jeudi 4 juillet 2013

De Nantes à Josselin par la rivière

J'ai navigué sur le Canal de Nantes à Brest. En deux fois, deux étés de suite, de Nantes à Josselin en Ille-et-Villaine. Une première étape Nantes - Redon (et retour) avec la péniche de mon beau-frère et l'été suivant l'étape Redon - Josselin (et retour) avec une pénichette de location. Sur la péniche de mon beauf' j'étais matelot, voire mousse, mon beau-frère était un capitaine terrible, autoritaire et stressé et le voyage fut pénible. À la fin du voyage je me suis juré que je ne remettrai jamais les pieds sur son bateau (en fait je n'y ai remis les pieds que quinze ans plus tard, cette année, pour l'anniversaire de ma sœur). L'année suivante me vint l'idée de finir le voyage, d'aller de Redon à Josselin (après Josselin on ne peut plus vraiment naviguer sur le canal). Mais cette fois j'ai loué une pénichette à Redon et j'ai embringué dans cette histoire un collègue de travail avec qui j'étais copain. Mine de rien j'avais beaucoup appris sur le maniement des bateaux de rivière pendant la première étape. Remarquez, ce n'est pas très complexe à manier une pénichette, mais pour être à l'aise ça demande un peu de pratique et j'avais acquis, à la dure, quelques "trucs" lors du premier voyage. Comment aborder une écluse, comment se tenir à l'intérieur d'une écluse, comment amarrer le bateau, comment faire des nœuds de chaise très rapidement. Mon collègue ne connaissait rien aux bateaux ni à la navigation en eau douce, je fus donc barreur et capitaine et lui matelot. Et tout se passa bien. En quelques heures je devins parfaitement maître de ma pénichette, je savais lui faire faire des demi-tours sur place et lui faire négocier le passage des écluses sans difficultés ni incidents. La pénichette que j'avais loué avait un problème de boite de vitesse : j'avais les plus grandes peines à la mettre au point mort, ce qui, on le devine, posait certains problèmes; par exemple pour attendre, sans dériver, au milieu du canal l'ouverture des écluses, ou quand l'on croisait un autre bateau dans les parties étroites, mais enfin je m'en suis sorti. Je me suis bien retenu d'engueuler mon matelot quand il faisait une ânerie ou qu'il n'était pas assez rapide, enfin j'ai bien dû le traiter une ou deux fois de "peau d'hareng" comme me traitait mon beauf' lorsque je n'étais pas assez vif à la manœuvre, mais on sait tous que les enfants maltraités par leurs parents reproduisent souvent le même comportement avec leurs propres rejetons et donc j'ai plutôt bien limité mes tendances à l'excès de ce coté là. Après ça je n'ai plus jamais navigué en eau douce. J'aurais bien remis ça à un autre endroit ou sur le même cours d'eau mais l'occasion ne s'est jamais représenté et l'envie et la volonté ont manqué aussi. Pourtant c'est très agréable la navigation sur rivière : le bateau est généralement très lent et l'on est généralement en pleine campagne isolé du monde extérieur à la rivière. On rencontre beaucoup d'animaux sauvage et on peut observer beaucoup d'oiseaux. La rivière est un milieu très paisible et vert, c'est propice au calme intérieur et à la sérénité (du moins quand on ne passe pas son temps à s'engueuler avec le reste de l'équipage).