lundi 23 février 2009

célébrités

Il y avait ce matin dans le métro un vieux Noir (j'écris Noir avec une majuscule en me demandant si je ne fais pas preuve de racisme inconscient, en effet est-ce que j'aurais écrit "j'ai vu un vieux Blanc"? Non j'aurais écrit "j'ai vu un vieux type", pourquoi cette différence? Je ferais mieux d'écrire "j'ai vu un vieux type, un Noir") dont le visage et la silhouette me disaient quelque chose sans que je puisse mettre un nom dessus, sans doute était-ce un anonyme qui ressemblait à une célébrité quelconque. Ce qui est amusant à Paris c'est qu'il fréquent d'y croiser des célébrités ou des demies célébrités (des "B-list" comme on dit outre Atlantique), ou au moins des célébrités éphémères et au bout d'un moment on n'y fait même plus vraiment attention, on y pense un instant, "oh tiens c'est Machin, là" et puis on oublie, enfin moi j'oublie très vite ces choses là si je ne les note pas. Tiens, par exemple, j'ai croisé Michel Picouly l'autre jour rue de Rennes et je ne m'en suis souvenu que maintenant. Il arrive aussi que je rencontre des personnalités, disons, et que je me creuse vainement la cervelle à retrouver leur nom (le nom des gens mais surtout leur prénom m'échappe souvent, j'ai une mauvaise mémoire pour ça, l'une de mes collègues s'appelle Pascale et je m'obstine à l'appeler Carole, allez savoir pourquoi); l'autre jour j'ai croisé un présentateur télé à la FNAC Montparnasse et je n'arrive pas à retrouver son nom. Donc il y avait ce type dans le métro ce matin et je me suis dit, sans doute à tort, que c'était une personnalité plus ou moins célèbre, peut-être un musicien de jazz -- il avait une tête de musicien de jazz, et oui je sais que c'est un préjugé douteux de considérer que les jazzmen sont le plus souvent noirs mais mon type ce matin avait la tête d'un vieux trompettiste (avec les joues un peu gonflées comme par la pratique de la trompette) par exemple, et les paupières lourdes avec des valises sous les yeux et la moustache blanche. Tiens, ça me rappelle qu'une fois à Manhattan, sur un trottoir de la 52ème rue proche de la 5ème avenue, j'ai rencontré Johnnie Cochran Jr {en}, l'avocat principal de O.J. Simpson, qui descendait d'une limousine pour rentrer dans un hôtel. Pour la plupart des gens qui me lisent, comme pour la plupart de mes proches, Johnnie Cochran n'évoque rien du tout alors qu'il évoque beaucoup pour moi qui ait suivi le procès Simpson pas à pas. Nous avons chacun nos célébrités qui ne le sont pas pour les autres, mais je trouve que j'ai cette particularité de rencontrer des personnalités à la célébrité soit confidentielle soit étrangère, que personne ne connaît et qui n'évoquent rien du tout, même pas le plus petit souvenir, dans mon entourage.