dimanche 19 septembre 2010

Adieu iPhone

Ça c'est passé très vite. Je sortais de chez moi, on était vers huit heures et la nuit venait de tomber. J'ai pris mon iPhone pour sortir et je me suis rendu compte que ma nièce venait d'appeler et que je n'avais pas entendu son appel. Arrivé dehors j'ai rappelé ma nièce, suis tombé sur son mari et j'ai continué la conversation en marchant. Dans le jardin, censé être privé, entouré de grilles et avec des codes aux portails, mais mal éclairé la nuit, j'ai doublé, tout en bavardant avec le mari de ma nièce, une dizaine de jeunes qui traînaient. Je me suis dit que ces types n'étaient probablement pas de la résidence et que j'étais peut-être un peu imprudent de les dépasser comme ça en exposant mon téléphone à leur convoitise, que j'aurais peut-être mieux fait de me tenir à distance. Mais j'ai continué. La pensée que ces gars étaient probablement des voyous n'a duré qu'une seconde. Ils étaient six ou sept, des jeunes noirs, habillés en tenue de loubards, blousons sur des hoodies. Bien entendu on se dit aussi dans ces cas là que c'est raciste de penser que des jeunes noirs sont automatiquement des voyous, on n'y pense pas vraiment clairement mais c'est quelque chose qu'on a quand-même à l'esprit, on ne va quand même pas se méfier de tous les jeunes noirs qu'on croise, non? Bon, mais là j'aurais dû me méfier parce que à peine j'avais dépassé la bande de jeunes qu'un jeune noir en hoodie blanc m'a arraché le téléphone de l'oreille. Au passage il a aussi arraché mes lunettes qui sont tombées par terre (sans dommage). Ce qui s'est passé après est assez amusant : deux types que j'avais dépassé ont poursuivi le voleur qui fuyait à toutes jambes, dans le but de me faire croire qu'ils essayaient de le rattraper. Et la supercherie à fonctionné, j'ai vraiment cru quelques instants que le voleur n'étaient pas leur copain et qu'ils allaient le rattraper, et pourquoi pas me rendre mon téléphone," tenez Monsieur on l'a ratrappé ce voyou, voici votre téléphone, c'est une honte ces jeunes qui agressent les passants", je suis naïf, n'est-ce pas? Les autres, ceux de la bande qui n'avaient pas réagi au vol, ont continué nonchalament leur chemin. Et même maintenant je n'ai aucune certitude, peut-être était-ce un tiers, toutefois ça serait bien extraordinaire qu'un type m'attaque au milieu, quasiment, d'un groupe de personnes, eux-mêmes plutôt louches. J'ai ramassé mes lunettes et me suis mis à la poursuite de mon voleur mais évidemment il avait disparu dans la rue. Et devant le bar l'Adriatique j'ai cru reconnaître deux des types que j'avais doublé dans le jardin, ils bavardaient avec un troisième monté sur une mobylette, mais aucun ne répondait au signalement de mon voleur.

C'est une ironie de m'être fait voler mon iPhone en téléphonant, alors que je téléphone rarement, l'iPhone me sert — me servait — d'iPod. C'est la deuxième fois qu'on tente de me le voler dans le quartier. Je pensais que je ne craignais rien dans le jardin de la résidence. J'avais entendu dire qu'il y avait la nuit toutes sortes de trafics dans ce jardin mais je n'y croyais pas vraiment, là aussi je pensais que les gens étaient un peu paranos et avaient la trouille à chaque fois qu'ils voyaient une bande de jeunes du quartier.