samedi 16 juillet 2011

Eva et le quatorze juillet

Eva Joly, candidate des Verts à l'élection présidentielle de 2012, a déclaré qu'elle remplacerait le défilé du quatorze juillet par un  «défilé citoyen, où nous verrions les enfants des écoles, où nous verrions les étudiants, où nous verrions aussi les seniors défiler dans le bonheur d'être ensemble, de fêter les valeurs qui nous réunissent». Le terme "citoyen" me hérisse le poil, mais passons. Je trouve l'idée très sotte et j'ai une forte tendance à me méfier de ce genre de défilé qui fleure bon "travail, famille, patrie". Mais bien sûr Eva Joly ne voulait que faire parler d'elle et flatter son électorat gauche-vert. La droite est tombée dans le panneau illico : plutôt que d'ignorer les propos de la candidate des Verts, le premier ministre François Fillion s'est fendu d'une déclaration outrée :  «Je réagis avec tristesse. Je pense que cette dame n'a pas une culture très ancienne des traditions françaises, des valeurs françaises, de l'histoire française». Evidemment il n'a pas dit que ça, mais c'est ça et uniquement ça qui a été retenu de sa critique des déclarations d'Eva Joly.

Je ne suis pas particulièrement militariste et je ne regarde pas le défilé du quatorze juillet à la télévision, mais enfin je pense qu'il s'agit d'une tradition française, comme les défilés syndicaux du premier mai par exemple, ou les bals des pompiers le soir de ce même 14 juillet, ou les feux d'artifices ou même le Tour de France. Il n'est jamais bon, de mon point de vue, de tirer un trait sur une tradition qui ne fait de mal à personne sous prétexte qu'elle véhicule des idées qui nous déplaisent. Et l'idée d'Eva Joly c'est simplement de remplacer une tradition qui lui déplaît et d'en instaurer une autre à sa place qui aurait les faveurs de son électorat antimilitariste. Quant à ce que déclare Mr Fillion je crois qu'il a eu tort de s'exposer à la réaction (immédiate) de la police de la pensée de gauche (à moins qu'il l'ai fait exprès pour s'attirer les grâces de son électorat de droite) qui n'a pas manqué de fustiger sa xénophobie. Les grandes gueules de la "droite populaire" n'ont eu qu'à suivre les propos somme toute modérés du premier ministre et à surenchérir.

Eva Joly a donc parfaitement réussi : elle a donné des gages à son électorat gaucho-bobo-vert antimilitariste et a fait raidir la droite sur ses fameuses valeurs réacs. Belle opération.