samedi 19 janvier 2008

dans le métro (texte avec incises)

Rue du Bac, départ.

Le couple en face, cuisse contre cuisse, ils ont fait des courses, alimentaires, les provisions gisent à leurs pieds dans les sacs plastique blancs,
(en France on s’obstine à donner des sacs en plastique dans les supermarchés ou à n’en plus donner du tout ou à vous les faire payer, une fois de plus j’envie les Américains qui non seulement vous emballent vos provisions à la caisse mais en plus le font dans des sacs en papier recyclable)
(il est vrai que les supermarchés là-bas, l’été, ont la climatisation à fond ce qui n’est guère mieux pour la planète)
elle pose sa tête sur son épaule en souriant et fait mine de s’endormir.

A gauche dame d’un certain âge habillé avec gout quoiqu’en vert, gabardine, écharpe, pantalon chacun d’un ton différent de vert et chemisier de couleur violette, permanente grise, raisonnable, lunettes dorées, sac à main de cuir marron avec boucles dorées, sac en plastique de la FNAC.

Jeune femme à coté bien mise, teint mat, beaucoup de maquillage sur les paupières et sur les cils (trop), manteau cuir fatigué, col de fourrure (fausse ?), jupe, collants noirs, bottes marrons, grosse boucles d’oreilles argentées et perle dans le lobe de l’oreille.

Plein de monde qui monte à la Madeleine. Quatre jeunes gens, 17/18 ans, avec des instruments de musique dans leurs étuis (guitares ou guitare-basses) qu’ils posent par terre et se serrent autour du tube central comme les cowboys autour du feu de camp et parlent fort, font un peu de leur poire,
(assez archétypes du non-dupe (le non-dupe ère), des petits-malins qui se prennent pour des artistes avec des looks d’artistes bohèmes et qui veulent qu’on les remarque)
(pas méchants mais un peu rasoirs)
parlent du film Into The Wild, admirent le héros du film ce pauvre clodo de McCandless,
(oui, mais à leur âge j’aurais aussi admiré McCandless, maintenant je le trouve juste pathétique, encore un effet de l’âge)
(d’ailleurs j’ai eu un copain comme McCandless et il s’est suicidé, le pauvre)
parlent aussi de leurs profs, apparemment ils sont en terminale, et descendent à Pigale, bon ça y est, c’est calme maintenant.

Abbesses, grosse descente de passagers, d’habitude c’est à Lamarck que ça se disperse, mais aujourd’hui non.

Trois filles sont montées et s’assoient sur les strapontins, toutes trois habillées plus ou moins pareil (standard) : jupes, collants, bottes, manteaux cuir, cheveux teints, beaucoup de maquillage.

Lamarck, une des filles attrape son téléphone mobile : « je suis dans le métro… putain, j’ai viré son texto… c’est à quelle heure ce soir ?... »

Jules Joffrin, fin du voyage.