mercredi 7 mars 2012

Les cendres

Je lis régulièrement le blogue d'Antonio Muñoz Molina (c'est en Espagnol bien sûr mais je sais assez de Castillan pour le lire et en plus je peux me faire aider par les traducteurs Google ou Reverso), (j'aime beaucoup les romans d'Antonio Muñoz Molina, j'aime son style, ses phrases et j'apprécie beaucoup le fait qu'il vive une grande partie de l'année à New York City et qu'il ait abondament écrit sur cette ville -- il lui a même consacré un livre Ventanas de Manhattan (traduit en Français sous le titre Fenêtres de Manhattan) qui est magnifique et que j'ai lu au moins trois fois, en fait à chaque fois que je retourne à New York). L'autre jour il racontait qu'il avait été surpris de rencontrer à Manhattan dans la rue et dans le métro des gens pourtant une croix tracée à la cendre sur le front. C'était le Mercredi des Cendres, une tradition catholique qui ne se pratique plus guère, du moins en public, en Europe et de nos jours. Dans mon enfance on le célebrait encore, quoique de façon moins ostensible qu'en Amérique. Le Mercredi des Cendres, le lendemain du Mardi Gras, marque le début du Carême (qui dure quarante jours, jusqu'à Pâques), c'est un jour de pénitence où l'on jeune et au matin duquel le prêtre, avec la cendre qui reste des rameaux d'olivier bénis de l'an passé, trace une croix sur le front que les fidèles n'effacent pas de la journée. C'est en effet étonant de voir que des traditions religieuses qui ne se pratiquent plus guère en vieille Europe sont encore bien vivaces dans ce pays jeune et moderne qu'est l'Amérique. J'ai pu souvent constater cet affichage de la religion à New York ou ailleurs aux Etats-Unis. L'adhésion à une religion n'est pas, comme elle est devenue chez nous, une affaire privée. Bien peu de gens ont de réserves à prier ostensiblement en public par exemple ou à porter de façon bien apparente les signes de leur appartenance religieuse. La première fois que j'ai vu dans un restaurant les convives d'une table se tenir les mains et réciter une prière avant d'entamer leur déjeuner, j'ai été surpris et géné, embarrassé, n'ayant  jamais été habitué, dans mon pays, à ce qu'il me semblait être des effusions religieuses en public.