jeudi 9 février 2012

Syrie

Il n’aura échappé à personne que l’Occident est impuissant à, ne serait-ce que, faire fermement condamner par l’ONU les crimes contre l’humanité commis par Bachar El-Assad et l’armée syrienne contre son propre peuple. La Russie et la Chine s’opposent à la moindre résolution de l’ONU en ce sens. Quant à envisager une intervention comme en Libye il ne faut même pas y penser.

C’est que la Russie a de gros intérêts économiques et géopolitiques à défendre en Syrie, intérêts qu’elle n’avait pas, ou moins, en Libye. Les Russes ont lourdement investi dans les infrastructures, l’énergie et le tourisme en Syrie, à hauteur de 19,4 milliards de dollars, rien que pour l’année 2009. Les compagnies russes comme Stroytransgaz et Tatneft ont dépensé des milliards de dollars pour développer le secteur du pétrole et du gaz. Les contrats de fourniture d’armement entre les deux pays s’élèvent à plus de 4 milliards de dollars, une récente livraison d’avions de chasse russes à la Syrie a donné lieu à un paiement de 550 millions de dollars. Pas étonnant que les Russes soient opposés à un embargo sur l’armement !

Par ailleurs la Russie possède depuis 1971 une base navale militaire en Syrie, dans le port de Tartous, sa seule base navale en Méditerranée, qui accueille environ 40 navires de la flotte russe dont le porte-avion Kuznetsov.

La Syrie a donc une importance stratégique pour la Russie et le gouvernement de Vladimir Poutine n’est pas prêt à lâcher Bachar El-Assad. En outre les Russes ne voient pas d’un bon oeil les mouvements du monde arabo-musulman, qui ont lieu depuis le printemps 2011. Ils craignent une contagion à leurs républiques du Caucase et en particulier au Dagestan.

Les Américains ne sont pas chauds non plus pour une intervention plus musclée en Syrie. Après l’Irak (une riche idée de G.W. Bush) et encore empêtré en Afghanistan, avec le problème de l’Iran sur les bras, l’administration Obama ne prendra pas le risque d’une aventure contre le régime de Bachar El-Assad. Tout ce que l’Ouest peut faire, et probablement fera, c’est de blâmer les Russes et faire pression sur eux pour qu’ils finissent par lâcher le régime syrien ou qu’ils tentent au moins de l’adoucir et de le forcer à négocier avec l’opposition. Il y aura encore bien des massacres comme celui de Homs avant qu’on en arrive là.

Sources : Truthdig.