samedi 12 février 2011

Répression et non prévention

Monsieur Sarkozy a pris prétexte d'une épouvantable affaire criminelle pour avancer une politique de plus en plus axée sur la répression et non sur la prévention. Il s'est servi de cette affaire qui l'a apparemment beaucoup ému pour tenter de redorer son blason dans l'opinion et surtout dans son électorat traditionnel effrayé et scandalisé à chaque fois qu'une telle affaire fait la une des journaux. Comme trop souvent il a réagi à l'émotion et a été tenté de montrer sa poigne et son autorité comme unique façon d'agir. Tout cela est, pour moi, indigne d'un président. En désignant les magistrats nantais comme responsables de l'affaire de Pornic il a dénigré l'ordre judiciaire tout entier (et se l'est mis à dos), et ce n'est, à mon avis, pas une saine façon de gouverner la république.

Tout ce que propose Monsieur Sarkozy pour lutter contre la délinquance c'est de la répression, encore plus de répression. Multiplier les caméras de vidéosurveillance, construire des prisons, durcir les peines et, comme les magistrats sont des mollassons "droitdelhommistes", instaurer des jurys populaires en correctionnelle, juger des adolescents comme des adultes et ainsi de suite. S'il pouvait rétablir la peine de mort il le ferait. Tout ça au nom d'un principe simple : la meilleure prévention est la certitude pour le délinquant qu'il sera pris et puni. Au nom de ce principe simple il faut donc augmenter la répression et durcir les punitions. Le principe est exact mais les choses sont un peu plus compliquées que ça et ce n'est qu'un type de prévention parmi d'autres. En tout cas en ce qui concerne les récidivistes, que vise particulièrement Monsieur Sarkozy, c'est bien évidement faux par définition.

La vidéosurveillance n'est efficace pour prévenir les crimes et délits que dans certains cas bien précis, et complètement inefficace dans tous les autres. Dans un parking fermé ou pour les délinquances contre les biens qui demandent du temps à être réalisées, la vidéo, quand il y a quelqu'un derrière les écrans qui surveille et dont les délinquants savent ou soupçonnent fortement la présence, est efficace à dissuader la commission des crimes. Dans tous les autres cas au mieux elle déplace le lieux de commission du crime au pire elle n'a strictement aucun effet, ou alors un effet dissuasif immédiat qui disparait avec le temps (de une semaine à trois mois). Elle ne dissuade en rien les crimes pulsionnels, ceux commis par les détraqués ou les drogués, elle n'a aucun effet sur le gangstérisme lourd, les braquages par exemple. Par contre elle permet dans certain cas de résoudre des affaires plus rapidement.

Durcir la punition, allonger les peines de prison voire condamner plus à la prison a pour effet d'éloigner les criminels pendant quelques temps. Mais en l'absence de prévention ils seront vite remplacés. Quant à la récidive elle serait prévenue peut-être si d'une part, la prison était un lieu éducatif et non un enfer de violence comme elle est actuellement et si, d'autre part, la justice avait les moyens de suivre et surveiller les gens dont on sait d'expérience qu'ils risquent de récidiver, ce qui n'est pas le cas actuellement en France. Envoyer des adolescents en prison avec des adultes est très dangereux pour les adolescents et pour la société en général.

Ce qui fait un grand homme politique et un grand président ce sont des vertus comme le courage, la sérénité, la hauteur de vue, la résistance, l'intelligence ou la capacité à concilier l'inconciliable. Ces vertus sont celles d'un homme comme le président Obama mais ces vertus manquent à Monsieur Sarkozy qui a surtout des défauts comme l'impulsivité, la vulgarité, le manque de scrupules et l'absence de raffinement dans les idées et les goûts. Vivement 2012!