mardi 30 septembre 2008

bailout or not bailout?

Un grand nombre de députés à la Chambre des Représentants américaine sont en campagne électorale, pour leur propre réélection. Rappelons que la Chambre est renouvelée entièrement tous les deux ans les années paires. Les élections sont dans cinq semaines. L'opinion publique est plutôt contre le plan de sauvetage du président Bush, il est considéré comme un don sans contrepartie (de 700 milliards de dollars) avec l'argent du contribuable aux richards de Wall Street qui ont pris des risques inconsidérés. C'est donc en partie par crainte de la colère de leurs électeurs qu'une majorité des députés du parti Républicain ont voté contre le plan de sauvetage en l'état. Mais en faisant ça ils ont joués perso, comme on dit chez nous. D'abord ils ont joué leur intérêt à court terme contre celui de la nation à long terme. Ils ont mis en danger la candidature de McCain en ne suivant pas les conseils de celui-ci qui s'était, bien imprudemment, beaucoup investi dans l'affaire, en le mettant en porte à faux et en le faisant passer pour quelqu'un qui ne contrôle rien et surtout pas ses troupes. Les députés républicains n'en ont plus rien à faire de Bush, celui-ci les a mis dans la panade, il est en fin de mandat, son impopularité record risque d'influencer leur élection et de toutes façons l'opinion ne lui fait plus confiance sur rien. Autant laisser les Démocrates se salir les mains avec le plan Paulson, puisqu'ils ont la majorité à la Chambre et au Sénat. Bon, c'est irresponsable et à courte vue, certes, c'est une sorte de sauve-qui-peut et après-moi-le-déluge pour les Républicains.

Sur le plan de la politique politicienne les députés "félons" accusent Nancy Pelosi, la présidente Démocrate de la Chambre des Représentants d'avoir fait un discours partisan et insultant pour la politique de Bush juste avant le vote fatal, heurtant la sensibilité des députés et les incitant à voter non! Cette accusation, largement reprise par la presse est d'un ridicule achevé parfaitement bien relevé par le député Barney Frank, l'un des négociateurs :
"Here's the story. There's a terrible crisis affecting the American economy. We have come together on a bill to alleviate the crisis. And because somebody hurt their feelings, they decide to punish the country. I mean, I would not have imputed that degree of pettiness and hypersensitivity"

La conséquence de l'échec du "bailout" (c'est ainsi qu'on appelle le plan de sauvetage de M$700) peut-être le gel du crédit. Ce qui aurait bien sûr d'énormes conséquences en terme de vie individuelle pour les américains mais bien plus encore pour les entreprises américaines. C'est pour ça que je pense que malgré l'hostilité des électeurs une solution sera sans doute trouvée à la Chambre et au Sénat, ne serait-ce que parce que la première loi n'a été rejetée que de peu et qu'il est toujours possible de rameuter quelques voix par la négociation et le compromis ou par un effort de persuasion.

Si un accord pour le "bailout" est trouvé la correction boursière d'hier ne sera plus qu'un mauvais souvenir et peut-être même un assainissement.

En attendant ne perdons pas de vue les élections présidentielles : McCain s'est mis dans de beaux draps et il va falloir qu'il rame contre vents et marées pour refaire son retard dans les cinq semaines qui restent avant les élections. Et il est peu probable que sa colistière l'aide à refaire le chemin perdu dans l'opinion, étant considéré en off par les conseillers de McCain eux-même comme inepte et ayant à faire bonne figure face à Joe Biden jeudi. À ce sujet les conseils donnés à Biden pour le débat et de laisser Palin parler et se crasher toute seule afin de ne pas avoir à subir les accusations de machisme et de condescendance. Obama est maintenant devant dans tous les sondages.