dimanche 19 août 2012

Gaspacho

Observer le trafic aérien ne suffit pas à m'occuper, du moins pas très longtemps. Alors que la chaleur était peut-être à son zénith il a fallu sortir. Non, il n'y avait aucune véritable obligation à le faire. Juste peut-être s'imposait de descendre les poubelles. Pas tout à fait une expédition aventureuse, malgré la chaleur. Par ailleurs les courses pour l'ensemble du weekend avaient été faites et il n'y avait aucun ravitaillement à entreprendre. Il fallait sortir quand même parce que ça faisait trois jours qu'on n'avait pas mis le nez dehors, ou presque (les courses mentionnées plus haut). On se demandait si ce n'était pas mauvais pour la santé de rester assis ou couché toute la journée. Pour la santé ou pour le moral. Donc tentons une sortie. Peu de choses sur soi, une chemise, un pantalon, mais déjà mettre des chaussettes se révélait pénible. Pas de sac, tout dans les poches, un peu d'argent liquide, le téléphone. Et puis, en sortant, l'expérience de l'air brûlant. Mais courage ! Où aller ? Pourquoi pas sur les rives de la Seine, peut-être nous y trouverons-nous un peu de fraicheur?

Mais non, après un court voyage en métro — pas si étouffant que ça — les rives de la Seine, à Saint-Michel, ne se révèlerent pas plus fraîches qu'ailleurs. 37°C dit la météo. Mais c'est une température prise sous abri, c'est à dire à l'ombre. Je pense qu'on était plus proche de 40°C dans les rues. Je m'en fus donc me réfugier chez Gibert bleu. Il y a deux librairies Gibert dans le même quartier, Gibert Jeune et Joseph Gibert. Je les ai toujours distingué par la couleur de leurs auvents : Gibert jaune pour Gibert Jeune et Gibert bleu pour Joseph Gibert. En d'autres temps une visite chez Gibert (l'un ou l'autre) avec de l'argent dans les poches aurait été couteuse, c'était le temps où j'étais un peu névrosé des livres. J'ai pu constater que cette névrose était passée — une de moins — car je suis ressorti d'une bonne heure à feuilleter chez Gibert avec les mains dans les poches comme j'étais entré. Et pour tester ma résolution je suis passé à la librairie Compagnie et j'en suis ressorti dans le même état financier que j'étais entré. Je n'ai plus envie de m'acheter des livres, ou du moins si j'en éprouve brièvement le désir celui-ci me passe immédiatement sans que je fasse le moindre effort moral. Ici il faut préciser que j'achète encore quelques livres de temps en temps mais uniquement en version Kindle ou ePub (je viens de m'acheter le Rolling Stones de François Bon, par exemple chez publie.net). Cependant, et c'est satisfaisant, je n'ai pas perdu le goût de flâner dans une librairie, de feuilleter les livres, d'en lire des passages, de contempler les couvertures et les images. Simplement le désir de les posséder n'existe quasiment plus. Evidemment c'est une très mauvaise nouvelle pour les éditeurs et les libraires. Pardonnez-moi mais j'ai donné à la cause, plus que de raison même.

Il faut dire qu'il ne faisait pas beaucoup plus frais à l'intérieur de ces deux librairies que dehors dans la rue. Air conditionné? Non, rien. Je me souviens des librairies de New York lorsque j'y allais en été, au mois d'août : il y faisait si froid (et il faisait si chaud dehors par contraste) que j'avais toujours dans mon sac un petit pull pour mettre à l'intérieur.

Assez content de moi et détendu je pris le chemin du retour. Je m'arrêtai au Champion du boulevard Barbès (imaginez le boulevard Barbès le samedi du coté de Château Rouge par 40° et vous aurez une idée de l'Afrique) pour y acheter des fruits (raisin blanc, pêches de vigne), un pack de 6 litres de Perrier et un litre de gaspacho.

En rentrant, avant toute chose, douche froide, réparatrice. Puis dégustation du gaspacho, puis un melon, puis une pêche.

Saviez-vous que le gaspacho était meilleur si on y mettait quelques gouttes de Tabasco ?