mercredi 30 mars 2011

Magnolia

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Enfin ! Dernier jour de cette formation aux méthodes statistiques qui était un pensum. Niveau trop élevé pour moi. Largué rapidement il a fallut que je m'accroche le reste du temps, toujours à la traîne. En plus cette méthode de gavage me rebute, de neuf heures à dix-sept heures avec une pause d'une heure pour déjeuner (ensemble, pas moyen d'avoir une minute à soi, à peine le temps d'aller pisser), il m'arrivait d'être largué à dix heures et de ne plus pouvoir rien suivre à seize heures, saturé. Il y aurait beaucoup à dire sur la méthode pédagogique d'ailleurs. Et pour couronner le tout des crises de rhume des foins terribles.

Métro ce matin, une dame Africaine parle fort dans son téléphone portable, elle engueule quelqu'un à l'autre bout du fil (si j'ose dire), manifestement. Un couple monte à Château-Rouge, jeunes, Arabes, elle le pas mal assuré de quelqu'un qui n'a pas encore totalement dessoûlé de la fête de la veille, gênée par une casquette dont la visière est portée si bas qu'elle l'empêche de voir devant elle. Lui s'assoie sur un strapontin, elle s'assoie sur ses genoux, il se met à la peloter, elle glousse. Il s'avise de la femme qui gueule dans son téléphone dans une langue africaine, il se met à lui crier de la fermer, l'insulte. La dame range son téléphone et lui répond sur le même ton, les insultes racistes volent, lui exprime tout le mépris qu'il a pour les natifs d'Afrique noire, en particulier ceux de sexe féminin qu'il accuse de n'avoir aucune éducation et dont les notions du "vivre ensemble" laisseraient à désirer, et la dame en a autant, sinon plus, pour les Maghrébins, la fille assise sur les genoux du type glousse. Et puis la dispute, d'une grossièreté et d'une violence étonnante, s'arrête brutalement, comme si quelqu'un avait appuyé sur un interrupteur. Les autres voyageurs regardent ailleurs, l'air dégagé, et s'écartent de façon à laisser un petite zone tampon entre eux et les belligérants, comme il convient. Mais tout est calme maintenant comme s'il ne s'était rien passé, reste la fille qui glousse de plus belle sous les assauts peloteurs renouvelés de son petit ami.

En sortant de ma formation, un petit tour au Parc Montsouris, pour prendre l'air.

mardi 29 mars 2011

Allez, tiens, des photos!

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Il faut du soleil sur la brique, sinon c'est triste.

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Le RER arrive au loin à la gare de Laplace à Arcueil, bien connu pour sa "Maison des examens" où de très nombreux Français sont venus passer les concours d'entrée de l'administration (et pleins d'autres).

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Toujours exalté par cette vision si commune : les trainées de condensation des avions de ligne dans le ciel bleu.

Il y avait longtemps, faut dire qu'il a pas fait beau cet hiver!

lundi 28 mars 2011

Une de moins!

Il faut voir le bon coté des choses, je me suis certes sévèrement barbé toute cette journée de formation, mais il ne m’en reste que deux à faire sur les trois. Une de moins. Et puis nous sommes plutôt confortablement reçus, café à volonté, jus d’orange, viennoiseries etc. Le repas de midi était insipide mais on change de crèmerie demain, ça peut s’améliorer et on nous paye le repas. Reste qu’il faut aller à Montrouge et que ça ne m’enchante pas, c’est loin et pas facile d’accès. Le plus pénible c’est que je ne comprends pas grand chose à ce qui se raconte et que ça ne me passionne pas plus que ça, du coup je m’ennuie terriblement. Enfin il y a pire comme sort.
Bientôt la fin du mois, la solde et sans doute quelques vacances à la campagne (je crois bien que je vais passer deux jours à dormir pour commencer). Et puis mercredi mes nouvelles lunettes.
Se remettre à faire des photos aussi, ça serait une bonne idée.
Toujours envie d'un nouveau blog. Le fait que ça me tienne depuis dix ans ce truc c'est quand même pas banal.

samedi 26 mars 2011

Hengki Koentjoro


Pandora, originally uploaded by Hengki Koentjoro.

Une très belle collection de photos à visiter sur Flickr.

jeudi 24 mars 2011

S'accorder au cours des choses

Le printemps ne serait pas le printemps sans les allergies au pollen, sans le prurit des paupières, le nez qui coule et qui ne s'arrête pas de couler, les sinus perpétuellement bouchés, les éternuements et même les démangeaisons des conduits d'oreille, des sourcils et de la lisière des cheveux. On sait bien qu'il faudrait se faire désensibiliser mais est-on assez mal à l'aise assez longtemps pour ça? Ca ne dure que quelques semaines de la mi-mars à la mi-avril et si ça fatigue ça n'empêche pas de vivre presque normalement. Décidément mon corps ou plus exactement mes défenses immunitaires ne veulent pas s'accorder au cours des choses comme il serait souhaitable qu'elles fissent.

Shitao

Un problème qui me turlupinait au travail depuis des jours s’est résolu tout seul et de façon parfaitement satisfaisante, sans que je ne fasse rien pour le résoudre, parfaite application du non-agir taoïste. Mieux vaut parfois laisser faire, laisser mûrir, jusqu’à ce que le fruit tombe tout seul. C’est un peu comme dans un filet, en s’agitant on s’emmêle de plus en plus, mieux vaut ne plus bouger. Reste à savoir quand il est mieux de ne pas agir plutôt que d’agir.

mercredi 23 mars 2011

Lassitude

Parfois l'envie de se retirer du monde, débrancher, simplifier. Est-ce parce qu'on est tout simplement fatigué de tout ce tumulte, de tout ce tintamarre, de cette accumulation de bêtises et de frivolités, de conflits, de bruit, de bavardages? Possible qu'il nous faille un peu de calme, un peu de dépouillement surtout. On faisait dans le temps des retraites chez les moines pour yuppies stressés, est-ce que c'est démodé? Et puis se retirer dans un monastère ça ne me dit rien au fond, ou alors il faudrait un monastère non religieux - un asile, oui c'est ça.

Il y avait ce centre de formation de mon entreprise dans la forêt de Chantilly, un château et dépendances, très joli cadre près d'un petit village entouré par la forêt. J'y ai passé quatre semaines délicieuses entre mai et juin 1989, entièrement pris en charge, logé, nourri, blanchi, rien à faire qu'étudier et il n'y avait rien de bien compliqué à étudier et à apprendre. J'étais probablement le seul à être parfaitement content de la situation, tous les autres qui étaient là comme moi se sentaient exilés de leurs familles et se languissaient, certains détestant chaque minute passée dans ce lieu d'exil et d'internement. Le soir, après diner ils s'entassaient dans l'unique bistrot du village ou prenaient le train pour Chantilly ou même pour Paris, moi j'allais faire de longues promenades dans la forêt pleine de chevreuils. (Il y a longtemps que tout a été bazardé et transféré à Saint Pierre des Corps ou à Tergnier, des endroits nettement moins bucoliques).

Aujourd’hui le bus 91 a démarré au moment où j’arrivais à l’arrêt de bus, sortant du métro. Je suis sûr que le conducteur m’a vu lui faire signe et lui courir après et qu’il a fait semblant de ne pas me voir. Plus tard je me suis fait réprimander par une guichetière parce que je m’étais approché de son guichet avant qu’elle me fasse signe de venir, “faut attendre qu’on vous fasse signe et lire les panneaux ils sont fait pour ça”! Je me suis senti penaud et humilié puis en colère contre cette idiote. Distorsion entre ce qu’on imagine que devrait être le service rendu et ce qu’il est réellement. C’est la France ça, ceux qui sont sensé vous servir vous le font parfois payer en étant désagréable et s’ils ont une parcelle de pouvoir sur vous ils vous le font sentir.

mardi 22 mars 2011

Centrales

Voilà que George Monbiot, éditorialiste du Guardian qu'on ne peut pas suspecter d'être à droite et dont l'orthodoxie verte est reconnue déclare qu'on ne peut raisonnablement pas sortir du nucléaire et que les énergies renouvelables ne sont pas une alternative viable et surtout pas sans dangers. Amusant de voir que tout le monde réclame de l'énergie mais que personne ne veut en produire chez soi! Même les lignes à haute tension c'est mal, ça file le cancer aux vaches qui broutent en-dessous (ou quelque chose comme ça).

J'ai vécu vingt ans à moins de dix kilomètres d'une centrale nucléaire. Mon frère a acheté une maison à cinq kilomètres. Ma sœur a la sienne à dix kilomètres. La centrale a toujours fait partie du décor. C'était même une fierté, quand j'étais petit. On prenait la voiture pour aller voir la centrale. Les écoles la visitaient, sorties éducatives. Quand l'un des réacteurs est devenu inutilisable ou périmé il a été enveloppé dans une énorme sphère métallique. Longtemps l’étrangeté et le modernisme de cette sphère nous ont fasciné. On a construit d'autres réacteurs plus modernes, à coté des anciens, et des tours de refroidissement avec leurs cataractes bien visibles quand on passe sur la route à coté, remarquablement basses pour ne pas gâcher le paysage de la vallée de la Loire. Les agents d'EDF habitent dans la petite ville d'Avoine et dans celle de Beaumont, deux petites cités riches à cause de la centrale, avec des équipements un peu surdimensionnés. Le panache de vapeur qui s'échappe des tours de refroidissement se voit de loin, certains jours, mais c'est bien la seule chose qui pose un (léger) problème à la région.


lundi 21 mars 2011

Don't call me, I won't call you!

»» Don’t Call Me, I Won’t Call You (NY Times)

“I remember when I was growing up, the rule was, ‘Don’t call anyone after 10 p.m.,’ ” Mr. Adler said. “Now the rule is, ‘Don’t call anyone. Ever.’ ”

Phone calls are rude. Intrusive. Awkward. “Thank you for noticing something that millions of people have failed to notice since the invention of the telephone until just now,” Judith Martin, a k a Miss Manners, said by way of opening our phone conversation. “I’ve been hammering away at this for decades. The telephone has a very rude propensity to interrupt people.”

Though the beast has been somewhat tamed by voice mail and caller ID, the phone caller still insists, Ms. Martin explained, “that we should drop whatever we’re doing and listen to me.”


うつろいゆく日々に

»» Uturohi (うつろいゆく日々に), le photoblog d'un Japonais qui a un oeil remarquable pour les petites scènes du quotidien, à la John Gossage.

C'est le printemps!

Ce matin un collègue s'inquiétait du "nuage radioactif", la réaction des autres m'a laissé penser que certains étaient inquiets de possibles retombées de la centrale de Fukushima sur notre territoire. L'alarmisme des média fait donc son effet. Personne n'a parlé de l'intervention occidentale en Libye ni du résultat des cantonales, ce qui n'est pas étonnant, les cantonales la plupart ne votaient pas, et en plus à mon travail on parle peu de politique de toutes façons (quand on vit les uns à coté des autres mieux vaut éviter les sujets qui fâchent, la tranquillité de l'open space est à ce prix). L'allusion au soi-disant nuage radioactif témoigne donc d'une réelle inquiétude. Comme j'en ai marre de m'engueuler avec tout le monde je n'ai, prudemment, rien dit. Le fameux nuage arriverait en milieu de semaine me dit-on et l'autorité de sureté nucléaire estime que les doses seront tellement faibles qu'elles ne pourront pas être détectées.

L'affaire du nuage de Tchernobyl a laissé des traces. Il n'est pas une seule évocation du mensonge d'une autorité quelconque qui ne s'accompagne du "c'est comme le nuage de Tchernobyl qui s'est arrêté à la frontière". Ce fiasco retentissant dont tout le monde se rappelle et auquel tout le monde fait allusion à la moindre occasion explique pourquoi les autorités française se sont montrées si frileuses et si alarmistes. Pas deux fois la même connerie, surtout!

Entre temps la "terreur nucléaire" que nous promettaient les journaux (je ne rigole pas , c'était la une du Parisien) a mystérieusement disparu pour laisser place aux exploits de notre armée de l'air du coté de Tobrouk. Exploits célébrés avec le même sens de la mesure que l'accident nucléaire de la semaine dernière. A en croire certains journaux c'est l'aviation française qui a sauvé la rébellion libyenne. Les missiles Tomahawk américains sont considérés comme un appui un peu lourdingue à l'élégante, audacieuse et déterminante action de nos Rafales. J'exagère à peine.

Il faut bien sur s'efforcer de vendre du papier, et d'en vendre plus que le concurrent. La mesure importe peu. De toutes façons, si ça tourne vraiment aussi mal qu'ils le prédisent, on ne pourra pas les accuser de n'avoir pas prévenu de l'apocalypse et dans le cas contraire tout le monde sera tellement soulagé que les outrances seront rapidement oubliées. C'est du tout gagnant et en outre on se met bien avec les écolos, ça peut servir. Comme il est fort probable que l'apocalypse n'aura pas lieu cette fois ci, pas encore, on passe à autre chose.

Et puis c'est le printemps, les jours rallongent, les fleurs éclatent de partout, la température se radoucit, dimanche prochain on change d'heure et toute la journée a été ensoleillée. Hier, à Cachan, sieste dans une chaise longue au soleil dans le jardin des M. Bliss!

vendredi 18 mars 2011

Why Bad Journalism Has Driven Me To Desperate Ends

»» Why Bad Journalism Has Driven Me To Desperate Ends
I take everything I read with a grain of salt these days, and have for many years.  When I read an article or see a television report that makes sensational claims, I try to fact check on my own, because I no longer trust most journalists to have done it for me. There are several major areas that journalists particularly suck at:

  •  Science reporting.  I have a degree in fine arts, and I could write better science articles than most science writers could.  Any journalist who suggested that Fukushima could be “another Chernobyl” should be made to retake his 9th grade science class and then have his journalist license revoked.
  •  Oh wait… Reporting on Japan.  JAPAN IS SOOO WEIRD!  JAPANESE PEOPLE HAVE NO EMOTION!  If everything you think you know about Japan was learned from the movies Gung Ho and Mr. Baseball, then maybe you’re not qualified to write an article about Japan.  Also, spending a few days, hell, even a month in Japan (probably in a hotel or furnished apartment, or otherwise isolated location) does not make you an expert on the place.  Nor does interviewing someone who has lived here for a few months (or even year, if living in one of the many gaijin bubbles).
  •  Disaster reporting.  Two and a half words: Exaggeration and fear-mongering.

 This is not new information.  Not to me, and probably not to you.  However, in the aftermath of the quake, all three of these elements joined together to create (to use a term journalists are so fond of using themselves) the “perfect storm”.  News piece after news piece full of inaccuracies, misinterpretations, and just plain lies.  (My favourites are the photos, shown out-of-context.  For instance, showing a photo of a girl in a surgical-style mask and implying that she was wearing it due to radiation, while the reality is that we’re in allergy season here and many people wear masks to keep pollen at bay.)
via

jeudi 17 mars 2011

7 days of earthquakes

»» 7 days of earthquakes in Japan on Vimeo

7 days of earthquakes in Japan from Jona Hoier on Vimeo.

On peut dire que ça doit être usant, à la longue.

Dévastation

»» Japan: Hopes fade for finding more survivors - The Big Picture - Boston.com

Yamada

Une vision de fin du monde.

Pourquoi je n'acheterai pas les magnifiques affiches pour aider le Japon?

Parce que je n'ai pas envie d'afficher dans ma salle de séjour ou une autre pièce un poster, aussi beau soit-il, commémorant une catastrophe naturelle qui a fait des milliers de morts et un accident nucléaire dont on ignore encore les conséquences pour le Japon et le monde. Et au passage qui affiche aussi la générosité dont j'ai fait preuve en achetant ce poster.

Parce que si j'ai envie d'aider la Croix Rouge Japonaise je vais leur donner du fric directement, je pense que ça sera plus efficace que le donner à un intermédiaire qui va leur redonner après avoir pris au passage de quoi amortir ses frais de production.

Parce que ces affiches exploitent la beauté intrinsèque du drapeau Japonais. Une extraordinaire simplicité (deux couleurs, un cerle rouge sur fond blanc) qui "claque" bien et qui a un coté "zen" qui plaît énormément à toute une frange de la population occidentale. On aurait eu du mal à faire une belle affiche avec les symboles de pays moins excitants que le Japon. Et pourtant ils auraient mérité un geste similaire de notre part.

Parce que quand je vois la mention "all japanese" en bas de l'affiche, je ne peux m'empêcher de penser au "tous Américains" de Jean-Marie Colombani dans Le Monde au lendemain du 11 septembre 2001 et que les mêmes qui font la promotion de ce "all japanese" aujourd'hui s'étaient scandalisés du "tous Américains" à l'époque. De plus ce "all japanese" quand la plupart des occidentaux quittent le Japon me parait d'un goût douteux, mais bon...

Ceci dit ces affiches sont très belles.

mardi 15 mars 2011

WeatherSpark

»» WeatherSpark | Interactive Weather Charts

Une énorme quantité de données et de graphiques météorologiques, et interactifs avec ça, permettant de consulter de façon très aisée les enregistrements de toutes les stations météo du monde entier. Pour les nerds de météo ça va sans dire...

via

lundi 14 mars 2011

À visiter

À visiter, et surtout maintenant, mes deux blogs japonais préférés (mais il y en a d'autres et des très beaux et des très talentueux, laissez vous guider par la blogroll) : Nobulin et Soil Library.

Raison garder

Je ne suis pas un expert en nucléaire (bien que j’ai vécu vingt ans à proximité d’une centrale) et pas scientifique, mais j’essaie de comprendre ce qui se passe à Fukushima, en absorbant de l’information issue de nombreuses sources et pas que médiatiques, en Français et en Anglais avec l’esprit ouvert et le moins de préjugés possible. Finalement je ne suis pas plus expert qu’un journaliste lambda comme Michel Chevalet (par exemple) mais pas moins. Donc si je ne peux pas donner un avis d’expert je peux au moins commenter. Je ne représente personne de surcroît. A ce point il faut que j’avertisse que je suis plutôt pour l’industrie nucléaire, du moins que je n’ai pas de préventions majeures contre cette source d’énergie. Et il est bon aussi de dire que je n’ai pas vraiment de communauté d’esprit ou d’opinions avec les écologistes, si je ne conteste pas leur principes de base (réchauffement climatique du fait de l’activité humaine, etc.) je suis contre à peu près toutes les solutions qu’ils proposent, qui m’apparaissent comme des régressions, et je suis allergique aux leçons de morale qu’il nous adressent constamment et à leur condescendance.

Revenons à nos moutons, sur l’accident en cours d’abord : il faudrait arrêter de dire des bêtises,  la centrale ne va pas « exploser » (malgré les apparences) comme une bombe nucléaire explose. Les explosions qui ont eu lieu sont des explosions classiques qui ont fait sauter les toits des réacteurs (d’ailleurs faits pour céder en cas de besoin). Ces explosions ont probablement libéré de la radioactivité, mais apparemment (je prends des précautions, hein), pas de doses létales. Il est vraisemblable que les barres à combustible aient commencé à entrer en fusion à cause de la diminution du niveau d’eau dans le réacteur et leur exposition à l’air, mais sans plus de conséquences pour l’instant, tant que le confinement ultime, celui du cœur du réacteur, tient le choc et c’est là l’essentiel. Maintenant il est toujours possible qu’on nous mente et il faut toujours rester sceptique devant les informations officielles, certes, mais dramatiser ne sert à rien qu’à attiser les peurs.

MISE À JOUR : Tepco vient d'annoncer (1:00 am le 15 mars) que l'une des enceintes de confinement, celle du réacteur numéro 2, a pu être endommagée par une nouvelle explosion et qu'ils ont évacué une partie de leur personnel de la centrale et que les radiations ont brusquement augmenté de manière importante. Comme je l'ai écrit plus haut s'il y avait une brèche dans le coeur les choses deviendrait beaucoup plus sérieuses, avec diffusion de grosses quantités de radioactivité dans l'air.

Maintenant sur la catastrophe elle-même : on a un peu tendance à l’oublier, mais les villes japonaises ont plutôt bien résisté au tremblement de terre de 9.0, un des plus forts jamais enregistré, c’est le raz-de-marée qui a suivi qui a tout détruit - jusqu’aux pompes de refroidissement de la centrale de Fukushima - et causé des milliers de morts. Il ne faudrait tout de même pas oublier que le désastre majeur est là : des milliers de morts, des centaines de milliers de réfugiés, des villes et des villages rayés de la carte à cause d’un raz-de-marée bien naturel.

Ensuite sur le nucléaire : toute activité humaine comporte des risques. Les avions se crashent, les automobiles sont accidentées, les trains se percutent ou déraillent, les usines d’engrais explosent (AZF), les raffineries et les dépôts de carburants prennent feu (Feyzin), les puits de pétrole explosent et fuient (Deepwater Horizon, Koweit) on s’ébouillante avec sa bouilloire domestique, on peut se noyer dans sa piscine, les centrales nucléaires chauffent et font fuiter de la radioactivité. Le risque est le même, la perception de ce risque est différente. On accepte le risque quotidien, domestique, mais pas le risque industriel ou technologique. Et comme la radioactivité fait peur parce qu’elle ne se voit pas et rend le milieu contaminé invivable pour longtemps, parce que jouer avec les atomes et ce qui constitue l’essence même de la matière c’est jouer avec des forces qui nous dépassent, l’industrie nucléaire est rejetée par une bonne part du public, comme, en quelque sorte, le risque industriel ultime. C’est oublier que notre gestion des risques avance de pair avec les avancées de la technologie. Un expert en gestions des risques, Philippe Nemo, faisant un parallèle entre le refus du risque technologique et notre attitude actuelle de peur face à la maladie incurable, dit « plus la maîtrise rationnelle des risques s’accroit et s’affine, plus le danger résiduel révèle son caractère d’inéluctabilité, sans solution clairement visible ni de la part du ciel ni de la part des hommes, ce qui revient à dire qu’il s’aggrave objectivement ». Ainsi l’accident de Seveso (fuite de dioxine), en juillet 1976, qui ne fit aucun mort mais 200 blessés et provoqua l’évacuation de 700 personnes hante encore les mémoires alors que personne ne se souvient de celui de Los Alfaques en 1978 (incendie de propylène) qui fit 216 morts et 200 blessés (*). Quand un avion se crashe on en tire des leçons qu’on applique au transport aérien en général et même au-delà, mais on n’arrête pas de transporter des gens en avion. Pourtant quand un accident nucléaire arrive, et dans des circonstances extrêmes qui plus est, les écolos réclament l’arrêt de toute l’industrie nucléaire. Je ne vois pas la logique de ce raisonnement et je le rejette, comme je rejette les délires anti-technologiques d’une partie des écologistes. De plus le fait de dramatiser une situation ne me semble pas intelligent.

(*) Source : « L’Archipel du danger », Georges-Yves Kervern et Patrick Rubise, Ed. Economica, 1991.

dimanche 13 mars 2011

Accident nucléaire

»» Why I am not worried about Japan’s nuclear reactors.

Un article long et bien écrit (en Anglais), à propos du ou des réacteurs japonais endommagés par le tremblement de terre de vendredi et (surtout, semble-t-il) par le tsunami (raz-de-marée) qui a suivi. L'article a été écrit par Josef Oehmen un chercheur du MIT. Il vaut ce qu'il vaut, et l'auteur n'est pas particulièrement connu, mais il me semble bien informé et surtout le raisonnement me semble logique au regard des indices et des informations obtenus.

Ici en France les écologistes et les autres anti-nucléaires dramatisent les choses à leur profit ou plutôt au profit de leurs opinions et il semble que les média les suivent un peu trop fidèlement. Les anti-nucléaires surfent sur cette tragédie et se servent de la peur pour avancer leurs pions. Ce n'est pas très brillant, mieux vaudrait aider à comprendre.

On ne sait que peu de choses sur la situation au Japon et on ne peut exclure que les Japonais minimisent afin de ne pas créer de panique, mais pour l'instant en tout cas il n'y a pas de catastrophe. La catastrophe, le désastre c'est les conséquences du tsunami engendré par le séisme.

Citation hors contexte

Internet, qui permet à tant de gens de se pousser du col, est en fait une formidable école d'humilité : quel que soit le domaine que vous croyiez connaître, quel que soit le sujet que vous pensiez dominer, quelle que soit l'activité en laquelle vous vous saviez habile, en deux clics vous pouvez voir qu'il y a par le vaste monde une palanquée de gens qui savent ou font ça bien mieux que vous. Et si jamais la tentation me venait d’attraper la grosse tête, la parfaite et saine indifférence avec laquelle on considère ici, dans mon environnement proche, tout ce que je gribouille fournirait un splendide antidote.

Philippe Didion - Les Notules Dominicales de Culture Domestique - courriel du 13 mars 2011.

samedi 12 mars 2011

Graisse de cochon

Hier, devant l'excellente crêperie où nous venions de déjeuner, des gens attendaient leur tour sur le trottoir. Je montre à un collègue les cuisiniers, qu'on pouvait observer derrière la vitre, et j'explique qu'ils utilisent pour faire les galettes de blé noir ce qui s'appelle en Breton un bilig, un grand réchaud électrique en fonte. Je précise qu'ils utilisent de la graisse de porc pour lubrifier le bilig.

Une dame qui attendait son tour m'entend et m'interpelle :

- De la graisse de porc, vous êtes sûr?

- Oui, bien sûr.

- Ah mais c'est dégueulasse!

Elle se rue à l'intérieur du restaurant et demande au patron si c'est de la graisse de cochon qu'il utilise pour faire les galettes. Le patron lui répond que oui, c'est bien de la graisse de porc mais on en utilise très peu. La dame lui fait alors promettre qu'il n'en utilisera pas pour les galettes qu'il lui servira! Elle ressort et me dis :

- C'est dégoutant, pourquoi ne mettent-ils pas d'huile?

- Parce qu'avec ça les galettes ont un meilleur goût et c'est ainsi qu'on les fait en Bretagne.

- Oh? Mais pourquoi n'utilisent-ils pas de la graisse d'oie.

- Parce que la Bretagne c'est pas le Sud-Ouest et qu'il y a des centaines de milliers de cochons élevés en Bretagne, c'est quasiment la première production locale!

J'y ai repensé ce soir en mangeant du saucisson.

Fukushima

En effet la centrale nucléaire de Fukushima est vraiment au bord de la mer, sur la plage carrément, et même un peu plus! Il ne faut pas s'étonner que le tsunami ait noyé les générateurs électriques de secours.

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Image Google Maps.

Ils ont été un peu imprudents les Japonais, là, non? Considérant que le risque de tsunami est important dans cette partie du monde.

Le point sur le séisme

»» Japon : plus de 1 800 morts et un accident nucléaire majeur (Le Monde)

Un bon résumé en Français de ce qu'on sait ce soir sur le séisme qui a frappé le Japon, hier, et sur l'accident nucléaire à la centrale de Fukushima qui a suivi le raz-de-marée. À lire avec cet article, du Monde aussi :

»» Menace nucléaire au Japon (Le Monde)

Sur l'accident nucléaire lui-même l'avis de ces experts recueilli par Reuters est très intéressant à lire (en Anglais) :

»» Experts on explosion at Japan nuclear plant | Reuters

Découpage

Japon : la route coupée en deux par le tremblement de terre, exactement selon les pointillés (la ligne au centre). Je serai curieux de savoir comment une telle précision peut arriver. C'est stupéfiant.

Champignon d'oiseaux

Une image étonnante piquée chez Nina, et parue dans le Guardian Eyewitness (encore un magnifique site du Guardian).
Le photographe est Tim Graham, l'image montre un vol d'étourneaux dans la campagne anglaise en vol en formation.

mercredi 9 mars 2011

Étrange et beau

»» You are listening to Los Angeles

Playing LAPD police radio over random ambient music from SoundCloud. A weird experience.

lundi 7 mars 2011

Lavilliers, souvenirs

J'écoute un vieux disque de Bernard Lavilliers et plein de souvenirs remontent. "Pouvoirs" et "O Gringo" sont les albums de Lavilliers que je préfère. Il sont sortis les années où il était notre idole, en 1979 et en 1980. Après ça il a baissé, Lavilliers, à partir de "Voleur de feu" il s'est mis à faire des chansons gentilles et ensoleillées qu'adoraient les jeunes gens bien comme il faut, lui, le barbare de la vallée de la Fensch. Il a vieilli et nous aussi. Fini l'anarchie, la route, bonjour le Club Med'."Pouvoirs" et "O Gringo", je n'ai pas dû les écouter plus de deux fois les vingt dernières années et pourtant j'en connais encore toutes les paroles de toutes les chansons. On jouait tous de la guitare à cette époque là, plus ou moins bien, on chantait en s'accompagnant à la guitare, on apprenait des chansons, on les recopiait dans un cahier et on les répétait des journées entières, jusqu'à ce qu'on les sache par coeur. Jean M. lui jouait très bien de la guitare, mieux que n'importe lequel d'entre nous. Il nous épatait en jouant note pour note les partitions de guitare de Fortaleza ou bien de Sertao.

À écouter sur Spotify : Pouvoirs, O Gringo et le Live Tour 80 (avec Eric Le Lann à la trompette).

samedi 5 mars 2011

Tout pareil

»» Justice au singulier: Bacri, on t'aime ! Philippe Bilger :

Jean-Pierre Bacri affirme s'être "créé un univers dans lequel le plaisir est prioritaire", contre les contraintes inutiles de la vie en société, contre la fréquentation des ennuyeux et les mille servitudes acceptées par faiblesse, qui font du quotidien un enfer parce qu'on a honte de soutenir qu'on se préfère, et quelques rares êtres avec soi. Il fait l'éloge de "la gueule" qui est en effet la manière la plus efficace de démontrer au monde vain et ridicule qui vous entoure qu'on ne l'aime pas et qu'on désirerait être ailleurs. Il y a une authenticité qui n'est pas contradictoire avec une politesse des profondeurs mais incompatible avec la bienséance formelle. Pour Bacri, on a beau tourner l'idée dans tous les sens, le nul est nul, les promotions télévisuelles indécentes et indignes, la jeunesse n'est pas le plus bel âge de la vie, l'univers ne devient supportable que si on l'invente, l'existence est belle mais pas avec beaucoup, certaines femmes sont capitales et la bêtise fait des ravages.

Je souscris à tout. C'est comme un intense, immense bol d'air qui devrait rendre choquantes les complaisances et grotesques les hyperboles qu'une modernité sotte s'adresse à elle-même par l'entremise de médias enivrés par le Rien.

vendredi 4 mars 2011

Discovery

»» Space Shuttle Discovery's Final Launch - Alan Taylor - In Focus - The Atlantic

Superbes photos de la préparation et du lancement de la navette Discovery pour sa dernière mission dans l'espace.

mardi 1 mars 2011

Colin Firth aux Oscars

Regarder la cérémonie des Césars est pour moi un supplice que je m'inflige pourtant chaque année avec un masochisme qui frise le dérangement moral et mental. Cette année j'ai regardé en pointillé pour ainsi dire, zappant d'une chaîne à l'autre et revenant sur Canal de temps en temps pour savoir ce qui se passait aux Césars. Cette cérémonie m'agace et m'afflige. Elle m'agace par ses mondanités hypocrites, cette compétition ridicule et elle m'afflige par la médiocrité des discours des présentateurs et de la plupart des gens récompensés. C'est bien simple: j'ai honte pour eux les trois-quarts du temps. Nous avons été servi en médiocrité cette année par Sara Forestier, sacrée meilleure actrice de l'année, pitoyable et vulgaire au pupitre et par le lauréat du plus prestigieux prix, Xavier Beauvois, qui se permit, statuette en main, au pupitre du gagnant, d'insulter Eric Zemmour et le Ministre de l'Intérieur (il y a sans doute des raisons de les critiquer, mais l'insulte, prononcé d'un point inattaquable et prestigieux est d'une vulgarité incroyable même si les intentions sont, à priori, bonnes). Aux Oscars, cependant, Colin Firth le lauréat de l'Oscar du meilleur acteur de 2010 pour son rôle dans le magnifique "Le Discours du Roi" déclara sans esbrouffe au public qui venait de le récompenser : "I have a feeling my career’s peaked" [j'ai l'impression que ma carrière vient d'atteindre son sommet]  et "I'm experiencing stirrings somewhere in the upper abdominals which are threatening to form themselves into dance moves" [Je ressens des frémissements quelque part en haut de l'abdomen qui menacent de se transformer en pas de danse]. On appréciera la litote, l'euphémisme et l'autodénigrement typiquement britannique ainsi que l'humour et la retenue de cette déclaration (qui, d'ailleurs, n'a peut-être pas été totalement appréciée par le public américain, plutôt porté à dancer et hurler de joie là où Colin Firth parlait modestement d'une sensation de joie menaçant de se transformer en pas de danse!). Nos lauréats des Césars pourraient en prendre de la graine.