vendredi 23 juillet 2010

À L'Essart

Je vis depuis deux jours un peu la vie de Thoreau à Walden — avec tout le confort moderne et en particulier Internet Wifi haut débit! À Walden Pond Thoreau ne vivait pas une vie d'ermite comme on pourrait le penser, il vivait seul certes mais Concord, son village d'origine, n'était pas bien loin et il y allait souvent à pied (1) pour visiter ses parents et ses amis, dont Emerson, et pour faire des vivres. De même il recevait assez souvent de la visite dans sa cabane au bord de l'étang. Ici je suis seul avec les animaux, mais il y a des voisins assez proches, mon frère habite à 11 km, une distance très faisable en vélo (et particulièrement avec le vélo électrique dont je dispose), je vais déjeuner chez lui à peu près tous les deux jours et le village où il y a une épicerie, une charcuterie et une boulangerie (et un bistrot) est à 6 km. J'apprécie cette solitude relative et surtout le grand calme des lieux, le silence épais de la campagne, je me régénère, je recharge mes batteries, je me considère même comme un privilégié de pouvoir prendre des vacances dans un tel lieu proche de la nature, à quelques mètres des bois et recevant à la fois Internet et bénéficiant des outils du confort moderne sans excès. Bien plus heureux que de passer mes vacances au Grau du Roi, à la Grande Motte ou autre lieu de villégiature qui me seraient absolument insupportables.

Je garde (si j'ose dire) la maison de ma soeur en son absence et surtout je m'occupe un peu de ses animaux: deux poules qui pondent, un petit coq nain, une canne récemment veuve, une oie bavarde et un chat très affectueux. Le chat a un comportement curieux. C'est un chat trouvé, probablement abandonné par ses maîtres d'origine. Il a très peur de l'abandon. Depuis que je suis seul ici et que ses maîtres sont partis il ne me quitte pas d'une semelle lorsqu'il ne dort pas. Pour dormir il s'est installé dans ma chambre, sur mon tas de vêtements comme s'il avait compris que si je m'en allais pour de bon j'aurais à prendre ces vêtements. Au moment ou j'écris il dort à coté de moi, sur une chaise. Il réclame souvent à manger alors que sa gamelle est pleine de croquettes. J'ai remarqué qu'il suffisait que je fasse semblant de lui donner des croquettes pour qu'il soit satisfait, qu'il mange sereinement. C'est le geste qui compte, il faut que je lui montre que je suis disposé à lui donner à manger quand il réclame et qu'ainsi il ne manquera pas, ça doit le rassurer. Il réclame des câlins et des caresses et se met alors à ronronner avec vigueur.

J'aime cette verdure, cette beauté naturelle à portée de main, le chant des oiseaux, le roucoulement des tourterelles, le criaillement des geais, les cris de l'oie, le ronronnement des insectes butineurs, l'appel du coq de temps à autre, et le bruit du vent dans les pins.

Tiens, le cri d'un faisan! Je vais aller chercher les oeufs du jour dans le poulailler.

(1) J'ai fait moi-même Concord - Walden à pieds il y a une dizaine d'années de ça, en pèlerinage sur les terres des transcendentalistes et de Thoreau en particulier, et je peux dire que c'est rien du tout à faire et une belle ballade en plus.