense sera de 3,602 milliards de dollars, une différence de 560 milliards de dollars qu'il faudra emprunter.

Si le Département du Trésor n'a plus le droit d'emprunter il lui faudra couper 560 milliards de dollars dans ses dépenses, soit 46 milliards de dollars par mois.

C'est à peu près l'entier budget du Département de la Défense, ou deux tiers de la Sécurité Sociale (différente de notre Sécurité Sociale à nous, bien sûr) ou l'entière aide médicale (Medicaid) plus l'entière assurance chômage plus les aides à la nourriture plus les allocations des vétérans militaires.

Lisez le billet de Kevin Drum si vous voulez en savoir plus. C'est très intéressant.

mardi 15 octobre 2013

D'où viennent les députés du tea party

Congressdistricts final 01 1

Cette carte parue dans le New Yorker nous donne une bonne idée de l'origine des députés (1) jusqu'au-boutistes du tea party. Il y a 232 représentants (députés) Républicains à la Chambre, 79 d'entre eux forment ce que certains appellent le "suicide caucus" (le rassemblement des suicidaires). Ce sont ces députés d'extrême droite, parfaitement intransigeants, qui considèrent que toute concession sur Obamacare serait une capitulation. Que peut-on voir sur cette carte :

Aucun des députés tea party ne vient d'une circonscription gagnée par Barack Obama en 2012. On sait que le gerrymandering, le découpage astucieux des circonscriptions, favorise outrageusement le Parti Républicain. Les députés de ces circonscriptions n'ont rien à craindre pour leur réélection. 

La moitié des circonscriptions des députés tea party sont dans les États du Sud, les anciens États Confédérés. L'Arkansas, La Floride la Georgie, La Caroline du Sud, la Caroline du Nord, Le Tennessee, La Louisiane et le Texas. Seuls trois États du vieux sud esclavagiste ne sont pas ou peu concernés par cette poussée droitière : Le Mississippi, L'Alabama et la Virginie (2). Ces États étaient historiquement Démocrates après la réunification (Lincoln était Républicain), depuis les années 60 du siècle dernier ils ont virés Républicains quand les Démocrates ont évolués vers les libéraux et les Républicains vers les conservateurs. Il faut rappeler que la déségrégation des États du sud a été l'oeuvre des présidents Kennedy et Johnson, des Démocrates. Je suis persuadé qu'ici le racisme est à l'oeuvre : la réforme de la santé va bénéficier aux pauvres et aux minorités, c'est à dire aux Noirs et aux Hispaniques, minorités qui votent lourdement en faveur d'Obama, président Noir, d'un État du Nord (Illinois). Il n'est pas neutre que certains défilés du tea party, comme celui d'hier devant la Maison Blanche, se fassent en brandissant des drapeaux confédérés.

Un quart des députés du tea party viennent des États du Midwest, conservateurs par nature, et 13 viennent de circonscriptions rurales et blanches dans l'Ouest et en Pennsylvanie. Aucun ne vient de Nouvelle Angleterre ou de circonscriptions majoritairement noires ou hispaniques (comme le sud du Texas ou de la Californie) ou du corridor Washington - Boston, de la côte Pacifique.

Le New Yorker nous détaille les résultats des dernières élections pour ces députés : ils représentent 18% des députés de la Chambre et un tiers des députés Républicains. Ils ont été élus avec 14,5 millions de voix sur les 118 millions de votants lors des dernières élections à la Chambre des Représentants, soit 12% du total. Ils représentent en tout 58 millions de citoyens. 

Les circonscriptions solidement Républicaines sont majoritairement blanches, une circonscription tea-party est peuplé de 75% de Blancs alors qu'une circonscription moyenne est blanche à 63%. Le niveau d'éducation des citoyens de ces circonscriptions est plus bas que les autres. 

Les députés jusqu'au-boutistes sont donc minoritaires, ils représentent une Amérique conservatrice raciste ou rurale, blanche, qui est en voie de régression démographique. Ils sont réactionnaires au sens propre du terme et représentent une population inquiète pour elle-même et opposée à toute évolution de la société. Leur pouvoir de nuisance est très fort, car ils exercent un chantage aux élections primaires sur leurs collègues plus modérés. Ils ne craignent pas pour leurs sièges car ceux-ci sont bien protégés par le découpage électoral. Ils ont la rage contre les minorités, les immigrants et contre le président Obama. Ils n'hésitent pas à menacer le leader des Républicains et président de la Chambre des Représentants. Ils n'ont rien à perdre et peu à gagner.

(1) : j'appelle députés les représentants à la Chambre des Représentants, pour une meilleure compréhension.

(2) : pour des raisons diverses, j'y reviendrai.

Défaut de paiement

A partir du 17 octobre (dans deux jours), si le plafond de la dette des Etats-Unis n'est pas relevé par le Congrès, le Trésor Fédéral américain ne pourra plus emprunter sur les marchés pour régler ses échéances. Ce jour là le Trésor disposera encore d'environ 30 milliards de dollars de réserves, ce qui lui permettra de tenir jusqu'à la fin du mois, environ. Après, si un accord n'est pas trouvé au Congrès, il ne pourra plus rien payer, plus d’intérêts à ses créanciers et surtout plus de prestations sociales pour les Américains (55 milliards de dollars à sortir le 1er novembre). Il pourra peut-être (mais ce n'est pas certain) "prioriser" ses dépenses avec l'argent qui lui restera. C'est à dire que le Trésor devra choisir entre payer une partie des intérêts aux banques (banques centrales notamment, Chinoises et Japonaises) qui ont prêté de l'argent à l'état US ou payer certaines prestations sociales, comme par exemple, les salaires des militaires. Après ça, une fois les réserves dépensées, l'état américain sera purement et simplement en défaut de paiement.

C'est un fait sans précédents et donc personne ne peut vraiment dire quel effet cela aura. Certains redoutent une catastrophe financière et un krach boursier comme celui déclenché par la faillite de la banque Lehman Brothers en septembre 2008. D'autres disent que ça ne sera pas bon pour l'économie mais, sauf en cas de panique boursière, pas catastrophique non plus. Evidemment tous ces braves gens ignorent les simples conséquences d'un défaut de paiement sur les familles qui ne recevront pas leurs pensions de retraite ou les assurances maladie.


Il existe quelques solutions pour contourner le problème, paraît-il, et financer l'état sans tenir compte de l'interdiction d'emprunter. Mais comme la situation est sans précédents on ne sait pas trop si ses solutions sont légales ou simplement faisables. De toute manière cette situation ne peut être que temporaire, mais la confiance des marchés sur la capacité des Etats-Unis de payer leurs dettes aura des conséquences sur les futurs emprunts.
Remarquez, il est presque certain qu'une telle crise ferait chuter le dollars par rapport à l'Euro, et ça, égoïstement, ça m'arrangerait!

Extorsion

Obama parle du shutdown et de la menace d'une mise en défaut de paiement du Trésor Américain plus ou moins en ces termes : imaginez que vous ayez une maison à vendre, quelqu'un se propose d'acheter votre maison au prix qu'il a décidé et non au vôtre et vous prévient que, dans l'éventualité où vous refuseriez de lui vendre la maison au prix qu'il a fixé, il la réduirait immédiatement en cendres. La métaphore représente bien ce qui se passe en ce moment à Washington. Ce que font les Républicains poussés par le tea party c'est purement et simplement de l’extorsion. Ces gens sont minoritaires au Sénat, ils ont perdu la dernière élection présidentielle par plus de 5 millions de voix, ils ont gardé la majorité des députés à la Chambre uniquement grâce à un découpage des circonscriptions qui les avantage mais avec près d'1 million et demie de voix de moins que les Démocrates et ils se permettent de (1) couper les vivres au gouvernement fédéral, (2) menacer le pays de faillite et faire tanguer l'économie mondiale. Tout ce qu'on peut dire c'est qu'ils ne manquent pas d'air. Le tea party est animé par une rage inouïe. Les voici qui défilent à Washington, devant la Maison Blanche, avec des drapeaux confédérés, Palin et Cruz en tête. Qu'est-ce qui vient ensuite? Le Klu-Klux-Klan faisant brûler des croix devant la Maison Blanche? Le Sénat est peut-être en train de trouver une solution à la crise, une solution qui permettrait aux Républicains de sauver la face tout en abandonnant la plupart de leurs revendications initiales. Si cette résolution passe au Sénat il faudra qu'elle soit mise aux voix et adoptée à la Chambre et déjà les députés tea party menacent :
“We’ve got a name for it in the House: it’s called the Senate surrender caucus,” said Representative Tim Huelskamp, Republican of Kansas. “Anybody who would vote for that in the House as Republican would virtually guarantee a primary challenger.” ["Nous avons un nom pour ça à la Chambre : nous appelons ça le caucus des capitulards du Sénat." "Quiconque votera en faveur de cette résolution, en tant que Républicain à la Chambre, sera certain de se retrouver avec un challenger lors de ses prochaines élections primaires".]

dimanche 13 octobre 2013

Visualiser l'inégalité



J'aime les visualisations de données, c'est une excellente manière d'expliquer simplement des choses compliquées comme, ici, la distribution de la richesse, aux USA, parmi la population et la différence entre l'idée que s'en font les gens et ce qu'ils pensent être une idéale distribution.

Présenter les informations sous cette forme, de façon à ce que le public puisse voir et entendre est, il me semble, très persuasif et peut avoir un très fort impact sur la façon dont les gens pensent.

samedi 12 octobre 2013

The gales of October

Alignés en bon ordre, ils menacent l'Asie du Sud-Est. Ce sont dans l'ordre et de gauche à droite :

  • Le cyclone tropical Phailin qui vient de toucher terre en Inde de l'Est;
  • Le typhon Nari qui va s'attaquer prochainement au Vietnam;
  • Le typhon Wipha qui, lui, va remonter vers le Japon (et sensiblement s'affaiblir).

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Vers la fin du shutdown?

Juste après avoir posté le billet précédent je lis dans le Washington Post que les républicains sont probablement et réellement en train de capituler en rase campagne!

En clair et en Français, les sénateurs Républicains font pression sur Boehner pour qu'il mette aux voix une résolution levant immédiatement le shutdown et repoussant de six mois le plafond d'emprunts du Trésor Fédéral (qui va atteindre son actuel plafond dans six jours) avec une mineure modification de l'application de la loi Obamacare, que les Démocrates sont susceptibles d'approuver.

Details were still fluid late Friday, but the latest 23-page draft of the emerging measure would immediately end the shutdown and fund federal agencies for six months at current spending levels. It would maintain deep automatic cuts known as the sequester, but give agency officials flexibility to decide where the cuts should fall.

In addition, the proposal would also raise the debt limit through Jan. 31, 2014. Lawmakers were considering whether to include a provision that would direct the House and Senate Budget committees to immediately enter negotiations over broader budget issues and to issue a report by Jan. 15, 2014. If an agreement could be reached, it would clear a path for another increase in the debt limit later that month, without additional drama.

In exchange, Republicans were seeking what they called a few “fig leafs” — minor adjustments to Obama’s new health-care initiative. The first would delay for two years a 2.3-percent tax on medical devices that is unpopular in both parties. The second would require internal auditors to ensure that people who get tax subsidies to buy health insurance are in fact eligible.

Another option under consideration but not included in the latest draft would reduce the number of workers required to receive health coverage from an employer, by changing the definition of a full-time worker from 30 hours a week to 40 hours a week.

In an interview with a Kentucky newspaper Friday, Senate Minority Leader Mitch McConnell (R-Ky.) signaled that he was helping to shepherd the effort to reach a compromise with Democrats.

“We’re in one of those situations right now where it’s going to require some sort of coming together here to get past the current impasse. And I’m going to continue to work on that,” McConnell told the Herald-Leader of Lexington.

Après les négociations de 2011 sur le relèvement du plafond de la dette où il avait été forcé de faire de larges concessions, Obama avait juré qu'il ne négocierait plus avec le Parti Républicain face à une telle limite parce que ça les encourageait à utiliser cette échéance d'importance cruciale pour l'économie américaine et mondiale pour obtenir d'autres concessions. Il a réussi cette foi, ou du moins il est en passe de réussir. Espérons que ça serve de leçon.

Capitulation?

Les Républicains cherchent une porte de sortie qui leur éviterait de capituler en rase campagne. Mais il semble qu'ils vont y être obligés.

 

Republicans do seem to be getting ready to surrender (although they seem to have only reached the stage at which they’re asking for rewards for surrendering; it may take a while longer for them to fully understand the concept). A true economic disaster may yet be avoided. But everyone should remember just how irresponsible they’ve been on this one.

Jonathan Bernstein - Washington Post

 

House GOP leaders flailing for an exit strategy this week are again suggesting broad negotiations that will constrain entitlement programs such as Medicare. But our latest polling shows older and downscale whites overwhelmingly resist changes in Medicare or Social Security, which they consider benefits they have earned—and pointedly distinguish from transfer programs.

Those findings suggest that the real fight under way isn't primarily about the size of government but rather who benefits from it. The frenzied push from House Republicans to derail Obamacare, shelve immigration reform, and slash food stamps all point toward a steadily escalating confrontation between a Republican coalition revolving around older whites and a Democratic coalition anchored on the burgeoning population of younger nonwhites. Unless the former recognizes its self-interest in uplifting the latter—the future workforce that will fund entitlements for the elderly—even today's titanic budget battle may be remembered as only an early skirmish in a generation-long siege between the brown and the gray.

Ronald Brownstein - National Journal

 

Skeptics warned from the start that it was a suicide mission for Republicans to shut down the federal government in a long-shot attempt to defund Obamacare. Now that such dire predictions have come to pass, the lawmakers who engineered the shutdown are getting the conflagration — and the martyrdom — they sought.

Call it the Cruzifiction of the GOP.

At least so far, the standoff has been a political bloodbath for Republicans. And maybe that’s exactly what was needed to right the political system: The effort to gut Obamacare had to crash like this so that Republican leaders and lawmakers would find the courage to stand up to tea party toughs, and so that business leaders would decide to stop funding a small band of right-wing activists whose interests are antithetical to their own.

A new Wall Street Journal/NBC News poll found that Americans, by 53 percent to 31 percent, blame the Republican Party for the shutdown more than they do President Obama — worse even than Republicans fared during the 1995-96 shutdown that also proved ruinous to their party.

The poll, confirming earlier results, found the Republican Party and the tea party had both reached all-time lows. Americans now favor a Democratic Congress to a Republican Congress by eight percentage points. And the percentage of Americans who think Obamacare is a good idea is up seven points from last month. Seventy percent say Republicans are putting politics ahead of the good of the country.

Dana Milbank - Washington Post

Gervais Principle

Passé une semaine à lire The Gervais Principle de Venkatesh Rao, presque compulsivement, comme pour lutter contre ce cafard qui t'étreins de plus en plus à l'arrivée de l'automne. Ou est-ce vraiment l'arrivée de l'automne et non pas ce lisier dans lequel on vit? Cette glue quotidienne, la sensation de ne rien faire de constructif, de ne rien pouvoir faire, et les chiens qui vous attaquent d'un peu partout. Rao est clair toutefois et ne remonte pas vraiment le moral : selon le principe de Gervais et la pyramide de McLeod tu es un Loser. Ce n'est pas si grave en soi. Ce qui est désespérant c'est que par moment tu a été un Clueless, et ça te rend malheureux de te rendre compte que tu l'as été et que bien des gens, des Sociopaths, t'ont bien utilisé sans que tu ne t'en rendes compte, pauvre cloche. Il faut quand même lire The Gervais Principle, c'est une livre éclairant sur notre condition mais qui ne donne pas de recettes pour s'en sortir, peut-être parce qu'il n'y en a pas. Ou parce que la solution c'est l'indépendance à tout prix, et c'est cher.

NOTA : Si on n'a pas de Kindle on peut lire les articles concenrnant le principe de Gervais (en cherchant un peu dans les archives), et bien d'autres réflexions passionnantes sur le blog de Venkatesh Rao.

lundi 7 octobre 2013

La vie en entreprise

Tu écris un mémo destiné à faire acheter un outil par ton patron, un outil qui te paraît génial et bien sûr indispensable. Et tu te rends compte que non seulement la forme d'écriture que tu as choisi est complètement inadaptée mais qu'en plus il te manque le vocabulaire nécessaire, ce vocabulaire d'entreprise ou de marketing ou de management que tu détestes. Tu tartines quatre pages pour être convaincant et tu te rends compte que personne ne les lira, pas le temps, et que tu dois écrire une page seulement, recto, et, si possible et mieux, quelques lignes seulement en employant des mots comme "enrichir", "construire une communauté", "optimiser", "positionnement", "efficacité", "problématique", "démo", "gagnant-gagnant", "synergie"... Et tu as envie de partir pour ton coin de Touraine, définitivement, loin de tout, avec seulement chiens et chats pour t'entourer, et la forêt.

dimanche 6 octobre 2013

Blocage

Le graphique suivant montre clairement pourquoi les Démocrates n'ont aucune chance de reconquérir la Chambre des Représentants en 2014. 

WPolarization

Et donc pourquoi les Républicains n'ont pas grand chose, en tant que groupe, à craindre du shutdown et d'une éventuelle réaction négative de l'électorat. Seuls, individuellement, certains représentants Républicains pourraient se voir menacés par un retour de bâton de leurs électeurs, mais s'ils s'alliaient aux Démocrates ils seraient aussi menacés par une candidature d'un Tea Party contre eux.  C'est un bras de fer avec les Démocrates du Sénat et avec le Président qui n'est pas prêt de trouver une issue. Et encore on n'est pas au 17 octobre, date à laquelle si les deux chambres du Congrès ne décident pas de relever le plafond d'emprunt du Trésor Américain les États-Unis vont se retrouver en défaut de paiement.

Ironie du système de vote par circonscriptions taillées par et pour les Républicains : aux dernières élections à la Chambre des Représentants les Républicains ont reçu 1 million de voix de moins que les Démocrates mais 35 députés de plus!

Source et infographie : Washington Post.

Balade en forêt

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Quand je me promène en forêt j'ai l'impression de me désintoxiquer de la vie en ville et de mes soucis. C'est salutaire.

Washington Redskins

L'équipe de football américain de Washington D.C. a pour nom les "Washington Redskins". Ce nom (les "peaux rouges") est depuis de nombreuses années contesté par diverses associations d'indigènes Américains (comme on appelle en PC les indiens d'Amérique).  Ces indiens trouvent le nom "Redskins" raciste et offensant. À la faveur de la nouvelle saison de football qui débute, les indiens Oneida — une tribu du nord de l'État de New York — ont prévu des manifestations lors des matchs des Redskins, afin de faire pression sur le propriétaire de cette équipe pour qu'il en change le nom. Ils ont, depuis hier, le soutien du président Barack Obama : le président a déclaré que s'il était propriétaire des Redskins il envisagerait de changer leur nom.  Le propriétaire de l'équipe a, lui, opposé une fin de non recevoir quelque peu musclée a ces demandes : "We'll never change the name. It's that simple. NEVER — you can use caps." (Nous ne changerons jamais de nom. C'est aussi simple que ça. JAMAIS — vous pouvez l'écrire en majuscules). Le nom de Redskins est apprécié des fans de l'équipe, qui se fichent comme de leur première casquette des indiens d'Amérique, ils chantent au stade tous les dimanches l'hymne de leur équipe "Hail to the Redskins" (Honneur aux Peaux Rouges) et n'y voient aucune offense, bien au contraire.

Quelque chose de vert

Petite récréation mentale :



Shutdown (2)

Pour quelles raisons est arrivé le shutdown ?

À l'origine les deux chambres du Congrès des États-Unis devaient voter un complément de loi budgétaire destiné à assurer le financement des activités de l'état fédéral jusqu'à la fin de l'année. Le texte, appelé Continuation Resolution ou CR, devait être approuvé dans les mêmes termes par les deux chambres du Congrès. Les députés élus du parti Républicain et quelques sénateurs de ce même parti ont décidé d'annexer à cette loi, comme il est permis et de tradition de le faire, une provision qui supprimait le financement de ce que l'on appelle Obamacare — de son vrai nom la Loi sur les Soins Abordables (Affordable Care Act) — la réforme du système d'assurance santé votée lors du premier mandat du président Obama.

Notons que cette loi, Obamacare, a été approuvée en son temps par les deux chambres du Congrès, qu'elle a été promulguée par le Président, qu'elle a été portée devant la Cour Suprême par ses opposants et que cette Cour l'a laissé en l'état. En outre l'élection présidentielle de 2012 s'est largement décidée autour de cette loi, puisque son abrogation avait été promise par le candidat Républicain Mitt Romney. Nous savons tous que Barack Obama a été réélu avec une confortable majorité des voix.

La date à laquelle la loi CR devrait avoir été votée pour que le gouvernement dispose des fonds nécessaires à son fonctionnement avait été fixée au 27 septembre à 0 heures. Pendant le mois de septembre la loi CR a fait plusieurs fois la navette entre la Chambre des Représentants et le Sénat. À chaque fois qu'ils étaient consultés les Démocrates, majoritaires au Sénat votaient la loi nettoyée de sa provision visant à supprimer le financement d'Obamacare et la renvoyaient à la Chambre où les Républicains, majoritaires de ce coté-ci du Congrès, annexaient à nouveau la fameuse provision, votaient leur nouvelle loi et la renvoyaient au Sénat. Au bout d'un moment, la date fatidique s'approchant, les Républicains de la Chambre décidèrent d'amender légèrement leur provision en décidant seulement qu'Obamacare n'entre pas en application avant un an. Le Sénat refusa de voter la loi CR ainsi annexée et à la date décidée le gouvernement se retrouva sans argent pour fonctionner, d'où le shutdown.

Qui veut abroger ou dé-financer Obamacare ?

Une frange d'extrême droite du Parti Républicain (ceux qu'on appelle le Tea Party) ne digère pas cette loi, ils sont décidés à avoir sa peau par tous les moyens. Un peu comme chez nous les anti-mariage gay ne digèrent pas la Loi sur le Mariage Pour Tous. La loi étant une réalisation historique du Président Obama, le fait que cette frange du Parti Républicain la refuse absolument est liée à leur détestation de ce président qu'ils estiment — avec pas mal de racisme toutefois jamais clairement exprimé — usurper le pouvoir.

Mais tous les représentants (on appelle ainsi les députés) Républicains ne sont pas des extrémistes. Il y a environ trente représentants Républicains à la chambre qui sont des jusqu'au-boutistes d'extrême droite, les autres sont plus centristes. Les jusqu'au-boutistes représentent donc une minorité dans la majorité Républicaine, comment se fait-il qu'ils tiennent leurs collègues à leur botte? C'est ce que nous allons essayer de comprendre.

La pression du Tea Party

Les prochaines élections des représentants à la Chambre aura lieu l'année prochaine (2014) au mois de novembre. Dans le système constitutionnel américain les représentants sont élus pour un mandat de deux ans renouvelable, la Chambre entière est renouvelée tous les deux ans. Les sénateurs ont, eux, un mandat de six ans renouvelable et le Sénat est renouvelé par tiers tous les deux ans.

Dans chaque parti, dans chaque circonscription ont lieu des primaires. Les représentants sont donc soumis à une pression électorale presque constante, qui les force à rechercher constamment de l'argent pour financer leurs campagnes électorales. Prenons un représentant Républicain lambda. Il se retrouve avec un challenger du Tea Party aux primaires. Ce challenger aux primaires n'a peut-être aucune chance d'être élu, n'empêche qu'il peut déverser ses griefs voire sa bile, sur le candidat sortant pendant des mois et le priver de généreuses donations. On connait l'adage, calomnier, calomnier, il en restera toujours quelque chose : des armes données à son adversaire Démocrate et des sous en moins pour financer sa campagne, peut-être même des électeurs en moins, tant et si bien que les élections générales pourraient lui échapper, rien qu'à cause de ce défi lors des primaires de son parti.

Or les partisans du Tea Party ont montré à de nombreuses reprises qu'ils n'hésitaient pas à défier un candidat sortant de leur propre parti quand ils le trouvaient trop mou, trop centriste ou trop prêt au compromis avec les Démocrates. Et leur campagne, dans ce cas, ne s'embarrassait pas de principes. Il y a toujours du sang sur les murs lors des défis des Tea Party.

La trentaine de représentants d'extrême droite, eux, ne risque rien. Leurs circonscriptions sont taillées exactement à leurs mesures et personne ne viendra les menacer lors des prochaines élections. Les autres, par contre…

Voilà pourquoi une minorité de représentants d'extrême droite tient dans sa main une majorité. Avec du chantage et des menaces, ni plus ni moins.

La règle de Hastert

Le chef de la majorité Républicaine à la Chambre, John Boehner, pourrait prendre ses responsabilités et faire passer la loi CR sans la provision pour dé-financer Obamacare, simplement en la mettant aux votes et en comptant sur les quelques représentants Républicains désireux de se joindre aux Démocrates pour faire cesser le shutdown. Mais ce serait contrevenir à la règle de Hastert (Hastert Rule) — du nom de son prédécesseur à la tête de la Chambre des Représentants, Dennis Hastert — qui veut que jamais une minorité de Républicains ne s'allie aux Démocrates pour faire passer une loi initialement rejetée par leur parti. Et puis faire une telle chose serait considéré comme une trahison de la part de Boehner, l'exposant à être mis en minorité par son propre parti et à être chassé de son poste de Speaker (président) de la Chambre.

On comprend qu'il hésite.

mardi 1 octobre 2013

Shutdown

Face au shutdown fédéral toutes les administrations fédérales (on ne parle que des services de l'état  fédéral) ne sont pas logés à la même enseigne. Certains sont dits "essentiels"1. Les employés de ces services gouvernementaux sont réquisitionnés (ils doivent travailler) mais ne seront payés qu'après la fin du shutdown .

Quelles sont les administrations fédérales qui restent ouvertes?

  • Les administrations fédérales qui s'occupent de la sécurité nationale, telles que l'armée et les ambassades à l'étranger. 
  • Les administrations fédérales dont l'activité est liée à la protection des personnes et des biens, telles que les contrôleurs aériens, la police aux frontières, les prisons fédérales, les services de police comme le FBI, la DEA, l'ATF ou les US Marshalls, les services médicaux d'urgence, les hôpitaux militaires, les services d'urgence et de secours en cas de désastre national... 
  • L'assurance chômage et l'assurance sociale (les "food stamps" et les chèques de la Social Security). 
  • Les administrations qui ont des sources de financement indépendantes du budget comme la Poste et la Réserve Fédérale. 
Tout ça fait environ 1,3 millions de fonctionnaires qui devront travailler et ne seront éventuellement payés qu'après la fin du shutdown. Les 1,4 millions de membres des forces armées resteront payés quoiqu'il arrive grâce à une loi spéciale passée in extremis!

Tous les autres fonctionnaires sont au chômage technique à compter d'aujourd'hui et pour une période indéterminée. Parmi elles citons le National Institute of Health qui mène des recherches sur les maladies, de même que le Center for Disease Control. Ces deux agences gouvernementales fonctionneront en service minimum. Seront plus ou moins complètement fermés le service qui s’occupe des allocations logement, certains services de contrôle de l'immigration, les parcs nationaux, les musées nationaux, les divers services de l'inspection du travail, l'Agence Fédérale de l'Environnement, les services qui délivrent les passeports et ceux des consulats à l'étranger (pour les visas). 97% du personnel de la NASA (sauf ceux qui s'occupent de l'ISS) est au chômage technique. Et plein d'autres administrations, agences et services fédéraux. Soit environ 800 000 fonctionnaires.

Source : Washington Post.

  1. en fait non ils sont dits "expected" c'est à dire qu'on s'attend à ce qu'ils fonctionnent, ce qui est considéré moins blessant pour les services considérés comme "non-essentiels". 

Le gouvernement Américain est fermé

La situation est la suivante : à compter d'aujourd'hui et pour un temps indéterminé le gouvernement Américain n'a plus les moyens financiers pour fonctionner. Toutes les administrations fédérales, tous les ministères, toutes les agences gouvernementales fédérales (à l'exception des services jugés "essentiels" comme la justice, la sécurité, le FBI, la CIA et la NSA, les opérations militaires, le contrôle aérien, les inspections de santé) sont donc obligés de fermer ou de fonctionner au ralenti. C'est le "government shutdown". Parmi la myriade de conséquences : les 800 000 fonctionnaires fédéraux "non essentiels" sont en congés sans solde jusqu'à nouvel ordre, les 400 parcs nationaux sont fermés, la SEC (Security Exchange Commission, l'agence qui s'occupe des introductions en bourse et du contrôle de la bourse) fonctionne au ralenti, l'administration des impôts (IRS) est entièrement au chômage technique, certains services consulaires à l'étranger (permettant l'obtention des visas notamment) sont en partie suspendus, etc. Cette mesure n'affecte que les employés et les administrations fédérales, les administrations des États ou ceux des municipalités ne sont pas affectés (par exemple le NYPD, la police de New York est un service municipal, comme les écoles, lycées et universités).

Comment en est-on arrivé là? Le budget fédéral n'a pas été voté par le Sénat et la Chambre des Représentants avant la date limite (ce matin à 0 heures). Les Démocrates (parti du Président) sont majoritaires au Sénat, mais les Républicains sont majoritaires à la Chambre. Les Républicains de la Chambre des Représentants veulent lier le vote du budget à une mesure repoussant d'un an l'application de la Loi sur la Santé Abordable (Affordable Care Act, appelé communément Obamacare) qui commence à être applicable à partir du 1er octobre. La volonté du Parti Républicain est d'abroger cette loi par tous les moyens possibles. Faute de pouvoir l'abroger tout de suite ils veulent en repousser l'application jusqu'après les élections de 2014, à la faveur desquelles ils espèrent reconquérir le Sénat et être en mesure alors d'abroger Obamacare complètement. Bien sûr, les Démocrates du Sénat ont repoussé cette solution et le budget n'a pu être voté, conduisant à la fermeture du gouvernement fédéral.

Et maintenant, que va-t-il se passer? L'administration fédérale a déjà plusieurs fois été fermée, les plus récentes fermetures datent de 1995 et de 1996. Les Républicains étaient déjà à l'origine de ces shutdowns. À chaque fois ce sont des négociations âpres et complexes entre les deux partis et le Président qui ont permis de débloquer la situation. Personne n'est en mesure de dire combien de temps va durer ce bras de fer entre le Congrès et l'administration Obama, mais ce qu'on peut dire c'est que ça ne se présente pas bien. Les députés et sénateurs Républicains sont soumis à la pression du Tea Party (fraction d'extrême droite du Parti Républicain) qui n'hésite pas à défier les candidats de son propre camp qui lui paraissent trop modérés en présentant des candidats rivaux lors des primaires locales du parti. Cette tendance extrême au sein du Parti Républicain est de plus en plus influente dans un parti possédé par le ressentiment et l'esprit de revanche contre Obama, pour lequel ils éprouvent une détestation non dénuée de relents racistes. Du coup les Républicains sont tirés vers l'extrême droite et de moins en moins enclins aux compromis. Par ailleurs il n'existe pas, à l'heure actuelle, de personnage ayant une influence modératrice, comme l'avait été Bob Dole lors des précédents shutdowns,